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2010. Après trois années en France, Janfida Bataman, une juge irakienne d'origine kurde, retrouve son pays laissé exsangue après l'intervention armée des États-Unis. Aussitôt enlevée par le parti Baas, qui projette secrètement de reprendre le pouvoir par les armes, elle est contrainte de fabriquer des bombes dans les sous-sols de la ville de Duhok.
C'est dans ce monde souterrain oublié de tous qu'elle fera la rencontre de Sari, Sharo, Anny et tant d'autres filles, soeurs et mères de ces hommes partis combattre aux côtés de Saddam Hussein, pour certaines abattues en prison ou vendues comme esclaves sexuelles.
De Souleimaniye à Erbil en passant par Bakouba, Jwan Awara fait battre le coeur du Kurdistan irakien au rythme de ces femmes oubliées. Un récit hypnotique aux narrations multiples, qui vient restituer une parole trop longtemps ravie aux femmes.
Jwan Awara nous raconte ici, dans un roman, l’histoire du personnage principal Janfida Bataman, juge irakienne d’origine kurde en charge des dossiers du droit des femmes. Janfida Bataman s’oppose à la corruption, quitte l’Irak, puis y revient après 3 ans passés en France. Enlevée par les hommes du parti Baas, elle est enfermée dans un sous-sol de Duhok.
Cette histoire se déroule après l’intervention des Etats Unis en Irak. Le parti Baas veut reprendre le contrôle du pays par les armes.
Dans ce roman, Janfida Bataman, est rarement nommée, elle est "Madame". Madame, enfermée dans des souterrains de la ville de Duhok, va devoir construire des bombes. Elle y rencontre des femmes, elle va les écouter, écouter le récit des violences qu'elles ont vécues, de l’enfer vécu, du calvaire vécu. Elle y entend l’horreur commise par les hommes et celles commises par des soldats américains. Il n’y a pas les bons et les méchants, la violence est de toutes les parties. Dans ces souterrains, les paroles des femmes vont se libérer, vont ressembler à des plaintes légitimes de toutes les horreurs, de tous les sévices, mentaux, physiques et sexuels qu’elles ont subis. Le comportement des geôliers, quel qu’ils soient, est absolument inhumain et nous montre, s’il en est besoin, les conséquences et dérives d’une répression dictatoriale.
Nous vivons à travers ce roman un voyage difficile, éprouvant, avec des descriptions à la limite du supportable. Malgré tout, dans ces murs de violence, nous apercevons des fenêtres de poésie.
Madame va réussir à s’échapper, à rejoindre l’Europe et va promettre de porter la voix de ces femmes pour qu’elles ne soient pas oubliées.
Ce roman est d’une puissance forte. Jwan Awara s’adresse directement à Janfida Bataman, il est donc écrit à la deuxième personne, ce qui qui lui confère une certaine étrangeté. Mais, passé ce côté inhabituel de la lecture, c’est comme si nous devenions les témoins d’une conversation. Nous suivons, avec l’histoire de ces femmes, une véritable plongée dans l’enfer.
Ce roman est à lire absolument pour ne pas oublier, pour aussi comprendre que dans toutes ces histoires, malgré les souffrances, subsiste l'humanité.
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