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Dans l'euphorie de la manne financière que lui vaut, au lendemain de son accession à l'indépendance, un ralliement inconditionnel au libéralisme économique, la Côte-d'Ivoire engage à la fin de la décennie 1960 la plus gigantesque opération de développement jamais entreprise dans le pays : l'opération San Pedro.
Objectif : la mise en valeur de la région du Sud-Ouest, une région forestière restée jusque-là en marge du " miracle ivoirien ", riche en ressources naturelles, mais pauvre en hommes. Trois grands volets : la création d'un port en eau profonde, l'édification d'une ville, l'aménagement de l'arrière-pays. C'est à une investigation d'ensemble sur ce Far West ivoirien et sur l'extravagant projet imaginé pour le " développer " que procède le présent travail.
L'histoire économique et sociale de la région, telle qu'elle a pu être reconstituée ici, montre que l'opération San Pedro n'est pas la première tentative faite pour tirer parti de ses ressources naturelles et humaines. L'intervention s'inscrit dans le prolongement d'un processus d'exploitation du milieu entamé sur cette portion du littoral africain dès l'arrivée des premières caravelles portugaises, au tournant des années 1470-1471 : traite de la malaguette, de l'ivoire, de l'huile de palme, des esclaves, recrutement de main-d'oeuvre " krouman ", écrémage de la forêt.
Les investissements massifs réalisés sous couvert de l'entreprise nouvelle auront-ils eu des retombées plus positives ?
Le bilan de l'opération San Pedro ne plaide malheureusement pas en faveur du " modèle ivoirien " de développement, dont celle-ci aura été le fleuron tout au long de la décennie 1 970. Comment expliquer cet échec ? Pour l'auteur de l'étude, la stratégie déployée par l'aménageur a certes été génératrice de croissance, mais, pour avoir été une fois de plus fondée sur l'exploitation des ressources existantes plutôt que sur leur valorisation, d'une " croissance sans développement ".
Pour Gérard Ancey, l'un des meilleurs connaisseurs de la Côte-d'Ivoire et qui dans une postface donne son point de vue d'expert sur la question, le modèle ivoirien, pour réussir, " était condamné à la croissance selon un rythme accéléré ". Or, la crise financière que connaît le pays à partir de 1978 entraînera une réduction drastique des investissements, c'est-à-dire un ralentissement brutal de la croissance, auquel le projet San Pedro, " conçu trop exclusivement en fonction d'une conjoncture économique soutenue ", ne pourra pas survivre.
Il sera abandonné fin 1980, alors qu'il était loin d'être achevé.
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