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Lors d'un trip à Millbrook chez Timothy Leary, des fragments de paradis brisé, parmi les plus beaux, esquissent un microcosme édénique et une leçon de cinéma qui rivalisent, à l'aide d'une habile stratégie distanciée, avec la consommation de drogues psychédéliques célébrée par Leary. Ce fragment, au sens romantique, est constitué d'épiphanies qui à la fois contaminent et contiennent l'ensemble organique de Walden : premier essai des Journaux, Notes et Esquisses filmés au coeur des années 1960 par le ciné-poète Jonas Mekas. Le voyage perceptuel, au domaine verdoyant de Millbrook, témoigne de l'ivresse retrouvée des sens et de la puissance plastique des réminiscences transfigurées par l'art. Parce qu'elles chassent dans la sphère intime de l'existence des instants poétiques éclairés par le souvenir émerveillé des folles extases de l'enfance, les images de Walden se chargent d'une sensualité épidermique qui affine notre perception. L'étude procède à des analyses thématiques et esthétiques qui épousent l'hétérogénéité magique des fragments ainsi que leur traitement stylistique spécifique.
Et parce que la caméra peint une nouvelle réalité poétique de mouvement et de lumière en « lambeaux », liée à la « complémentarité multiforme » des arts, Mekas relance, avec la singularité de son cinéma expérienciel, certains enjeux de la peinture moderne : l'enfance de l'oeil, le fragment, le collage et l'esquisse.
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