"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rose de Diarbékir, c'est une histoire de femmes, de courage, de résistance, une page de l'histoire du peuple arménien, doublée d'une lettre d'amour pour la France. Une fresque familiale au souffle oriental, tragique et généreuse à la fois.
1893. À Diarbékir, dans les provinces arméniennes de l'Empire ottoman, la famille Hagopian vit entre tradition et modernité. Alors que les frères aînés partent faire leurs études en Europe, la benjamine, Rose, vibre pour le théâtre et la culture française.
Encouragée par les siens, l'ardente et résolue jeune fille réussit à rejoindre Constantinople, où la troupe de Sarah Bernhardt est en tournée. Elle parviendra à se faire remarquer de la Divine par son audace, son talent et sa sincérité.
Rose, si proche de la réalisation de ses rêves mais rattrapée par les persécutions du " sultan rouge ", Abdülhamid II, va se révéler, entre passion de la scène et actes de résistance.
Rose de Diarbékir témoigne du courage et de l'insoumission de femmes d'exception. Il raconte une page méconnue de l'histoire du peuple arménien et rend hommage aux personnalités qui se mobilisèrent en sa faveur à la fin du xixe siècle.
Une fresque familiale au souffle oriental, tragique et généreuse à la fois.
Un texte très émouvant, à l'image de la belle photo de couverture.
L'auteure, d'origine arménienne, a su nous raconter l'histoire tragique de son peuple, à travers le personnage de Rose Diarbékir : une jeune fille qui rêve de théâtre, d'émancipation.
Les garçons de la famille ont pu partir étudier à l'étranger mais les filles doivent rester. Mais grâce à des rencontres, elle va pouvoir découvrir le monde de la culture, du théâtre et espérer trouver sa place.
Ce texte raconte aussi l'histoire terrible du génocide arménien, dans les années 1894-1986.
J'ai été émue à la lecture de ce texte romanesque qui réussit à mêler la grande Histoire et des histoires individuelles.
J'ai apprécié le portrait de cette jeune fille, volontaire, qui combat les préjugés, les contraintes. J'ai apprécié croiser des personnages réels, (un sacré portrait de la Grande Sarah Bernard).
Et ce texte m'a donné envie de (re)lire Polyeucte de Corneille et Ruy Blas de Victor Hugo.
Un texte qui est un bel hommage au peuple arménien, au théâtre, au courage.
#RosedeDiarbékir #NetGalleyFrance
Une agréable découverte .
L'auteure déroule sur fond du massacre des Arméniens dans la région de Diarbekir dans les années 1894-96 une fiction dont l'héroïne est la jeune Rose.
Il est intéressant de découvrir dans un récit bien documenté les détails d'un épisode de l'Histoire des Arméniens dans l'empire ottoman.Nous sommes en 1893, des Kurdes ranconnent violemment les Arméniens négociants ou agriculteurs.Ils exploitent des terres fertiles que leurs voisins leur envient .Rose Hagopian est révoltée par ces exactions .Très volontariste..sa devise est,: "Pourquoi pas".Le théâtre la passionne.Elle s'affirme encore plus quand elle devient la secrétaire particulière de Mme Mercier, l'épouse du vice-consul de France.Des lors, elle n'aura plus que deux objectifs,: faire du théâtre et défendre sa communauté alors que le Sultan pousse à la haine.Certes, elle aura la chance de rencontrer Sarah Bernhardt , ce lien et les appuis de la France suffiront-ils à la sauver?
Après la Géorgie et Le bunker de Tbilissi, prenons la direction d’une autre ancienne république socialiste soviétique, l‘Arménie. C’est, ici encore, une littérature et une histoire peu connus alors même que la communauté arménienne est très présente en France. L’autrice Corinne Zarzavatdjian est justement d’origine arménienne et en association avec son mari Richard, ils ont publié un ouvrage sur la culture arménienne L’Arménie et les Arméniens de A à Z, chez Grund en 2020. Dans ce titre paru chez Les presses de la cité, c’est une figure féminine de l’histoire de l’Arménie qu’elle met en fiction, une femme qui a contribué à l’exode des premiers Arméniens en France fuyant la répression ottomane, Rose de Diarbékir. Une grande femme que cette Rose, de son vrai nom Varte Hagopian, qui a marqué l’histoire de l’Arménie.
