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"Le cabaret des mémoires" : Joachim Schnerf répond à vos questions

"Le vertige de la paternité a été le point de départ de l'écriture", nous confie le romancier

"Le cabaret des mémoires" : Joachim Schnerf répond à vos questions

Photo © JFPaga

Avec Le cabaret des mémoires (éditions Grasset), Joachim Schnerf a proposé l’un des textes forts de cette rentrée, questionnant avec une justesse rare les thèmes de la transmission, de l’indicible et de la paternité.

Le romancier a accepté de répondre aux questions des lecteurs et lectrices de ce site, éclairant ainsi une œuvre qui bouleverse autant qu’elle interroge.

 

 

Joachim Schnerf répond aux questions de la communauté Lecteurs.com

- Ce livre est-il inspiré de votre histoire familiale ? (Question de Joëlle Buch)

Joachim Schnerf : Le cabaret des mémoires est un travail de fiction et la trajectoire de ses personnages n’est pas inspirée de ma propre histoire familiale. Pas de Rosa, pas d’origines polonaises, pas de grande-tante vivant au Texas… mais je suis effectivement père de deux enfants !

 

- Quel a été le point de départ, qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ce livre ? (Question de Joëlle Buch)

Joachim Schnerf : Je pense que c’est le vertige de la paternité, justement, qui a été le point de départ de l’écriture. Comment transmettre une identité, une histoire, comment réussir à tisser un lien entre les générations pour perpétuer une mémoire alors même que notre société malmène de plus en plus l’histoire ? J’ai essayé d’explorer ces interrogations grâce à mes personnages.

 

- Pour quelles raisons avez-vous choisi le contrepoint d'un souvenir d'enfance, et pas des questionnements d'adulte ? (Question de eirenamg)

J’ai l’impression qu’en devenant parent, nous devons nous confronter à notre enfance. Ou plutôt, l’enfance vient nous interroger sur nos gestes, nos façons d’envisager l’éducation, notre rapport au monde. Samuel devient père et cela le pousse finalement à revisiter sa propre jeunesse pour tenter de trouver des réponses aux nombreuses questions que pose la transmission à un nouveau-né.

 

- Avez-vous l'impression que pour vivre au présent il faut tout connaître de son passé et pourquoi ? (Question de Geneviève Munier)

Il me semble indispensable de connaître et assumer son passé. Mais il s’agit d’un processus en mouvement qui dépasse la simple compilation d’informations. L’histoire se déchiffre grâce à une connaissance qui progresse, à des yeux qui s’aiguisent, et si je ne pense pas que les romanciers doivent écrire l’histoire, ils ont une responsabilité dans la perspective des regards que l’on porte vers le passé.

 

"L’une des réponses que ce roman tente d’apporter

est la place de la fiction pour combler un vide qui approche." J. Schnerf.

 

- Comment avez-vous travaillé la construction de votre roman ? (Question de eirenamg)

Trois fils narratifs se mêlent dans le roman. Je les ai bâtis en parallèle, les ai écrits au fil de la plume, puis il a fallu ensuite chercher les équilibres, ajuster les échos et faire en sorte de trouver une harmonie narrative et musicale de la première à la dernière page du livre. J’aime écrire mais je dois dire que j’aime encore plus réécrire, recomposer jusqu’à trouver l’accord parfait.

 

- Pour avoir été en charge pendant plusieurs années du concours de la Résistance et de la Déportation à l'Inspection Académique de l'Hérault, j'ai côtoyé un certain nombre de personnes concernées par le fléau de l'antisémitisme et qui se rendaient dans les établissements scolaires témoigner de ce qu'ils avaient vécu. Il me semble essentiel que cette mémoire perdure. Mais, petit à petit ces personnes disparaissent. Avez-vous envisagé de les remplacer et d'aller dans ces mêmes établissements pour prolonger leur parole en témoignant de ce que vous savez de leur vie à cette époque-là ? (Question de Geneviève Munier)

Le cabaret des mémoires pose une question tout en essayant d’y répondre : comment peut-on transmettre l’histoire de la Shoah lorsque les derniers rescapés, les derniers témoins, auront disparu ? L’une des réponses que ce roman tente d’apporter est la place de la fiction pour combler un vide qui approche. Non pas le vide de la connaissance – il existe de nombreux documentaires, de nombreux témoignages écrits, des photos, des enregistrements –, mais l’absence des témoins eux-mêmes et de l’émotion que porte leur corps. Ce roman ne les remplacera pas, mais il s’emploie à faire ressentir leur immortelle présence.

 

Un grand merci à Joachim Schnerf et aux éditions Grasset !

 

Tous les avis sur Le Cabaret des mémoires sont à retrouver ici.

 

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Commentaires (3)

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