Blow up est un film à dimension philosophique qui interroge le statut de l'image. Antonioni part du constat que la photographie et le cinéma échappent au réel : à l'instar de la mémoire, il demeure toujours un instant, un entre-deux ou une ambiguïté, qu'on ne peut connaître et contrôler. « Blow up », qui signifie à la fois « explosion » et « agrandissement », est donc l'éloge de la fuite mais aussi du hasard : perception cyclique, fuite du sens, perte de la mémoire, disparition des preuves, mais aussi crise des représentations et de l'identité. C'est par une mise en abîme que l'auteur interroge les notions de surface et de profondeur, grâce à des procédés qui tendent à nous guider selon un fil conducteur bien précis. Mais Blow up, c'est aussi une efficacité redoutable qui vise à nous faire douter à tout prix de nos certitudes : déconstruction temporelle, ellipses et phénomènes hors champs, son absent ou décalé, discontinuité et artifice des décors, tendent à conférer au film une atmosphère d'inquiétante étrangeté, qui nous déstabilise ou nous met mal à l'aise. Dès lors, dans quelle mesure l'image dans Blow up a-t-elle une valeur de vérité ou de doute ?
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