C'était un temps, pas si lointain, où le mot professionnalisme était banni dans le rugby. En conséquence, on jouait pour des clopinettes et en fin de carrière on était riche d'un carnet d'adresse plus que d'un compte en banque. Les agents faisaient alors la circulation plutôt que les intermédiaires.
C'était un temps, pas si lointain, où les oiseaux migrateurs étaient rares et regardés d'un oeil torve, un temps où l'on ne portait guère plus de trois maillots dans une carrière, celui des débuts, celui de l'épanouissement et celui de la pré-retraite auxquels s'ajoutait pour les meilleurs celui de l'équipe de France ou ceux de quelque sélection régionale appelée à rencontrer les équipes en tournée.
C'était un temps, pas si lointain, où ces maillots, ces couleurs, étaient synonyme d'engagement sans limite, d'attachement indéfectible et on y restait fidèle longtemps après l'âge du rangement des crampons.
C'était un temps, pas si lointain, où les vestaires étaient ouverts aux journalistes, où le langage n'était pas formaté, où les formules fleuries venaient pimenter les commentaires.
C'était un temps, pas si lointain, qui leur a permis de passer une belle jeunesse, de rencontrer leurs meilleurs amis comme leurs meilleurs ennemis avec lesquels ils ont fait la paix autour des bières bienvenues de la troisième mi-temps.
Tous ces braves, Asémistes vaccinés et mémoire vivante, ont plongé pour nous dans leur armoire à souvenirs pour en extraire des anecdotes, croustillantes, émouvantes, rigolotes, qui font ces «petites histoires d'anciens».
Pierre Bourduge
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