"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le plus beau fleuron de la prestigieuse histoire des Vikings s'appelle Islande.
C'est là, entre 874 et 1350, que s'est épanouie une culture sans aucun équivalent en Occident, qui a pu inventer une société, un type de politique, de législation, et surtout une littérature (Eddas, poésie scaldique, sagas, entre autres) qui défient l'entendement et forcent l'admiration. Tel est le " miracle islandais ".
En lecture, mon approche a toujours été plus proche du vagabondage que du balisage. J'écoute les conseils de mon entourage, accepte volontiers les prêts de livres, mais je n'en fait toujours qu'à ma tête. Je ne m'interdis aucun genre, aucun style d'écriture, aucun sujet et cette liberté convient très bien à ma curiosité naturelle. Cela engendre des passions éphémères (pléonasme ?) pour des sujets et des thèmes plus variés les uns que les autres. La dernière en date, c'est l'Islande et dès que l'occasion se présente, je fais le plein à la médiathèque la plus proche pour assouvir mon besoin d'évasion.
C'est donc en vagabondant que je suis tombé sur cet ouvrage de Régis Boyer, un spécialiste - malheureusement décédé - des langues scandinaves qui était essayiste, mais également traducteur. Si mes sources sont bonnes, il a travaillé notamment sur l'adaptation en langue française de romans de Karen Blixen. En tant qu'essayiste figure en bonne tête dans ses sujets de prédilection, l'Islande dont il était - au même titre que Georges Dumézil qu'il cite d'ailleurs abondamment même si ce n'est pas forcément pour aller dans le même sens - un grand spécialiste.
Soyons clair, mes connaissances sur l'histoire du pays étaient relativement minces avant cette lecture et j'ai eu quelques difficultés à réellement entrer dans le livre non pas à cause du traitement du sujet, mais du fait de la multitude des entrées proposées par l'ouvrage. En préambule, l'auteur nous explique d'ailleurs que cette collection permet justement d'aborder la lecture de façon thématique et donc de ne pas forcément lire de façon linéaire. Peut-être aurais-je dû suivre ce conseil, car il m'a fallu un temps d'adaptation, nécessaire pour ceux qui comme moi n'ont pas l'habitude de ce genre de lecture.
J'ai avancé lentement, me suis offert quelques récréations plus romanesque, mais j'ai continué la lecture. Je n'étais pas d'humeur à procrastiner trop longtemps et j'ai donc persévéré, me suis heurté à la phonétique, à la civilisation, à l'histoire, aux moeurs médiévales de ces Islandais là et la magie de la connaissance a fini par opérer - à peu près à la moitié de l'ouvrage - grâce, notamment, à l'évocation des sagas sur lesquels Régis Boyer appuie largement ses explications.
Dans le livre photos "Islande : Terre de feu, rêve de glace", les deux auteurs/photographes s'inspirent de "L'Edda" de Snorri Sturluson, un ouvrage datant du 13ème siècle, une inspiration qui m'avait intrigué. Grâce à Régis Boyer, j'en sais maintenant plus long sur ce mythographe et sur l'importance des sagas dans l'histoire du pays. En y repensant, c'est le cœur même de cet essai, car tout le savoir historique accumulé sur cette période émane de ces sagas.
Ce n'est bien évidemment pas la seule chose qui ressort de ces trois cents pages. Les chapitres sont régulièrement illustrés, ce qui aère la lecture et donne une vision plus concrète des choses. Certaines parties sont plus difficiles à appréhender que d'autres, mais globalement, chacune d'entre elles s'inscrit dans un tout cohérent, ce qui donne une impression d'exhaustivité. Détail d'importance, enfin, Régis Boyer était fasciné par son sujet et cela s'en ressent à chaque page. Il passionne son lecteur, l'épate par la cohérence de sa démonstration mais a tendance parfois à s'emporter, à s'autoriser quelques pics à l'encontre d'un confrère ou à se répéter comme s'il voulait asséner certaines informations qu'il érige comme des vérités inattaquables.
Il fallait bien quelques bémols pour rendre justice à cet ouvrage passionnant si tant est que l'on ose s'aventurer dans des territoires inconnus ou trop rapidement oubliés - la phonétique dans mon cas - des chemins parfois aussi sauvages pour le profane que peut l'être la nature islandaise.
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