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Ce texte, que personne n'avait vraiment lu - sauf Antoine Court qui s'en est inspiré -, n'avait circulé au XVIIIe que sous la forme de copies.
Éditée en 1874, par un prêtre de combat dans le but de servir la mémoire de l'Église catholique, La Relation de La Baume est l'un des " classiques " de l'histoire camisarde. Le texte, achevé de rédiger en mai ou juin 1705, alors que les braises de la révolte rougeoient encore, appartient à ce que l'on nomme aujourd'hui l'histoire immédiate. Conseiller au présidial de Nîmes, La Baume est en prise directe avec les événements : il ne cesse de voir passer les accusés, les entend, les condamne à la torture et à la mort, assiste à leur exécution.
Et l'historien puise à foison dans les dossiers du juge. Vivant à Nîmes, il sait rendre l'atmosphère d'une ville presque enclavée en pays ennemi, les camisards étant partout à ses portes. Et surtout, il est aux premières loges lorsque Cavalier, Catinat, Salomon Couderc, se rendent au jardin des Récollets, en mai 1704, pour des entrevues historiques avec le maréchal de Villars et Basville, destinées à préparer leur reddition.
Il est le seul à montrer la foule qui cherche à baiser les mains de Cavalier, le seul à rapporter l'espoir têtu du jeune chef camisard, à la veille de l'exil, dans le rétablissement d'au moins un lieu de culte public dans le royaume. Sur l'extraordinaire rassemblement camisard à Calvisson, pour une semaine de culte presque permanent, il donne des informations que Court n'a pas cru bon de reprendre et qui font de l'épisode un temps fort de l'histoire du protestantisme dans la région.
De plus, la lecture de la copie conservée à la Bibliothèque nationale a permis de retrouver des additions dues au père Marc de Saint-Claude, donnant d'intéressantes précisions inédites. La Baume porte sur la guerre des camisards un regard à la fois juste et original, et en plusieurs endroits irremplaçable, a côté de ceux de L'Ouvreleul, plus complet, et de Court, plus soucieux de vérité. Né à Nîmes en 1644, mort à Marguerittes en 1715, Charles-Joseph de La Baume a été nommé conseiller au présidial de Nîmes en 1664, avant de faire partie des fondateurs de l'académie de Nîmes (1682).
Il a écrit beaucoup d'histoire, mais rien n'a été publié de son vivant. Sa Relation historique..., éditée en 1874, était introuvable depuis. Patrick Cabanel, professeur à l'université de Toulouse-Le Mirail, est un spécialiste de l'histoire des Cévennes et des camisards. Il a contribué notamment à la réédition des Mémoires de Court, du Fanatisme renouvelé du P. L'Ouvreleul, des Pasteurs du Désert de N.
Peyrot et de l'Histoire des troubles des Cévennes du même Court. Il a récemment dirigé avec Philippe Joutard les Camisards et leur mémoire, 1702-2002.
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