Un ancien immeuble de bureaux de La Défense héberge le commissariat de proximité et un service de police judiciaire, le SRPJ92. Tandis que les uns tentent d'infiltrer les Gilets Jaunes ou de piéger des trafiquants de drogue, les autres essaient de faire la lumière sur la mort de Nicolas Delamare, DRH d'une agence de lutte contre la cybercriminalité, retrouvé noyé dans la Seine après avoir été immobilisé par un taser...
Mais au grand dam du commissaire Lenfant, aucune des enquêtes ne se déroule comme prévu...
L'intrigue de ce roman noir (plutôt qu'un polar) repose sur la confrontation de la police avec trois mondes : celui d'une élite sûre de son impunité ; celui des petit et grand banditismes, qui se croient à l'abri des lois ; celui de la France des Gilets Jaunes qui crie sa misère en essayant de ne pas tout casser. L'entrelacement des enquêtes et des mondes donne assurément du corps à la narration. Les mésaventures du convoi de drogue, en Andalousie puis en banlieue parisienne, laissent toutefois un peu sceptique...
Le lecteur peut se perdre face à la multiplicité des personnages, mais il finit par identifier les acteurs principaux. Ils restent nombreux, mais leur personnalité et leur psychologie les rendent assez vite identifiables. On démêle alors facilement les différents fils de l'intrigue.
Le roman est très rythmé par le passage d'une enquête à l'autre, les différents angles de vue et l'enchaînement des événements. L'écriture est assez simple, facile à lire. Le roman se livre facilement au lecteur.
Un bon roman noir donc, plutôt qu'un polar à suspense. Je lui ferai cependant un reproche : la façon dont il présente le saccage de l'Arc de triomphe de l'Étoile par des casseurs au cours d'une manifestation des Gilets Jaunes. On ne saurait tout excuser ou réduire au hasard...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/08/07/peine-capitale-darmand-delpierre-chez-recamier-noir-un-bon-roman-noir/
Armand Delpierre pose ses pions pour organiser son jeu policier dans ce second roman, Peine capitale. Trois prix ont couronné son premier, Paris se lève. Autant dire que son second est attendu ! Seulement, Peine capitale peut se lire sans connaître le précédent.
Un membre de ComCyber est retrouvé mort noyé. Il était censé recruter une centaine de collaborateurs pour aider l’armée à contrecarrer des attaques cybernétiques et développer sa cyber-surveillance. C’est le commandant de La Pechardière qui a appelé Lenfant à la rescousse.
Ce dernier, Commissaire divisionnaire, est toujours à la tête du SRPJ du 92.
Claire Fontaine, lieutenante, a du mal à bien respecter les procédures. Mais, en la projetant à la résolution de l’affaire du noyé, Lenfant sait qu’elle saura faire respecter les prérogatives de la Police nationale devant ce bulldozer qu’est l’Armée. Elle fera équipe avec William, qui, même si ça l’ennuie un peu, lui apporte l’aide attendue.
Coco, jeune grand-mère, aide à tenir un rond-point. Elle monte pour la première fois à la capitale pour défiler sur les champs Élysées. Si ses revendications restent sans réponse, elle y gagnera peut-être un ami !
Poirier, policier falot, porté un peu trop sur la bouteille, est chargé de l’infiltration chez les black blocks. Ceux-ci s’insinuent avec les gilets jaunes pour semer le désordre et la destruction.
Une bande de dealers des cités éprouve des envies d’émancipation. La Bande des Corses et celle des Italiens, pas sympathiques, complètent et complexifient ce polar.
Pierre-Louis Madec, dit PLM, héros du précédent Paris se lève, rejoint le SRPJ en seconde partie car pour l’instant il doit enterrer son père.
La marque de fabrique d’Armand Delpierre est l’implantation de ces romans policiers dans l’actualité immédiate française. Ici, les manifestations des gilets jaunes servent de décor à cette nouvelle intrigue.
Armand Delpierre raconte toujours, chronologiquement, sur la durée d’une semaine, des événements dont la toile de fond sera les manifestations des gilets jaunes, mais aussi la filature d’un trafic de drogue, une torture et une cohabitation difficile entre institutions.
La description de la journée du samedi noir à l’Arc de triomphe est particulièrement réussie.
