Les politiques de libéralisation qui affectent depuis quelques années l'Afrique de l'Ouest comme d'autres parties du monde se sont accompagnées d'une renaissance de dispositifs de soutien aux secteurs privés.
Ceux-ci se sont multipliés à un rythme si rapide et dans un désordre si grand qu'il en résulte d'une part un déficit de connaissance sur les intervenants et les stratégies d'action en vigueur, d'autre part une certaine opacité quant à la mesure de leur efficacité. Ni les États, ni les bailleurs, ni les opérateurs de l'aide ne semblent maîtriser les outils et les effets de ces soutiens, au point que les logiques propres à ces institutions se déploient bien souvent sans rapport avec les attentes et les besoins des petits patrons.
Ce livre collectif est tiré d'enquêtes de terrain menées auprès de 600 petits entrepreneurs et d'une analyse interne d'une vingtaine de systèmes de soutien au Burkina Faso et en Côte-d'Ivoire. Ces deux pays présentent, aux plans de leur structure macroéconomique et des caractéristiques de leurs milieux d'opérateurs privés, des points de contraste suffisamment forts pour éclairer la diversité des situations prévalant, en Afrique de l'Ouest, dans le monde des entreprises et dans le domaine de l'appui.
L'étude est sous-tendue par une série d'interrogations qui ne laissent pas de troubler ceux qui s'intéressent aux contextes de développement et aux changements d'environnement : les choix arrêtés en matière de soutien aux entreprises tiennent-ils réellement compte des paramètres nationaux et locaux, notamment réglementaires et socio-économiques et des opportunités de croissance des secteurs privés concernés ? Dans quelle mesure les organismes d'appui intègrent-ils les multiples facteurs limitant la création ou l'essor des exploitations qui ne se réduisent pas, loin s'en faut, aux seuls problèmes de financement ? La prolifération des concours actuels garantit-elle contre les échecs largement avérés des dispositifs publics d'aide au cours des décennies passées ? Elément-clé des nouvelles politiques de développement, l'appui au secteur privé semble, dans l'immédiat, manquer son but et ses insuffisances alimentent l'éternel débat : faut-il cesser d'aider ou doit-on réguler ? Si le retour de l'interventionnisme est exclu, il faut aussi prendre acte des limites d'un libéralisme dépourvu de marchés, d'acteurs et de régulations.
Ainsi, entre appui et laisser-faire, la position des petits patrons africains est-elle l'une des plus inconfortables qui soit dans les systèmes socio-économiques contemporains du continent.
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