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(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
Cet album historique a l'originalité de s'intéresser à ce qu'il advient d'un grand personnage après son heure de gloire : en épluchant ses échanges épistolaires avec Marguerite Baldensperger, Benoit Mély reonstitue les derniers jours de Clemenceau, et dévoile des facettes méconnues du "Tigre". J'ai beaucoup appris sur l'homme, et le travail de recherche de l'auteur est assez impressionnant… en revanche, l'album manque un peu de rythme : c'est sans doute le revers de la médaille quand on s'intéresse à la partie moins "spectaculaire" de la vie d'un personnage. J'ai également été un peu dérouté par la patte graphique, pas désagréable, mais qui m'a semblé un peu en décalage avec le propos. Un album instructif, mais que je conseillerais plutôt aux passionnés.
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Tout est dit dans les chroniques des uns et des autres sur cette BD du rapport (épistolaire, mais pas que) entre un Clemenceau vieillissant, mais encore un peu rugissant, et sa Marguerite (Baldensperger). Amour, amitié, … finalement c’est plutôt la proximité de ces deux êtres qui compte avec le pacte proposé par le vieil homme : « je vous aiderai à vivre, vous m’aiderez à mourir » pp 36-37 .
Et c’est aussi une bonne façon d’aborder la fin de vie d’une figure de l’histoire de France et de son époque.
Titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024. Remerciements aux éditions Des Ronds dans l’O et à Lecteurs.com pour la communication de cet ouvrage.
"Je vous aiderai à vivre ... et vous m'aiderez à mourir". Si je ne devais retenir qu'une citation de cette bande dessinée, ce serait incontestablement celle-ci.
L'Histoire est une succession d'histoires, à l'image de Georges Clémenceau. Sans se départir de son aura historique, ce récit nous plonge dans une relation épistolaire entretenue entre lui et Marguerite Baldensperger, éditrice de 40ans sa cadette. Certains parleront d'amour platonique quand d'autres évoqueraient une amitié profonde entre deux personnes à priori opposées. C'est toute l’ambiguïté de ce lien indéfectibe qui va naître.
Le travail réalisé à partir de la (re)découverte de cette correspondance forte de 668 lettres est impressionnant. Benoit Mely ne se contente pas de relater des faits historiques. Il donne une dimension très personnelle aux personnages, et à la relation qui se tisse entre un homme qui a tout vécu sauf peut-être le véritable amour et une femme qui vit le deuil de sa fille, ayant mis fin à ses jours. Cette introspection dans l'esprit de Clémenceau est jalonnée de réflexions plus politiques. Une forme d'inventaire sur sa vie, ses choix, ses combats mais aussi ses réflexions sur le fragile équilibre imposé par le traité de paix. Marguerite affronte elle aussi ses doutes et regrets. Cette confrontation de ces deux esprits se voit dans la mise en page.
J'apprécie le dessin et "ces coups de griffe" qui rendent très expressif "le tigre". Dans une certain mesure, ce style graphique me fait un peu penser à celui d'Amrani, Djoïna dans l'album dédié à Jeanne Chauvin.
Le crayon restitue les émotions des personnages avec une grande sensibilité et alterne intelligemment les traits réalistes aux traits un peu plus exagérés selon les situations décrites. Les planches relatives à la maison de campagne de Georges Clémenceau, tranchent avec son côté "tigre solitaire" et sont vraiment très belles. Très colorées. Elles coïncident d'ailleurs avec le nouvel élan de la relation avec Marguerite. Il y a une utilisation assez classique de la gradation chromatique en fonction des sentiments, les couleurs claires symbolisant l'optimisme.
Concevoir une bande dessinée historique sur des éléments biographiques est un exercice périlleux mais qui au cas présent est une franche réussite. Lecture captivante en perspective.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Des ronds dans l’O pour cet envoi. »
L’histoire de cet album commence après l’Histoire. En 1923, Clémenceau n’est plus le Président du conseil, ce grand homme qui traversa l’histoire politique française de 1870 à 1918, engagé pour l’amnistie des communards aux côtés de Victor Hugo, anti colonialiste contre Jules Ferry, radical de gauche proposant la séparation des Eglises et de l’Etat, la responsabilité des patrons en cas d’accident de travail, l’impôt sur le capital et le revenu, dreyfusard de la première heure, offrant sa Une dans l’Aurore à Zola et lui soufflant son fameux « J’accuse » ; implacable ministre de l’Intérieur, inventeur des brigades mobiles, clairvoyant sur les risques d’une guerre mondiale, appelant au passage du service militaire à trois ans, dernière chance du Président Poincaré pour contenir l’avancée allemande en 1917 ; Père la Victoire, il impose Foch comme commandant unique des armées alliées.
Celui qu’on appelait « Le Tigre » à 82 ans en 1923, il a presque tout connu. Sauf une vraie grande histoire d’amour…
Au soir de sa vie il va rencontrer Marguerite Baldensperger de 40 ans sa cadette. Elle est directrice de collection, épouse d’un professeur de littérature à la Sorbonne. Sa fille aînée Annette s’est suicidée suite à une histoire d’amour compliquée. Marguerite a rendez-vous avec Clémenceau afin qu’il écrive une biographie sur Démosthène. De cette rencontre va naître une grande histoire d’amour platonique essentiellement épistolaire. Clémenceau lui écrira régulièrement jusqu’à ses derniers jours, 668 lettres qui lui tiennent lieu de journal.
Grâce à lui, Marguerite retrouve le sourire, ils passent un pacte ensemble : « Je vous aiderai à vivre et vous m’aiderez à mourir, voilà notre pacte » lui dit-il.
Elle passera quelques jours à Bélébat, le nom qu’il a donné à sa maison de Vendée, c’est durant ce séjour qu’elle lui demande de prendre de la distance afin de ne pas donner prise aux moqueries, attaques et calomnies, elle pense à ses enfants, à son mari et à lui-même qui pourraient en souffrir. Marguerite se doit à ses enfants, à sa famille, à son foyer mais elle continue à correspondre avec Clémenceau et accourra auprès de lui dès que sa santé déclinera. Leur grande histoire dura six ans jusqu’à la mort du Tigre.
Pierre, le fils de Marguerite publiera leur correspondance en 1970 sous le titre « Lettres à une amie ». Elles révèlent l’amour platonique d’un Clémenceau inconnu, attentif, courtois, plein de tendresse et d’égards mais aussi ombrageux, irrité tel qu’en lui-même, l’amour ne l’ayant pas entièrement changé.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Des ronds dans l’O pour cet envoi. »
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