Varte Hagopian, dernière-née d’une fratrie de cinq enfants, dont quatre frères aînés, est justement née l’année ou le 34è Sultan de l’Empire Ottoman, celui qui va mettre le feu aux poudres, a accédé au pouvoir, Abdülhamid II. Nous voilà au sud-est de l’Anatolie, à l’extrémité occidentale de l’Asie, qui est aujourd’hui territoire turc. Varte Hagopian grandit bercée par la langue française et ses auteurs dramatiques, au son des tirades de Racine, Molière, Dumas, et de l’anglais et Shakespeare dans un village qui avait de grands airs de paradis, Diarbékir. Et par le sceau de la chrétienté, l’un des rites religieux de la ville, à côté de l’Islam dont se réclame le sultan et qui va bientôt être prétexte à toute une série de massacres. Alors que les jeunes arméniennes peuvent s’instruire librement, et même jouer des pièces de théâtre, les musulmanes étudient chez elles et sont tenues éloignée de toute forme d’expression artistique. C’est la voie ouverte à ce que l’on appelle les massacres hamidiens, les milices locales et musulmanes ayant décidé d’islamiser les Arméniens chrétiens après que ces derniers ont réclamé l’égalité des droits avec les Musulmans.
Varte Hagopian n’avait rien de spécial pour devenir Rose de Diarbékir si ce n’est une volonté de fer et un talent pour l’art dramatique, ce sont les trois garçons ainés qui ont été investis et envoyés en Europe faire des études. C’est le quatrième frère qui est resté au pays pour devenir chef de famille. C’est la montée sur les planches à Constantinople, d’abord en tant que souffleuse, puis aux côtés de Sara Bernhardt que la jeune femme va montrer de quel bois elle est faite. La tragédie qu’elle se plaît à interpréter sur scène, grimée en, elle va la vivre de plein fouet lorsqu’il s’agira d’aider à sauver les siens, et bien d’autres arméniens et arméniennes. Ce récit très romancé a les odeurs et les couleurs de l’orient ottoman, d’un équilibre très précaire qui va tourner en bain de sang, et salle des horreurs, comme si les instincts primitifs ne pouvaient trop rester réprimés trop longtemps. Il a celui de la tragédie qui s’annonce dès le début par les pièces de Racine et de Shakespeare, qui s’exile et prend incarnation à Constantinople, donne naissance à une tragédienne plus vraie que nature, dépassant la fiction de toutes les tragédies, agir en tant que telle jusqu’à la toute fin.
C’est une page d’histoire inédite pour moi que j’ai lu ici, en suivant la courte vie de Rose de Diarbékir : l’histoire de l’Empire Ottoman, je m’en suis rendue compte, je ne l’ai toujours perçue qu’à travers la perspective européenne et les guerres qui l’ont opposé aux pays d’Europe centrale et du sud. Ici, depuis l’Anatolie, nous avons une perspective depuis le cœur même de l’empire, avec un Sultan qui a nettement contribué à sa chute, et des relations privilégiées entres les Arméniens et la France et sa culture. On remarque la résilience incroyable de la communauté arménienne, qui, depuis l’Anatolie jusqu’en France, renaît de ses cendres pour reconstruire, la famille, le foyer, le travail, tout en s’intégrant avec facilité dans le pays qui est le leur désormais, lui permettant à lui aussi de lui donner un nouvel essor.
Si l’histoire de Rose de Diarbékir que nous narre Corinne Zarzavatdjian est un mélange de personnages réels et fictifs, servie par une écriture très colorée parfois un peu trop romanesque, c’est un excellent biais pour aborder l’histoire de l’Arménie, asphyxiée par la domination des Ottomans puis des Soviétiques, et qui fait face aujourd’hui à un autre conflit avec ses voisins Azéris dans le Haut-Karabagh. Quoi qu’il en soit, c’est un bel hommage à la trop discrète culture arménienne, que je connais trop peu, finalement, et qui semble receler de beaux trésors littéraires.
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