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Julius Margolin - dont Le Voyage au pays des Ze-Ka a marqué tant de lecteurs lors de sa réédition il y a six ans -n'est pas l'homme d'un seul livre. Dès son retour d'URSS, il a consacré tous ses talents d'écrivain à sensibiliser l'opinion publique du futur État d'Israël et du monde au sort des détenus soviétiques et plus particulièrement des Juifs prisonniers en URSS (ce dont témoignent plusieurs des textes recueillis ici). Mais, dans son désir de comprendre les violences exterminatrices du e siècle, il a également consacré une très précieuse chronique au procès Eichmann, l'un des principaux acteurs du génocide des Juifs perpétré par les nazis.
Précieuse car l'on connaît le procès Eichmann moins bien qu'on ne le pense. Son contenu a été occulté par les polémiques sur la banalité du mal engendrées par la publication en 1966 du livre d'Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, dans lequel la philosophe restitue essentiellement les dépositions qui servent son propos. Pour Margolin qui a non seulement vécu dans son corps l'expérience de la violence politique, mais qui a tenté de la penser, tout comme il tente de penser son auxiliaire, le mensonge, il n'y a pas de banalité du mal.
Le présent recueil est construit autour des chroniques qu'il a consacrées à deux procèsretentissants : le procès Eichmann, donc, qui eut lieu à Jérusalem en 1961 et que Julius Margolin a couvert pour le Novoïé Rousskoïé slovo, journal des exilés russes publié à New York ; et le procès Rousset, qui s'est tenu à Paris en 1950, et qui opposait l'écrivain résistant David Rousset, rescapé de Buchenwald, au journal communiste Les Lettres françaises qui lui avait reproché d'avoir « inventé les camps soviétiques ».
Julius Margolin, qui comparait comme témoin au procès parisien, est certainement la seule personne à avoir suivi ces deux procès en étant concerné personnellement à la fois par la question des camps soviétiques, où il a séjourné pendant cinq ans, et par les violences nazies qui ont emporté une partie de ses proches (sa mère a été fusillée avec les Juifs du ghetto de Pinsk). La seule personne, dans la très nombreuse assistance de la salle d'audience de Jérusalem, à avoir fait l'expérience des répressions staliniennes et à avoir mesuré la chappe de silence qui pèse sur le versant soviétique du monde concentrationnaire. Loin de s'intéresser à Eichmann uniquement pour son rôle dans le génocide, il cherche à replacer ses crimes dans le contexte des violences des deux totalitarismes.
Dès lors, le procès Rousset et le procès Eichmann, placés ici en miroir, apparaissent comme deux événements clés pour comprendre ces phases de la terreur. Et Margolin n'hésite pas à comparer les deux totalitarismes, nazi et communiste.
Mort en 1971, il ne connaît pas les querelles d'historiens à ce sujet, de même que les historiens qui ont ré échi sur ces questions ignorent pour la plupart ses essais sur ce thème délicat. Pourtant, ces historiens n'auraient sans doute pas invalidé sa pensée. Car si, libre de tout préjugé, il n'hésite pas à revendiquer le droit de comparer les camps soviétiques et nazis, il ne succombe jamais à la tentation des rapprochements faciles et, partant, nous permet de redécouvrir à nouveaux frais ces questions que l'on croyait archivées.
C'est parce que ces textes proposent une ré exion sur la violence dans les régimes de terreur et, ce qui est tout aussi important, sur le consentement à la violence dans
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