"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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L’IVG vient d’être inscrite dans la Constitution. Un long parcours avant d’en arriver là. Un parcours qui passe par les luttes des femmes dans les années 1970. Des luttes comme celles du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) qu’Annie Chemla retrace dans son ouvrage fort bien documenté « Nous l’avons fait - Récit d’une libération féministe ».
Car, il fut un temps pas si lointain où pratiquer l’avortement était passible de la peine de mort (loi du 15 février 1942 abrogée à la Libération), même si celle-ci était rarement prononcée – le dernier guillotiné le fut le 22 octobre 1943 pour avoir réalisé trois avortements.
Sous la forme d’un journal mêlant l’intime et le politique, l’autrice raconte d’abord sa libération personnelle d’un mariage qu’elle juge étouffant, la découverte de la liberté et de son corollaire la solitude, une solitude bien vite oubliée avec les rencontres de militantes et de militants car la jeune femme qui s’investit dans un nouveau métier rejoint vite le syndicalisme et les féministes de l’époque.
Défilent les grands mouvements, le MLF (Mouvement de libération des femmes), le GIS (Groupe information santé), Choisir – la Cause des femmes et, bien sûr, le MLAC ou plutôt les MLAC tant ses diverses antennes à Lyon, Marseille, Paris… étaient indépendantes les unes des autres. C’est au MLAC du XIIe arrondissement de Paris qu’adhère d’abord Annie, elle rejoindra plus tard celui de la Place-des-Fêtes dans le XIXe.
La méthode Karman (par aspiration du fœtus) est une avancée spectaculaire dans les méthodes d’avortement. Moins traumatisante que le reste, pouvant être effectuée par des non-médecins, présentant peu de risques, c’est celle qui va être utilisée pendant plusieurs années par les groupes a-légaux de militants du MLAC pour les femmes qui ne pouvaient faire le voyage en Hollande ou en Angleterre. On pensera peut-être à la chanson « Les nanavortées » du film d’Agnès Varda « L’une chante l’autre pas ». Et au procès de Bobigny en 1974.
Arrive enfin la loi Veil le 20 décembre 1974 qui autorise l’avortement, mais dans le cadre de l’hôpital ou de la clinique et avec de nombreuses conditions. Et c’est là que continuera le combat du MLAC, pour ne pas laisser le corps des femmes au monde médical. « Faire soi-même ensemble » est le maître-mot de ces militantes et militants.
Ne nous y trompons pas, ce livre parle des luttes féministes globales, en cela, il est un véritable manifeste politique. Pas seulement franco-français, partout dans le monde, des femmes subissent des exactions parce qu’elles sont des femmes. Et l’avortement est remis en cause dans certains États américains par exemple.
À quelques jours du 8 mars – Journée internationale de lutte pour les droits des femmes et non « fête de la femme » comme on rabaisse régulièrement cette journée – il n’est pas inutile de lire ce livre.
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