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On peut être au coeur de la forêt et sentir néanmoins s'ouvrir sous ses pieds des profondeurs abyssales. On peut être sur la terre ferme et néanmoins se noyer...
Catherine se noie. Son père, son unique parent à qui elle tient plus que tout au monde, son « père-mère », son ami, son confident... son père est enfermé dans une cellule de la prison à sécurité maximale de Port-Cartier.
Michel Métivier, surnommé le « boucher de Baie-Comeau », ne doit pas en sortir avant une dizaine d'années. En attendant, sur les murs aveugles de son cachot, il dessine aux marqueurs fluo des créatures pélagiques, fantômes phosphorescents auxquels il consacre maintenant ses journées après avoir passé sa vie à empailler des animaux terrestres, ses trophées de chasse.
La réalité d'un milieu carcéral fédéral n'est pas de tout repos, et le danger couve parmi les autres détenus : criminels, maniaques, psychopathes, assassins...
De son côté, Catherine est en liberté mais vit dans une autre forme de prison. Crispée autour d'un secret qui ne sera révélé au lecteur qu'à la dernière ligne du roman, elle se coupe de tout : de son chum, de ses études, de ses plaisirs, d'elle-même. Entre ses rencontres avec la psy du cégep, ses visites à son père et ses piètres tentatives pour démontrer un semblant de normalité, elle perd pied, coule et se demande de plus en plus à quoi sert de lutter.
Le livre propose une structure en trois parties qui établit d'abord un présent tendu et mystérieux, puis qui remonte dans le temps pour donner accès à un récit de débâcle, tout en évitant soigneusement de dévoiler le coeur même du drame qui secoue Michel et Catherine ; la troisième partie, brève, percutante, montre en détail la scène qui a fait... tout chavirer.
Roman policier ? Oui. Roman psychologique aussi, et roman noir, ou plutôt roman en nuances de gris foncé.
Roman habile : assurément.
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