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La fête de Noël a pris une telle place dans notre monde qu'elle tend à éclipser celle de Pàques, qui est pourtant la fête des fêtes, le centre de l'année liturgique. Mais si Noël apparaît fondamentalement comme la fête de la lumière, le déploiement commercial qui l'accompagne dès les premiers jours de novembre tend à estomper son sens véritable : l'avènement du Christ, notre Sauveur.
Fête populaire, avec tout un folklore qui y est associé, Noël est une fête relativement récente, liée à la mise en place de l'Empire chrétien. Le chronographe la date de 354. Mais elle existait déjà avant, dès 330. En effet, « la célébration de Noël à Rome remonte aux alentours de 330 . Contemporaine de la construction de la basilique constantinienne de Saint-??Pierre, elle semble s'être primitivement localisée au Vatican, dirigeant vers le Christ les hommages que le peuple romain venait rendre sur la même colline aux divinités de l'Orient. Le choix de la date du 25 décembre (solstice d'hiver), les allusions explicites des Pères au symbolisme du Christ soleil de justice (M/4,2) et lumière du monde (Jn 8, 12) ne nous permettent pas de douter de l'intention qui fut celle de l'Église : opposer une fête chrétienne à celle du Sol invictus, qui était le symbole de l'ultime résistance du paganisme . » Initialement, la fête de Noël était liée à celle de l'Épiphanie (à laquelle nous avons consacré le numéro 80 de CPE), où le Christ est l'épiphanie de Dieu.
Dans ce numéro de Connaissance des Pères de l'Église, nous allons suivre la genèse de la fête de Noël, en nous attachant à ceux qui en ont le mieux dégagé le sens : Éphrem le Syrien, les Cappadociens, Augustin et Léon le Grand. En un premier article, Nicolas Egender nous introduit aux Hymnes d'Éphrem qui célèbrent le mystère de Noël et qui ne sont pas sans annoncer Romanos le Mélode, qui a largement marqué toute la chrétienté occidentale.
Puis, Raymond Winling dégage l'apport théologique de la prédication des Cappadociens pour Noël. Comme Augustin, ils mettent l'accent sur la dimension sotériologique du mystère de Noël et sur l'invitation à la divinisation qui est proposée. Mais il faudra attendre Léon le Grand, que présente Laurent Pidolle, pour que le mystère de Noël devienne sacramenlum dans la liturgie. Si les homélies de Léon le Grand sont de véritables joyaux, celles des Cappadociens et les Hymnes d'Éphrem ne le sont pas moins et nous invitent à entrer dans le mystère. D'une autre manière, picturale, cette fois, les moines de la Reichenau, fortement marqués par la lecture des Pères, nous ont laissé une remarquable enluminure sur Noël, que commente Louis Ridez et que nous reprenons en couverture de ce numéro.Marie-??Anne VANNIER
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