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"La femme paradis" de Pierre Chavagné : un roman puissant et implacable au suspens haletant

Loin du monde, sur un plateau karstique qui ne laisse pas de traces, une femme a choisi de s’installer...

"La femme paradis" de Pierre Chavagné : un roman puissant et implacable au suspens haletant

Vous êtes de plus en plus nombreux à partager vos lectures sur ce site. Nous mettons donc régulièrement en avant vos avis éclairés sur des romans de jeunes auteurs, de jeunes maisons d'édition ou moins connues.

Vous les attendiez nous le savons, les romans sélectionnés par le jury du Prix Orange du Livre 2023...

Cette semaine, c'est au tour de Henri-Charles Dahlem, lecteur, ancien membre du jury, de partager son avis sur le livre La femme paradis, de Pierre Chavagné, paru aux éditions Le Mot Et Le Reste, faisant partie de la sélection des 21 romans en lice pour le Prix Orange du Livre.

L'avis d'Henri-Charles Dahlem sur le livre La femme paradis de Pierre Chavagné (Ed. Le Mot Et Le Reste)

"Dans une grotte, loin du monde...

Dans son troisième roman, Pierre Chavagné a choisi de se mettre dans la peau d’une femme qui a choisi de fuir le monde pour se réfugier dans une grotte et vivre seule au milieu de la nature. Un guide de survie qui est aussi une réflexion sur un traumatisme extrême.

Loin du monde, sur un plateau karstique qui ne laisse pas de traces, une femme a choisi de s’installer. Cela fait maintenant des jours, des semaines, des mois qu’elle vit là. Elle a choisi une grotte bien dissimulée pour y aménager sa demeure. Patiemment et méthodiquement, elle a érigé un mur d’argile, la porte viendra plus tard. Pour se nourrir, elle chasse, elle pêche, elle cueille. Comme les premiers hommes. Au fil des jours, elle peaufine ses techniques, affine ses méthodes.

« La solitude est pénible à supporter dans les premiers temps. Comme pour la faim ou le froid, elle s’y habitue. C’est une épreuve qu’elle surmonte par la discipline; sans repère, sans norme, il est difficile de se jauger et de se tenir. Lorsqu'elle est seule, tout est autorisé, alors elle doit se surveiller et le cas échéant, se punir. L'intransigeance est la clef. Tout débute par une planification stricte des journées et des objectifs: le travail pour sa subsistance, le guet pour sa sécurité, le rêve et l'écriture pour son humanité. À tout cela s'ajoutent le yoga et l'hygiène. »

Car cette vie, ou plutôt cette survie, requiert une attention constante, tant physique que morale. C’est aussi ce qu’avait parfaitement compris Sylvain Tesson lorsqu’il racontait son séjour Dans les forêts de Sibérie. Loin des hommes, on ne peut compter que sur soi-même et sur ses capacités à s'adapter à toutes les situations, au froid comme à une meute de loups, à la faim comme à la peur. L'autre point commun avec Sylvain Tesson, c'est ce moyen utilisé pour combattre la solitude et soigner sa santé mentale, écrire et de lire.

Pierre Chavagné a d'ailleurs construit son roman en ajoutant au récit les fragments du journal intime de la femme paradis qui pourrait faire sienne cette citation: « J'archive les heures qui passent. Tenir un journal féconde l'existence. Le rendez-vous quotidien devant la page blanche du journal contraint à prêter meilleure attention aux événements de la journée. » La découverte dans les affaires d'un randonneur d'une liseuse et d'un petit panneau solaire va aussi lui permettre de se découvrir une nouvelle passion pour la littérature, un moyen de remplir son propre vide.


Sans m'appesantir sur ce qu'il advient du randonneur, on va très vite comprendre que la compagnie des hommes n'est pas – ou plus – envisageable pour cette survivante. Une attitude qu'elle parviendra à conserver jusqu'aux dernières pages, quand son passé va soudain la rattraper.
S'il y a du suspense – le livre plaît aussi beaucoup aux amateurs de polar – on pense d'abord à la filiation avec les auteurs de nature writing, à commencer par Jim Harrison dont la citation de Théorie et pratique des rivières a été mise en exergue du livre: « J’ai décidé de ne plus rien décider, d’assumer le masque de l’eau, de finir ma vie déguisé en rivière, en tourbillon, de rejoindre à la nuit le flot ample et doux, d’absorber le ciel, d’avaler la chaleur et le froid, la Lune et les étoiles, de m’avaler moi-même en un flot incessant. »

Un roman puissant, implacable. Un gros coup de cœur! "

 

Merci à Henri-Charles Dahlem !

 

Pour retrouver d'autres avis sur ce livre, c'est ici : La femme paradis

 

 

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Commentaires (2)

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