François Constant, notre lecteur du mois de juin, nous donne son avis sur ce livre Des hommes couleur de ciel, d’Anaïs Llobet (Les éditions de l’Observatoire), « une réflexion profonde sur l’homosexualité, le terrorisme, les valeurs européennes des Droits de l’Homme et la fragilité de ceux qui voudraient pouvoir en vivre ».
L’avis de François sur Des hommes couleur de ciel
Des hommes couleur de ciel. Deux frères, en exil, tentent de construire leur vie dans une Europe qui ne s’appuie pas sur les mêmes valeurs que leur Tchétchénie natale. Oumar se rêve Adam. Ici, libre de ses pulsions, il pourra peu à peu oublier qui il est et vivre son homosexualité pour autant qu’il la cache à sa famille, ses frères, son clan. Kirem, son jeune frère, rejette le Monde que l’Europe lui propose. Il préfère suivre son cousin Makhmoud radicalisé.
L’intégration passe par le BAC. Oumar a déjà réussi. Kirem semble plus rétif à l’aide que lui propose Alissa, jeune prof de russe qui, elle aussi, tait bien des choses sur son passé.
Les cicatrices de guerre peuvent-elles se partager ? Faut-il dévoiler qui on est vraiment ? Qui peut comprendre ? La Haye vient d’obtenir le statut de Paris, de Bruxelles. Une bombe a explosé à la cantine du lycée. Entre terrorisme, intégration et homosexualité, chacun doit sauver sa vie.
En découvrant ce titre, on se prend à croire venu le temps d’une éclaircie. Avec son pistolet et les nuages de poudres qui tâchent les nuages blancs, la photo de la couverture laisse tout de suite planer un doute… La liberté revendiquée par les hommes couleurs de ciel, les homosexuels, n’est pas pour aujourd’hui.
Des hommes couleur de ciel est le deuxième roman de Anaïs Llobet. Journaliste ayant été en poste à Moscou, elle connaît bien la persécution des autorités locales de Tchétchénie qui poussent les familles aux meurtres d’honneur et à la négation même des homosexuels.
Son livre révèle la puissance destructrice du silence qui pèse sur la question et déstructure les familles où qu’elles vivent dans le monde. Les propos qui se présentent comme une narration relevant de la fiction, sont, en fait, d’une justesse totale et d’une plausibilité effrayante.
Vivre, c’est tout faire pour saisir l’infime chance de trahir sa famille, son peuple et leurs interdits. Est-ce aussi tromper le pays d’accueil et bafouer ses valeurs ? C’est à ce mur que se confrontent les personnages. Jusqu’où faut-il être fidèle à soi-même, aux autres ?
Oumar, Kirem, Alissa sont pris au piège de leurs mensonges, de leur passé, de leurs croyances mais aussi à celui de l’incompréhension des gens d’ici qui lisent leur histoire et celle de leur pays avec des lunettes déformantes de la suffisance européenne. Comment comprendre ? Peut-on se pardonner de n’avoir rien vu venir ? Quant à la recherche de la vérité, doit-on se contenter des apparences, parfois tout autant trompeuses que salvatrices ?
Des hommes couleurs de ciel. Ce livre, servi par l’excellente plume d’Anaïs Llobet, offre aux lecteurs une réflexion profonde sur l’homosexualité, le terrorisme, les valeurs européennes des Droits de l’Homme et la fragilité de ceux qui voudraient pouvoir en vivre. Un livre qui ne peut laisser indifférent. Un livre à partager !
François Constant, quel lecteur êtes-vous ?
Le livre qui a bercé mon enfance, que je consulte souvent et qui dope mon moral ?
Le petit prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Ce livre regorge de valeurs humaines. On les entend, sans trop les comprendre, lorsque, enfant, on écoute les adultes nous lirent ce livre et nous montrer les illustrations.
On les comprend lorsque, jeune, on se replonge dans la lecture, le plus souvent imposée par l’école, et qu’on en discute avec les condisciples et le prof.
Enfin, on relit des passages de ce livre et les consulte lorsque, adulte, on se sent touché par quelques nœuds qu’il nous faut dénouer pour avancer en toute sérénité avec nous-même.
J’ai toujours beaucoup apprécié la sagesse du Roi capable de ne commander que ce qu’il savait pouvoir être accompli. Ayant tenu une bonne partie de ma vie des fonctions de direction, ce passage permettant une méditation sur ce qui est sage, a souvent servi de filtre à mes prises de décisions.
Les livres que j’offre le plus ?
L'âme du monde (Frédéric Lenoir), Changer d'altitude (Bertrand Picard), Un arbre, un jour (Karine Lambert) et Le maitre de garamond (Anne Cunéo)
Le lieu idéal pour lire ?
Partout ! Etant souvent appelé à attendre mon épouse en soins médicaux, visite ou revalidation, j’ai toujours avec moi un ou deux livres et ma liseuse. Que ce soit dans la voiture, à une terrasse de café, sur un banc public, tout lieu où je peux me poser pour lire est un havre de paix. Et j’ai moi, je lis devant la TV où je reste pour tenir compagnie à ma moitié et où, de loin, je capte l’essentiel de l’émission puisque j’ai cette capacité de suivre (juste assez pour les comprendre) un film ou documentaire et un roman en même temps. Et puis, au jardin, au lit pour combler mes insomnies. Bref, partout !
Et moi ?
Si j’étais un livre, je serais ?
Le petit prince (St EX) ou Deux petits pas sur le sable mouillé (Anne-D. Julliand ) ou encore Robinson (Laurent Demoulin).
Si j’étais un auteur ?
Je tâcherais d’être un défenseur de valeurs et de combats susceptibles d’apporter au monde un surcroît d’humanité.
Mon blog ?
Je me livre entièrement consacré à garder une trace de mes lectures et de mes écrits.