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Lecteur du mois : en septembre Jean-Paul a lu "Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

Lecteur du mois : en septembre Jean-Paul a lu "Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

En septembre, notre lecteur du mois a lu un roman de la rentrée littéraire 2016.

Découvrez la chronique de Jean-Paul Degache  pour le roman Comment tu parles de ton père de Joann Sfar paru chez Albin-Michel : 

 

Comment tu parles de ton père a permis à Joann Sfar de parler de son père, bien sûr mais aussi de livrer ses pensées, ses souvenirs, ses états d’âme et ses réflexions toujours très pertinentes sur ce qui se passe aujourd’hui.

André Sfar, son père, était un brillant avocat niçois né en Algérie, en 1933, l’année ou un certain Adolf prend le pouvoir en Allemagne, de la découverte du monstre du Loch Ness et de la sortie de King Kong au cinéma : « Mon père, c’est pas rien. »

Il a 42 ans et demi quand son père meurt dans ses bras : « Je n’avais jamais vu une âme quitter un corps. » Sa mère est morte alors qu’il avait trois ans et demi mais son père lui avait dit : « Tu la reverras. » C’était sa vérité mais « il ne faut pas mentir sciemment à son gosse. Sinon ensuite, il passe sa vie à raconter des histoires. » Il dessine aussi alors que Paul, son cousin qui croit en Dieu, tente de l’évangéliser : « Toi tu veux me sauver, moi je dessine. » Ses souvenirs remontent mais il n’a prononcé le kaddish, la prière des morts, que sur la tombe de son père, au lieu de le faire tous les matins, à la synagogue.

Quand il était au CM2, il tombe amoureux de la seule juive de l’école, pour faire plaisir à son père mais « Dieu, pour m’éprouver, l’avait affublée d’un nez rébarbatif… » Après une visite dans sa famille avec son grand-père : « Je lui ai dit que les Juives, c’était fini. J’adorais mon grand-père au-delà de tout. Sans lui, je serais notaire à Nice. » 

Auparavant, en maternelle, il se révolte contre cette « heure des mamans » qui néglige et parfois traumatise ceux dont la mère est absente. Comme il a été circoncis, avec son copain Saïd, ils constatent que leur zizi est différent lors de la séance de pipi.

La vie sexuelle de son père est riche de rencontres dont le petit Joann profite : « J’ai vu la chatte de toutes les copines de mon père. » Lors de sa Bar-Mitsva, il lit, devant 400 personnes un « texte intégralement rédigé puis tapé à la machine par mon papa. »

C’est là que l’on retrouve le Joann Sfar entendu dans les médias après les attentats qui ont endeuillé la France : « Se sentir juif ou musulman ou chrétien, c’est décider qu’il existe des peuples et c’est le début de la guerre qui se terminera par l’extermination des uns par les autres. »

Fourmillant d’anecdotes, d’humour et de réflexions aussi savoureuses qu’utiles, ce livre est un hommage immense à un homme qui avait tous les talents mais ne savait pas dessiner : « Merci papa, d’avoir laissé un espace vierge dans lequel aujourd’hui encore je m’efforce de grandir. »

© Jean-Paul Degache

 

 

Merci  Jean-Paul pour cette chronique du roman de Joann Sfar, et merci d'avoir répondu à nos questions !

Découvrez les réponses de Jean-Paul ci-dessous :

 

Le livre qui a bercé votre enfance : Bercer ne convient peut-être pas trop mais je me souviens de Oliver Twist de Charles Dickens, un livre qui m’avait profondément touché et ému.

Le livre qui vous donne le moral : C’est incontestablement Le Petit Prince de Antoine de Saint-Exupéry, un livre que j’ai lu et surtout relu alors que je vivais des moments très difficiles. C’est à chaque fois un plein de rêve, d’oxygène et cela fait un bien immense tout en suscitant des réflexions très positives. Enfin, ce livre me relie à l’Ardèche car je passe souvent à vélo devant le château de la Faurie, à Saint-Alban d’Ay, où l’auteur du Petit Prince venait en vacances avec sa mère, Marie de Fonscolombes.

Le livre qui vous rend triste mais que vous lisez quand même : Quand j’ai commencé à livre Extra-Pure de Roberto Saviano, je ne savais pas que le mal était si profond. Cela fiche un grand coup au moral car il y a de quoi désespérer. Pourtant, il est absolument nécessaire et indispensable de s’informer et c’est pour cela que j’ai lu ce livre jusqu’au bout et que j’en recommande la lecture.

Le livre que vous relisez tout le temps : Je vais citer encore Le Petit Prince de Saint-Exupéry, pour les mêmes raisons que celles citées plus haut. De plus, son format permet de l’emporter partout et chaque page apporte, à chaque lecture, son lot de surprises et de découvertes.

Le livre que vous offrez le plus : Je n’ai pas de « chouchou » car, régulièrement, paraissent des livres passionnants et très enrichissants. Mon cadeau préféré, c’est bien sûr un livre, et je n’ai que l’embarras du choix. Il suffit d’entrer dans une librairie en se souvenant des conseils de lecteurs.com… Toutefois, j’ai quand même deux auteurs favoris : Gérard Mordillat et Sorj Chalandon.

Le lieu idéal pour lire : Je pense qu’il n’y a pas de lieu idéal pour lire mais il faut quand même un minimum de tranquillité, pas trop de bruit. Je trouve désespérant de ressentir une certaine gêne - que je combats opiniâtrement - à sortir un livre dans un lieu public ou une salle d’attente, par exemple. J’ai beaucoup progressé et j’emmène toujours mon bouquin en cours avec moi lorsque je pars pour un rendez-vous.

 

Et vous ?

Si vous étiez un livre, vous seriez ? Le Petit Prince, évidemment !

Si vous étiez un personnage de roman, vous seriez ? Je n’ose pas répondre encore Le Petit Prince et pourtant, je n’en vois pas d’autre auprès de qui je pourrais m’identifier.

Si vous étiez un auteur ? La lecture de Mon traitre et de Retour à Killybegs a été une révélation. Sorj Chalandon est l’auteur que j’aurais aimé être. Son talent, son style, l’émotion qu’il fait passer à travers ses livres m’ont vraiment conquis, comme Le quatrième mur. J’ai vraiment regretté que Profession du père, un livre très dur et qui dérange, n’ait pas obtenu plus de succès. J’attends impatiemment son prochain roman. J’ajoute que, pour l’avoir rencontré à Saint-Étienne, à la Fête du livre, c’est un homme profondément humain et à l’écoute de ses lecteurs.

Quel lecteur êtes-vous ? Au fil du temps, je suis devenu un lecteur de plus en plus vorace qui voudrait lire tout le temps. Si j’ai toujours aimé lire, je reconnais que je suis heureux de rattraper le temps perdu pendant les années de vie professionnelle, même si j’ai toujours gardé l’habitude d’avoir un livre en cours de lecture, une habitude prise depuis mon adolescence.

Pourquoi et quand allez-vous sur lecteurs.com ? J’essaie d’aller sur lecteurs.com le plus régulièrement possible pour m’informer sur les parutions en cours ou à venir, pour connaître les sorties en poche, pour lire les analyses à propos du livre que je viens de lire, comparer les opinions et pour connaître les réactions des autres lecteurs. Enfin, c’est vraiment super de pouvoir constituer sa bibliothèque et de donner à d’autres des idées de lecture en s’écartant un peu des titres les plus médiatisés.

Avez-vous un blog ? Oui. http://soutien.jean-paul.degache.over-blog.com/

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Commentaires (1)

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