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Phallophanies, La chair et le sacré, expose une découverte. Une Chose, dans l'art chrétien, que personne n'avait encore vue, apparaît soudain : sur le corps du Christ baptisé ou crucifié surgit un fantôme phallique qui provoque le spectateur. Cette ombre singulière, restée jusqu'ici inaperçue, Alexandre Leupin en saisit la vérié à partir d'une toile de fond : la sacralisation du sexe et l'absorption du désir par les idoles du paganisme. Il passe ensuite par les figures essentielles de la théologie et de la psychanalyse.
Au terme de ce parcours, le phallus fantôme, tout de privation, soustrait aux sens (c'est pourquoi il a échappé à l'attention de tous jusqu'à ce jour) proclame dans la peinture la nouvelle que le christianisme nous intime quant au sexe : nous sommes un corps de chair réelle et précieuse dans sa déréliction même, nos passions sont incarnés sans retour, nous ne pouvons plus nous réfugier dans les pseudo-extases païennes ; si l'extase arrive, c'est en nous, dans notre corps singulier.
L'art chrétien, dans cette interprétation pionnière, est ce qui tente de nous arracher au fantasme, à l'imaginaire, au rêve païen, pour nous confronter réellement à l'impossible vérité; impératif qui déchire et divise notre être même et dont nous nous voulons rien savoir: le paganisme et ses idoles sont la forme indépassable de nos espoirs sexuels.
La très riche iconographie ici réunie, de la préhistoire à Georges Rouault, en passant par l'art byzantin et la renaissance italienne (Masaccio, Mantegna, Raphaël et Francesco Salviati) redit et excéde la théologie pour nous lancer au visage la vérité insupportable du sexe.
Si les peintres ont mis un perizonium (bien souvent une étoffe de drap grossière) sur ce corps, c’est qu’il y a quelque chose à dissimuler au regard des fidèles. Les Byzantins se sont trop longtemps interrogés sur le sexe des anges pour que, nous, ne nous penchions pas, un jour, sur le sexe du Christ. Son sexe, pas sa sexualité. Alexandre Leupin a cherché les représentations de ses attributs virils à travers l’histoire de l’art chrétien ; il a créé le néologisme de « phallophanie » pour désigner cette révélation mystique de la masculinité du Christ. Il montre à travers un certain nombre d’icônes comment les artistes ont contourné l’interdit ; ils parviennent à montrer ce qu’il fallait absolument cacher. Ils lui rendent en quelque sorte une visibilité, sans verser dans les excès de l’art païen. Ainsi l’épigastre de plusieurs christs en croix est une verge stylisée. Et que dire de ce célèbre « Christ mort » d’Andrea Mategna, avec son aventureux raccourci, où une protubérance du linceul est on ne peut plus explicite. Mais au-delà de cet inventaire (complètement perturbé par le crucifix de Michel-Ange), une véritable problématique se révèle : les rapports de la foi chrétienne avec le corps (et la sexualité) n’ont pas toujours été de la même nature, sans ce refoulement nécessairement castrateur des puritains de tous les acabits. On comprend mieux alors pourquoi la problématique du corps est devenue « la tarte à la crème » de l’art contemporain, sujet de toutes les censures. Et, à la lecture de ces pages, les rapports entre l’art et la psychanalyse se tissent rapidement, à travers l’étude de cette forme phallique. Forme largement représentée lors de l’antiquité puis refoulée dans la clandestinité, elle peut encore être un sujet de polémique en 2014.
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