De plus, Armand Delpierre sait décrypter l’actualité en mettant en scène la possibilité d’attaques cybernétiques y compris celles émises par un état. Nos yeux sont longtemps restés fermés et nos oreilles n’ont jamais entendu les signes qui auraient dû nous alerter. Mais, maintenant, nous savons et, Peine capitale aide à nous immerger dans cette réalité.
Seulement, imbriquer l’enquête du noyé avec la livraison d’un chargement de drogue démontre, certes, la complexité du travail d’un service policière mais noie légèrement l’enquête principale.
Néanmoins, Armand Delpierre a toujours une maîtrise littéraire certaine, déjà soulignée dans son premier. Et il connaît son affaire !
Fluide, vive et enlevée, l’intrigue s’y déploie avec réalisme et maîtrise.
J’attends le troisième avec impatience !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/10/11/armand-delpierre-peine/
Nouvel écrivain, Armand Delpierre propose son premier roman policier parfaitement maitrisé, à la puissance narrative étonnante, qui plonge pendant une semaine dans la quotidien du commissariat de la Défense, au cœur d’un Paris blessé et tétanisé par les attentats de janvier 2015.
Son nouveau flic de polar, Pierre-Louis Madec dit PLM, risque de nous suivre pendant un certain temps car impossible que Armand Delpierre reste à un « one-shut », tellement son personnage, l’ambiance réaliste et l’ensemble des lieux visités sont travaillés !
Brins d’histoire
PLM débarque le lundi 5 janvier 2015 au SRPJ 92 après quatre ans en Bretagne où il a fini par souhaiter un peu d’action.
C’est un flic pas forcément abîmé, plutôt agréable à regarder, partageant sa vie avec une femme qu’il aime, même s’ils n’ont pas d’enfant. Sachant qu’un couple peut être fragile, il s’interroge toujours un peu sur la suite de leur couple surtout qu’il s’étonne d’avoir pu accrocher une femme aussi exceptionnelle ! Il est honnête en agissant dans les clous sans être naïf. Ses héros de polars sont Vic Mackey et Serpico.
Est-ce que la vague des polars qui ont présenté des héros-flics borderline, alcooliques, jouant avec les lois pour arrêter la violence serait terminée ?
Car, celui-ci aime son boulot à sa juste place, un travail comme un autre qu’on a plaisir à quitter. Il ne passe pas ses frustrations accumulées sur les suspects. Il est ni raciste, ni macho, ni homophobe. Un flic ordinaire, ni héros, ni victime du système et dont la fin ne justifie aucunement les moyens. C’est un loup solitaire obligé de travailler en équipe !
Et pourtant, Armand Delpierre ne dépeint absolument pas dans ses différentes enquêtes un milieu de Bisounours. Cette investigation débute par la découverte de Françoise Laborde, femme vivant seule dans son appartement à Neuilly. La critique sociale avec ses remarques, ses anecdotes distillées au fil des pages donne la certitude qu’il connait bien son sujet !
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/10/03/armand-delpierre-paris-se-leve/
Ah, quel dommage que ce roman policier soit si gros, si délayé, si bavard ! Quel dommage parce qu'il est bourré de qualités, mais Armand Delpierre se perd et me perd dans des détails superflus qui ne servent ni l'action, ni les personnages ni le contexte si anxiogène. Presque 500 pages pour un roman qui eût été excellent avec une cure d'amaigrissement.
Une fois cela dit, abordons les points positifs et il y en a plein. L'auteur a le bon goût de ne pas faire de ses flics des antihéros stéréotypés, ils sont réalistes, et se fondraient aisément dans notre entourage. Ils ont leurs problèmes mais n'en sont point accablés, ils cherchent à travailler le mieux possible et font souvent l'impossible. Et l'on sent dans leurs histoires, dans les enquêtes qu'ils mènent, dans les victimes et les témoins qu'ils rencontrent que l'auteur s'est documenté et qu'il a voulu coller au plus près de la réalité.
Il y a aussi le contexte, celui des attentats contre Charlie Hebdo et de la traque des frères Kouachi qui alimenta les journaux, des Français -même ceux qui n'aiment pas particulièrement le journal visé- qui ont réagi en masse.
Les intrigues tiennent la route et même si nous, lecteurs, avons un peu d'avance sur les policiers, le plaisir n'en est pas gâché. Bref, du très bon et du moins bon dans ce premier roman, très largement fréquentable.
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