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La tragédie de la déportation ne s'achève pas toujours avec la libération des camps. Derrière les barbelés et les miradors vides où des quarantaines sanitaires imposées par leurs libérateurs impuissants les consignent, des corps minés par la dysenterie et le typhus continuent de mourir.
Hormis les malades et les blessés dirigés vers les grands hôpitaux hâtivement aménagés pour les recevoir, à partir de la mi-avril, les rescapés seront généralement accueillis à Paris à l'hôtel Lutetia où ils passent la visite médicale et affrontent l'interrogatoire des divers enquêteurs avant d'aller se briser sous les étreintes trop fortes des leurs qui bien souvent ne les ont pas reconnus, ou subir l'inévitable assaut de parents angoissés qui leur plaquent sous les yeux des photos d'inconnus.
Tous les rapatriés ne survivront pas au choc émotionnel du retour. Pour la plupart des autres, à l'hospitalisation succédera une convalescence plus ou moins longue, prélude à une réinsertion difficile lorsqu'elle ne sera pas impossible.
À titre d'exemple, sur les quelque 1 700 déportés du convoi des Tatoués du 27 avril 1944, 833 seulement retrouveront leur foyer et moins de 600 y survivront durablement.
Dans les années 1945 on avait coutume de dire que nul n'était sorti des camps de la mort tel qu'il y était entré. On peut conclure aujourd'hui que la déportation a brisé bien des vies qui n'ont jamais pu jouir pleinement d'une liberté chèrement gagnée, des vies sans cesse repliées sur elles-mêmes, toujours à la recherche d'un passé révolu.
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