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Benjamin, Pierre et Nils sont venus accomplir les dernières volontés de leur mère : répandre ses cendres dans le lac qui borde leur maison d'enfance, non loin d'une épaisse forêt de sapins comme on en trouve en Suède. Là où, vingt ans auparavant, un drame a changé le cours de leur existence.
Immense coup de coeur pour ce thriller et drame familial.
À travers les yeux de Benjamin, on découvre une famille taiseuse où l'on ne sait pas sur quel pied danser. Les parents laissent de côté leurs trois fils qui s'occupent comme ils peuvent…
Benjamin est un garçon très sensible et observateur. Chaque geste, chaque mot, sont analysés et interprétés par le jeune garçon. Une vraie éponge émotionnelle si vulnérable. On a envie de le protéger à tout prix. Je me suis énormément identifiée à lui. le plus jeune dans la fratrie, il essaye tant bien que mal de tisser un lien avec ses frères, ce qui est si dur lorsque l'on vit dans une famille aussi dysfonctionnelle. Chacun est poussé à rester dans son coin, renfermé. On ne sait pas se parler, ni aimer. Comment pourraient-ils le faire alors que leurs propres parents ne l'ont jamais fait avec eux ?
À travers deux temporalités différentes, on comprend pourquoi les frères sont si éloignés les uns des autres, mais on constate qu'un élément clé, encore inconnu, y est pour quelque chose.
Cette histoire, hormis le drame familial majeur, représente bien nombre de familles et leurs failles. C'est pour cela que j'ai été bouleversé, tant cela me parlait.
Le manque de communication, le rabaissement, la mise en compétition entre frères et soeurs, l'absence de gestes et mots affectueux sont autant d'éléments qui causent bien trop de maux qui restent parfois toute une vie ou dont on finit par guérir seulement des décennies plus tard.
En lisant ce roman, on espère voir Benjamin, Pierre et Nils guérir, mais surtout guérir ensemble ; que malgré leur enfance divisante, ils parviendront à créer une nouvelle relation, saine.
Qu'il est si dur de parvenir à se défaire des schémas de notre enfance...
Je ne peux que recommander ce roman haletant et déchirant. La représentation de l'état mental et de la psyché de Benjamin est tellement réaliste et parlante. L'identification au personnage a été quasiment instantanée pour ma part.
L'auteur maintient le suspense jusqu'à la toute fin du roman et la surprise est telle qu'elle fait mal. J'en ai pleuré.
Non, vraiment, lisez ce roman qui vous touchera peut-être d'une autre façon ou pas du tout, mais essayez.
Citation :
“Benjamin cherchait toujours à se rapprocher de ses parents, Nils à s'en éloigner. Il changeait de pièce, faisait bande à part. le soir, avant de s'endormir, les frères entendaient parfois leurs parents se disputer, à travers la mince cloison de contreplaqué. Benjamin enregistrait chaque mot, passait la conversation au crible. Ils s'envoyaient parfois des méchancetés inouïes à la figure, des paroles si dures qu'elles lui semblaient irréparables. Benjamin restait des heures éveillé à se repasser la dispute.”
Prochain roman de la rentrée littéraire 2024 poche !!
J'ai découverte la plume d'Alex Schulman avec "prochain arrêt" ici dans ce premier livre traduit en français de l'auteur à succès suédois nous sommes dans une fiction inspiré de fait autobiographique. Drame, Famille, Enfance et Deuil.
Une intrigue déroutante qui nous malmène et qui dérange, les chapitres défilant entre différentes temporalités passé et présente.
Une histoire familiale, un compte à rebours jusqu'au origine du problème, de nombreuses descriptions, des passages dynamiques, une fratrie, la séparation et l'éloignement, un deuil lourd à porter. Une tension sui monte crescendo, du mystère, une intrigue touchante, on ressort pas indemne.
L'écriture est puissante et incissive voir éloquente.
"Ils m’avaient dit que le deuil était un processus, avec des étapes. Et qu’à l’autre bout, la vie attendait. Pas la même vie, bien sûr, mais une autre vie. Ce n’est pas vrai. Le deuil n’est pas un processus, c’est un état. Il est immuable, ancré comme un roc."
