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« Rien ne menaçait notre vie d’enfants jusqu’à ce que survienne le temps des mots à voix basse »
En Allemagne, Heinzi et Anton sont amis depuis toujours et leurs fils le sont aussi. Des liens très forts les unissent. Mais la famille d’Oskar, le fils d’Anton, est juive. Lorsque le temps des mots à voix basse arrive, il faut fuir.
Une histoire simple qui interroge sur l’amitié durant la guerre.
Qu’est-ce qui est le plus lâche ? Ne pas porter secours à un ami ? Ou bien l’aider au risque de mettre en péril sa propre famille ? « Dans les deux cas, de toute façon, il y a risque de perte irréparable… » (p38)
Etre un véritable ami, est-ce demander de l’aide quand on sait que cela met en péril l’autre et sa famille, une famille que l’on aime aussi ?
Le dilemme est posé. Celui qui a besoin d’aide en vient à penser que c’est une malédiction d’avoir un ami car c’est le mettre dans une position délicate et dangereuse. Si l’ami s’obstine à le rester, cette amitié devient une menace pour lui. Que faire ?
Une histoire émouvante, très courte mais qui a le mérite de condenser beaucoup en peu de pages. Les dernières sont très belles.
Un monarque règne à une époque inconnue sur le pays Bougon, petite terre déshéritée et quelque peu délaissée. Archétype de ces souverains dont la préoccupation première est leur petite personne, la «Minjesté» a sous ses ordres le père du petit Islo qui revient sur ses premières années et sa longue éducation. Son père est le Grand Humeur, il surveille, épie, hume, pèse, inspecte les intestins royaux et leur précieux résultat. Et tout est prévu pour qu'Islo prenne sa suite. Mais le jeune homme a d'autres préoccupations que les excréments royaux ! Il préfère la vie, ses joies, les rencontres, les voyages et ces héros conquérants des mers et des lointaines contrées. Islo deviendra-t-il l'héritier de son père dévoué ? Le pays Bougon verra-t-il sa situation politique évoluée ? Cette longue confession est aussi prétexte naturellement à aborder moult thèmes implicitement ou explicitement. L'oeuvre d'Anne-Lise Grobéty s'achève avec ce long conte atypique où sa maîtrise de l'écriture atteint peut-être son apogée. La langue est riche et poétique, travaillée avec minutie et le lecteur ressent le plaisir qu'elle a pris à créer ses longues phrases, ces sonorités frappantes, ces jeux de mots ironiques, ces situations singulières, à cacher une métaphore au détour d'une phrase anodine, à placer le sublime comme le grotesque là où on ne les attend pas. Un bonheur d'écriture !
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