"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un court roman en vers libres que j'ai trouvé d'une beauté à couper le souffle. Je l'ai lu plusieurs fois pour mieux en savourer chaque passage.
En cette fin de 19e siècle, les Aborigènes se font massacrer. Ruby sera l'unique survivante de son clan. Sa rencontre avec Jack, un trappeur irlandais, est incroyable et nous remplit d'émotion.
La nature est partout présente, les descriptions sont brèves mais poétiques à souhait, on oublie tout ce qui nous entoure pour voyager loin, très loin.
L'écriture est d'une force inouïe, ce récit est à la fois sombre et lumineux, profond et percutant. Un véritable coup de cœur.
Je ne connaissais pas cette maison d'édition, mais je suis bien décidée à découvrir d'autres livres publiés par Au Vent de Lire.
« À l’ombre des eucalyptus/l’ancienne chante le clan/ ».
« Ruby moonlight » litanie, fécondité verbale. Un chant intense, beau à couper le souffle.
Un roman envoûtant, 80 pages pour investir ce qui fût de Ruby, jeune femme exilée d’elle-même, l’unique survivante, son clan décimé. Elle erre, digne et vigoureuse, volontaire et serrant tout contre son cœur le poids lourd des perditions.
« Personne ne vient/elle est seule/… Sentiment de sécurité/instinct intact/ ».
Fortuitement, elle aperçoit l’allié, solitaire, vaillant, son alter-ego des quêtes infinies.
Un irlandais, jeune encore, brebis égarée dans une Australie raciste et hostile.
« Elle se réjouit que Jack soit/un homme de peu de mots/Jack se réjouit qu’elle soit/une femme de peu d’exigences/dans leur isolement/ils sont ciel/ ».
Jack le mineur, qui pressent de Ruby la fragilité d’un colibri, le rubis dans une cabane de joncs et de terre. Rassembler les migrations, quand bien même l’Australie réfute l’alliance des Européens avec les noirs. Ils savent la communion d’un langage à réapprendre. Se cacher des autres. S’abriter entre les vagues qui enserrent une terre violente et brûlante. Ils sont de grâce et d’amour, siamois des épreuves, les gestuelles indicibles. Ils affrontent le mépris des hommes, les cruautés lâches. Ils s’aiment comme des enfants, dans l’orée des interdits.
« Ruby est déchirée/entre son envie de compagne/et la nécessité de la réclusion/ ».
L’architecture est macrocosme. L’étoile du nord, le murmure de la nuit. Mais le ciel se lamente. Les plis se tendent. L’amour à l’instar de la neige fondue. Peuple qui acclame les plaintes du clair de lune. Jack, et dans ses mains les promesses aube-nouvelle. Le fleuve est le vainqueur. Les boues comme des attaques rebelles sur le cœur des enfants-monde.
Les tragédies « Ruby Moonlight » les paupières closes, une goutte de sang sur la poitrine, Ruby, la finitude de l’espérance. Un linceul noir qui drape les rêves, les idéaux. L’homme blanc, les guerriers aussi, tous scellés dans le pacte d’une mort universelle.
Ce conte-fable, poème triste et lumineux, sombre et puissant est d’une force inouïe. On ressent la ferveur des sentiments, cette impossibilité d’exaltation à la vie. La folies des hommes qui refusent l’étrange (er). Ce chef-d’œuvre est une larme infinie. Une écoute fabuleuse de Ali Cobby Eckermann. Doté de nombreux prix et traduit en plusieurs langues déjà. Le renom entre nos mains. Traduit à la perfection de l’anglais (Australie) par Mireille Signol. À noter une magnifique couverture de Gabrielle Ambrym. Publié par les majeures Éditions Au vent des îles.
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