"Benjamin était toujours sur ses gardes, car c'était toujours là, semblait-il, que se déroulaient les scènes les plus terribles, lorsque la famille était enfermée dans un si petit espace. C'est là qu'avaient lieu les plus violentes disputes entre papa et maman, quand papa faisait tanguer la voiture en essayant de régler la radio, ou quand maman ratait une bifurcation sur l'autoroute et que papa poussait des cris désespérés en voyant s’éloigner la sortie derrière eux."
"Il a vécu toute sa vie d’adulte en suspens, entre parenthèses pour ainsi dire, et là, le cœur pulsant dans sa poitrine, il est pris d’une curieuse euphorie, celle d’être capable de faire ce qu’il fait et d’en avoir la force, ou peut-être surtout : la volonté."
Une littérature scandinave d'Alex Schulman, huis clos a bord d'un train de Stockholm à Malma sur plusieurs années. Un récit chorale où les pièces s'imbriquent, plusieurs personnages étalés sur plusieurs époques et voyages. Souvenirs, secrets, traumatismes d'hier et d'aujourd'hui,
Une plume brut et complexe, les paysages défilent devant le train et ses passagers, rêverie, nostalgie, la mémoire et la transmission au cours de ce trajet.
La couverture montre trois jeunes garçons s’apprêtant à sauter dans l’eau. On ressent la joie, l’insouciance… Ne vous fiez pas à cette illustration qui ne reflète aucunement l’atmosphère, lourde, pesante, poisseuse, limite angoissante du récit. « Les Survivants » est en effet un roman sombre, traversé d’éclats de lumière, qui traite de culpabilité et de pardon.
Nils, Benjamin et Pierre, trois frères, sont en route vers la maison familiale pour respecter les dernières volontés de leur mère, y répandre ses cendres dans le lac bordant la ferme, berceau de leur enfance. Un voyage éprouvant pour la fratrie qui, pour chacun d’entre eux, a vécu un événement traumatisant, quelques vingt-cinq ans plus tôt, dans ce même endroit.
On les suit durant cette journée de retrouvailles de manière antéchronologique, avec des chapitres entrecoupés de flashbacks où les trois frères étaient encore enfants/adolescents. Cela va s’avérer être le moment propice pour chacun d’exorciser leurs traumatismes…
C’est un roman envoûtant, et mélancolique sur les traumatismes de l’enfance et leurs répercussions dans nos vies d’adultes. Servi par un style d’écriture remarquable, cette plongée dans la psyché de trois frères, qui chacun à leur façon, cherchent à échapper au poids de l’héritage familial, ne laisse pas indifférente.
On sent cette famille se déliter peu à peu, pour quelles raisons ? Des évènements refoulés, des secrets familiaux, le récit se déroule, lancinant, sombre, troublant… Jusqu’aux toutes dernières pages le lecteur ignore ce qui se cache derrière ce flou, mais il ressent un malaise grandissant et comprend peu à peu que la famille de Benjamin est dysfonctionnelle : au fil du récit, on devine au gré des détails disséminés par ci par là, des parents démissionnaires, buvant beaucoup trop, un père tantôt tendre ou bien violent et une mère caractérielle, à l’humeur des plus fluctuante, qui peine à exprimer ses sentiments à ses enfants, en manque d’amour maternel.
L'alcoolisme des parents est d’ailleurs un marqueur fondamental de leur enfance sans pour autant n’être jamais véritablement nommé, et puis il y a les préférences indéniables pour l'aîné des trois garçons, Nils, le plus doué à l'école et à qui on passe tout.
L’auteur suédois Alex Shulman, parvient à installer une ambiance angoissante – principal atour du roman - autour des thématiques du refoulement d'évènements traumatisant sur le plan psychologique. L’autre grande réussite de ce roman « Les Survivants » c'est ce final qui révèle un secret auquel on ne s’attendait pas !
Un premier roman fort, avec une construction à rebours très habile, bien que déstabilisante au début pour le lecteur. Alex Schulman analyse très finement les relations de la fratrie jusqu’à cette révélation - tardive - du drame qui explique l’ambiance délétère au sein de la famille. On retiendra avant tout cette atmosphère si singulière du roman, entre drame et introspection.
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