"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C’est du fond de sa cellule que Mike raconte son histoire. Celle de son enfance difficile et ballottée, celle de leur rencontre, Verity et lui.
Le sachant là où il est, on se doute d’ores et déjà de ce qui nous attend. Sans trop en savoir.
Au fil des pages, on découvre la personnalité de ces deux êtres. Mike est un enfant à qui l’amour maternel a fait défaut. Né d’une mère alcoolique, dont la violence a rythmé son enfance, il a fini par être placé dans un foyer au début de son adolescence. Au caractère très perturbé, passant d’école en école, il a fini en famille d’accueil, où il a enfin trouvé un certain équilibre et de l’affection auprès de Barry et Elaine, qui seront toujours là pour lui. Malgré ce parcours chaotique, il a réussi dans sa vie, brillant élève de l’université de Bristol, il deviendra trader.
Et un jour, il fait la connaissance de Verity. Celle pour qui il sera prêt à tout, celle à qui il donnera tout pourvu qu’elle soit heureuse. Jusqu’à jouer un rôle dans un jeu, auquel il ne sait pas encore combien il sera impliqué…
Alors que sa carrière l’appelle ailleurs, Mike décide de partir, espérant trouvant une richesse plus conséquente et lui permettant de bâtir une vie encore meilleure aux côtés de Verity. Mais à son retour, il n’en est rien. Verity a changé de vie, elle va se marier. Mais Mike, niant la réalité, se persuade que cela fait partie de leur Jeu, malsain et tordu, auquel ils ont toujours joué ensemble.
« Je savais que ce n’était pas pour de vrai, que cela faisait partie du Jeu, et j’étais décidé à en profiter. »
Toujours fou amoureux de Verity, Mike ne peut s’en détacher et en aucun cas admettre ce qui lui arrive. Il tombe alors dans une spirale infernale dans laquelle il sera son propre prisonnier.
« Je ne suis pas ta mère, Mike. Je ne t’ai pas abandonné. »
Araminta Hall nous offre ici un thriller psychologique prenant. Même s’il n’y a pas énormément d’action, j’ai été captivée par cette histoire. J’ai apprécié son côté psychologique prédominant, sa facilité de lecture, son rythme. On est effectivement dans le domaine des thrillers dits domestiques, qu’on peut déjà connaître ou avoir lu. Pour ma part, j’ai apprécié cette découverte de ce premier roman de l’auteure publié en France. Un page turner efficace…
« Il n’existe pas de geste plus grandiose que celui de tuer par amour. »
https://littelecture.wordpress.com/2019/11/04/notre-part-de-cruaute-de-araminta-hall/
Notre part de cruauté est plus facilement qualifiable de thriller psychologique que de policier dans sa forme classique.
Araminta Hall installe tour à tour la compassion envers Mike, le désespoir de le voir s’enfoncer dans la désillusion en interprétant des signes cachés mais surtout un malaise profond et très dérangeant. Elle arrive à installer un sentiment de « voyeurisme » partagé, on suit l’histoire de Mike, on la partage, on ne peut pas aller contre le cours de l’histoire et de ses actions obsessionnelles qui dépassent à plusieurs reprises le seuil du harcèlement.
2 éléments bien distincts contribuent à ce sentiment dérangeant dans lequel elle arrive à nous embarquer littéralement :
- la seconde partie, le procès, la sentence partagée : on se rend compte que tout est question d’interprétation, on doute nous aussi de chacun des signes finalement alors qu’au premier abord le coupable ou bien le responsable est tout désigné
- les actions de Mike suite à une rupture, l’obsession de l’autre, traquer et guetter chaque signe comme une nouvelle bulle d’oxygène est une sentiment et une situation que chacun de nous à connu
Après avoir digéré ma lecture, je l’apprécie d’autant plus par le message que l’autrice a voulu proposé, le ton différent, l’histoire dérangeante qui pousse à réfléchir et toujours vouloir ré ouvrir le livre. Cependant, j’ai quand même trouvé la première partie un peu trop longue, nécessaire pour installer le malaise et voir le personnage s’enfoncer dans ses méandres, mais parfois cela manquait d’action pour dynamiser le récit.
J’ai particulièrement apprécié le fait que l’autrice prenne la parole en fin d’ouvrage pour expliquer sa démarche, son parti pris sur le choix d’un personnage masculin fou si souvent attribué à la féminité et incarné par une femme.
