"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le petit format et la lecture pleine d’anecdotes d’adresses que Françoise Sagan fréquenta nous donne directement l’impression de la côtoyer. Et ainsi de comprendre l’architecture du « charmant petit monstre » comme la surnommait Francois Mauriac.
Françoise Sagan née Quoirez le 21 Juin 1935 a fait ses premiers pas au Parc Monceau car toute la famille habite au 167 Bd Malesherbes dans le XVIIeme.
Elle trouve le nom de Sagan dans le livre de Marcel Proust « A la recherche du temps perdu ».
Francoise Sagan a besoin de vivre sur les deux rives de Paris: celle des affaires-société et celle des artistes et écrivains.
Tout comme elle vit à Paris et dans le Lot, ces 2 poumons, elle est « infiniment urbaine et infiniment rurale »
Après la sortie de « Bonjour tristesse » elle devient la Parisienne préférée des Français, elle sort la nuit car le jour elle est trop reconnu.
Sa mélancolie et sa noirceur viendront après la seconde Guerre Mondiale quand elle verra des images des déportés. Elle est consciente d’avoir eut une « la chance d’une enfant gâtée »
L’architecte de Françoise Sagan fut peut être Stendhal et son maître d’œuvre Zazie de Queneau.
Ce livre est conçu comme un carnet de voyage illustré avec chaleur, beauté et finesse par Anne STEINLEIN. Le texte d'Alain VIRCONDELET est magnifique, précis, non linéaire ni biographique au sens pur du terrme. C'est vraiment un voyage sur la façon dont Marguerite DURAS a construit sa vie, ce qui l'anime, ce qu'elle cherche et comment son enfance résonne avec ses engagements et ses choix de sa vie d'adulte.
Rien n'est omis mais tout est dans la douceur, la fluidité, il n'y a pas de jugement même si ce livre est plutôt hagiographique. C'est une belle plongée, courte mais intime, dans la vie d'écrivain qu'est Marguerite Duras, cette écriture comme reliaison (sic), comme tentative de rassemblement épars des souvenirs réels ou restructurés, voire même imaginés pour tenter de donner un sens à la vie, cette vie comme une "existence multiple, éclatée, trouée, dispersée, et revêtant finalement une cohérence infinie" (p. 85).
"Déjà se dessine l'histoire, la sienne : la vie ne serait que cette errance le long de route submergées d'eau, qui recouvrirait tout, mémoire anéantie, perdue dans les grands fonds marins, la vie ne serait que l'histoire du fleuve aux eaux anonymes, où se perdraient souvenirs et être aimés. Comment rattraper l'immense champ de la mémoire ? Comment retenir tout ce qu'elle a vu et déjà compris ?" - p. 16
Ce livre est bouleversant et c'est une belle surprise intimiste et pudique. Les photos sont le support d'un texte d'Alain Vircondelet qui a une plume fluide, douce mais précise, sans aucune démarche hagiographique. Ce livre ne serait rien sans ce texte touchant, sérieux, musical, cohérent.
Nous comprenons mieux le cheminement de cette femme, Marguerite DURAS, ses engagements pas toujours très clairs au départ, ses allers et venues avec la société, ses moments de repli intense, cette folie affleurante, ce style et cette langue acérés, sans réplique possible, assertive jusqu'à l'outrance ou frôlant le mysticisme comme une pythie.
Sa vie prend du sens, là où elle-même parle de vide, de "trou" et cela éclaire son écriture tantôt romanesque au sens de roman traditionnel, tantôt saccadée avec des incursions dans le cinéma et les tribunes journalistiques.
C'est un livre incontournable et peut-être même le livre essentiel pour approcher Marguerite DURAS dans sa globalité et sa complexité.
Les lecteurs français, du moins ceux qui s’intéressent à l’histoire de la guerre d’Algérie, à ses causes lointaines, seront bien inspirés de lire l’ouvrage d’Alain Vircondelet : Albert Camus et la guerre d’Algérie, histoire d’un malentendu. Cette dernière indication complémentaire est capitale car le rapport qu’a vécu Camus avec le conflit algérien est empreint de ce malentendu. Pourtant , la publication de nombreux articles dans Alger Républicain entre novembre 1938 et novembre 1939 , sous la direction de Pascal Pia range Camus dans le camp des dénonciateurs du colonialisme , et ils ne sont pas légion à cette époque à aborder le thème de la misère de la Kabylie , titre de l’une de ses chroniques , ou le thème de la clochardisation des populations arabes , constat qui sera fait plus tard par des appelés français en Algérie , en plein bled , dans « l’intérieur » , selon l’expression employée pour désigner l’au-delà du littoral algérien .
Alain Vircondelet prend une précaution décisive :il admet très clairement que Camus a été porteur , ou victime, d’une mythologie de l’Algérie : «C’était toujours ainsi sur cette terre , où, il y a cinquante, soixante-dix ans, des hommes et des femmes étaient venus, avaient labouré, creusé des sillons de plus en profonds ou au contraire de plus en plus tremblés, jusqu’à ce qu’une terre légère les recouvre et ils avaient procréé puis disparu (…) et les fils de ceux-ci s’étaient retrouvés sur cette terre, sans passé et sans morale . »
L’attachement charnel et affectif de Camus a-t-il pu l’empêcher de manifester davantage de clairvoyance dans le conflit algérien ?
Alain Vircondelet l’admet en citant Camus lui-même : « J’ai ainsi avec l’Algérie une longue liaison qui sans doute n’en finira jamais, et qui m’empêche d’être tout à fait clairvoyant à son égard. »
Alain Vircondelet souligne à de nombreuses reprises le déchirement de Camus lors des différentes étapes du conflit. Il est révulsé par les attentats à la bombe, les exactions commises par le FLN contre les populations civiles, notamment lors des massacres de Philippeville et de Mélouza. Il ne se range pas non plus du côté des ultras, de ceux qui prônent une répression encore plus intense, plus aveugle, plus cruelle. Non, il pense, et d’aucuns y voient alors une grande naïveté, ou au mieux de l’opportunisme et de la lâcheté, que la seule voie est de sauver des vies innocentes, européennes comme arabes : il soutient ainsi la démarche de Germaine Tillion conduite pendant la bataille d’Alger pour obtenir une trêve entre les parties en présence .La fameuse phrase sur la mère préférée à la justice prononcée lors de la remise de son prix Nobel en 1957 est resituée dans son contexte et son énoncé intégral : « Je me suis tu depuis un an et huit mois, ce qui ne signifia pas que j’ai cessé d’agir. J’ai été et je suis partisan d’une Algérie juste, où les deux populations doivent vivre en paix et dans l’égalité. J’ai dit et répété qu’il fallait faire justice au peuple algérien et lui accorder un régime pleinement démocratique jusqu’à ce que la haine de part et d’autre soit devenue telle qu’il n’appartient plus à un intellectuel d’intervenir, ses déclarations risquant d’aggraver la terreur. »
Alain Vircondelet souligne l’importance prise dans la vie de Camus par son épouse, Francine, ses amis Jean Grenier, René Char, ses maîtres parmi lesquelles Catherine Sellers et bien sûr la grande Maria Casarès, actrice hautement célèbre à l’époque. Cette biographie thématique sera vue comme un excellent complément à celles déjà existantes écrites par Olivier Todd ou Michel Onfray. À recommander, pour clarifier les débats actuels sur le passé colonial de la France.
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