"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1982 Buenos Aires Aux heures les plus sombres de la dictature argentine, Malena , la trentaine, embarque sur un paquebot pour l'Europe avec pour seul bagage et seul souvenir un faux passeport et quelques photo.Son exil la conduira de Gênes à Paris, où , la peur au ventre, elle enchaînera les petits boulots jusqu'à l'obtention du tant convoité statut de réfugiée. C'est finalement auprès d'Arnaud, un jeune veuf qu'elle trouvera l'apaisement, coulant des jours paisibles sur son exploitation agricole du Sud Ouest, et mettant une chape de silence sur son passé sud américain. Jusqu'à cette journée du 15 août 2005, oú une banale fête de famille ravivera la douleur de souvenirs enfouis et fera resurgir des secrets qu'elle avait tenté d'oublier.
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Très intéressée par l'histoire contemporaine de l'Argentine, c'est d'abord son thème qui m'a attirée, et c'est finalement le style et la construction de ce roman qui m'ont séduite. Pourtant je dois avouer que ce n'était pas gagné car les premières pages m'ont presque déroutée par leur forme. Un style dépouillé, une ponctuation aléatoire et l'emploi du « tu » à l'encontre de Malena ont mis une distance que les ressorts romanesque de cette histoire ont rapidement réduit, pour finalement me happer jusqu'à un dénouement insoupçonnable.
C'est une histoire superbe, un roman très fort qui nous parle d'exil et de traumatismes, de reconstruction et de douleurs enfouies, un portrait de femme poignant qui incarne la complexité et la tragédie de l'Argentine des années 70. Un texte à la fois intime et politique, extrêmement documenté et passionnant, le chemin d'une femme brisée qui revient à la lumière en se libérant des chaînes d'un passé qui l'entrave et l'étouffe. Un roman enfin où les références à Pablo Neruda illuminent le texte. Superbe, forcément
Enquêtrice de personnalité, tel est le métier qu’exerce Anne Cabane. Non, ce n’est pas la même chose que profileur, elle n’a pas pour vocation de déterminer le profil de l’assassin pour mieux le retrouver. Anne rencontre les protagonistes de l’affaire, dont le suspect principal et en fera le portrait lors du procès. Ici, elle cherche à mieux connaître Emna B. trouvée noyée à Lyon.
Tout semble bizarre lors de cette enquête. Est-ce parce qu’elle est enceinte que la frontière entre sa vie privée et professionnelle vole en éclat ? Est-ce le décès de sa grand-mère et les découvertes qu’elle fera en débarrassant la maison ? Enquête et quête personnelle se mélangent dans sa tête, dans sa vie.
Toujours est-il que c’est le grand chambardement dans son esprit. Cela se sent dans l’écriture d’Anne-Christine Tinel. Les phrases sont courtes, quelque fois déstructurées. On oscille entre le RAP, la poésie nerveuse. L’écriture devient calme, limpide, classique lorsqu’elle se trouve avec son compagnon, Antoine. L’homme parfait ! Le pilier sur lequel elle peut s’appuyer pour mieux disséquer ses recherches personnelles et professionnelles.
Le brouillon des pensées d’Anne ne transparait pas dans ce livre, au contraire. Anne-Christine Tinel nous offre plusieurs styles d’écriture, de pagination sans que cela soit gênant, un véritable tour de force, de magie, ou plus simplement de talent.
Ne cherchez pas à classifier ce livre, vous n’y arriverez pas et perdrez tout le sel de ce roman.
Comme toujours, les Editions Elyzad nous offre un livre techniquement parfait et une romancière que j’ai eu un grand plaisir à découvrir.
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