Mike et Verity forment un couple trentenaire à qui tout réussit, si ce n’est avec les séquelles d’une enfance traumatisante pour lui.
Mais un jour Verity met un terme à leur relation.
Mike élabore alors sa vérité/ Verity telle qu’il l’a voit.
Au fil des pages, on se doute que l’on se dirige vers un drame inéluctable.
J’ai lu avec plaisir ce thriller psychologique. D’autant plus surprenant que je ne serais pas allée vers ce livre de prime abord.
Il y a selon moi un vrai suspens . J’ai aimé la découpe du roman en deux parties : les faits puis le procès.
J’ai adhéré au scénario, j’ai cru à la folie et à la mythomanie du narrateur en partie grâce à l’écriture de l’auteure. J’ai compati avec Verity et ses parents. J’ai aimé le cresecendo dramatique d’une situation qui devient ingérable.
Une histoire d’amour inconditionnel glaçante!
L’histoire, très bien résumée en quatrième de couverture, est celle de Mike Hayes et de Verity Walton, dite V., du drame qui découle de leur liaison qui a duré 10 ans, amour pervers, obsessionnel. Thriller psychologique qui mêle amour, désir, perversité, possessivité, manipulation, dépendance, folie, fantasme, psychose, le tout englobé dans une espèce de jeu destructeur.
L’auteure a choisi de faire parler Mike, et seulement lui. On entre dans sa tête et ses pensées, des émotions, ses réflexions. Ce procédé narratif est réducteur dans une histoire à 2 personnages principaux puisqu’on a accès qu’à un seul côté des choses. Nous montrer les 2 points de vue auraient été plus fort, je pense, car moins orienté. Ca a été le parti pris de l’auteure.
Certes, tous les ingrédients d’un bon thriller sont présents, mais l’ensemble manque de rythme, l’écriture est simple, sans emphase. Les rebondissements sont quasiment inexistants, on plafonne dans une routine d’obsessions, de faux-semblants, de mensonges/vérités, de suppositions.
On comprend dès les premières pages que Mike est un vrai mythomane. Il s’invente des choses, une vie avec V, et interprète absolument tout : les regards, la gestuelle, les mails …Il est en état de dépendance vis-à-vis de V, tel un alcoolique anonyme. « et, comme un alcoolique, je crevais d’envie d’une nouvelle dose ».
De mère alcoolique et de père absent, Mike finit en foyer puis en famille d’accueil à 12 ans. Il rencontre V et pendant 10 ans sera son petit ami officiel. Lorsqu’il part seul travailler à New York, il ne sait pas encore que cela va les séparer à jamais. Mike a une aventure sans lendemain avec une secrétaire, mais lorsqu’il l’avoue à V, celle-ci le rejette et le quitte. C’est la fin de leur relation. Mike ne s’en remet pas. A son retour des Etats-Unis, il apprend le mariage imminent de V. Commence alors un véritable délire sur ses vrais rapports avec V, ce qu’il croit déceler dans leurs échanges écrits ou au téléphone. Il l’épie dans sa nouvelle vie avec Angus, il la suit, la surveille. Elle est tout pour lui, une obsession malsaine. On entre dans leur monde sado/maso avec des mots comme « obéir », « jeu », « elle avait établit les règles », « rôle », « ce qu’elle attendait de moi »
Est-ce que l’enfance peut tout expliquer ?
L’avocat de Mike va jouer sur cela ainsi que sur la dépendance et l’obéissance de Mike envers V pour plaider la non responsabilité de son client et l’implication de V. dans la mort de son mari. On assiste au procès toujours en mode sado/maso.
Ce roman policier n’appelle aucun suspens, la trame déversée par l’auteure n’est pas assez aboutie pour moi. Un début prometteur mais la suite est vite insipide. On est loin de 50 nuances de Grey, trop fade. Je suis un peu déçue, et je reste sur ma faim.
L’auteure nous livre un message féministe à la fin sur l’égalité homme/femme. Je ne suis pas convaincue par ses propos ni la façon dont elle a voulu l’exprimer tout au long de son roman.
Un livre pas totalement mauvais, mais sans réelle consistance ni intérêt. On peut s’en passer.
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