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Jacques B. Gélinas poursuit ses écrits sur la globalisation financière et ses impacts sur les peuples dans ce livre sur l'origine et la nature du libre-échange d'aujourd'hui. Un libre-échange réinventé qui, en raison de son lien congénital avec le néolibéralisme, prend ici le nom d'un néologisme de bon aloi : le néolibre-échange. L'auteur montre comment, à partir des années 1980, l'idéologie néolibérale, qui affirme la suprématie du marché sur le politique, s'est institutionnalisé dans des accords économiques et commerciaux d'un genre tout à fait nouveau, dits de deuxième génération. Cette conception insolite de l'organisation de la société, où le politique s'incline devant les lois du marché, exigeait toutefois que les gouvernants signent leur propre renoncement. Ronald Reagan et Brian Mulroney ont ouvert la voie, en 1988, en signant l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis (ALE). Quatre ans plus tard, Bush père, Mulroney et Salinas de Gortari signent l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Ces deux ententes ont servi de modèle aux multiples accords négociés par la suite, tous sans exception, dans le plus grand secret, officialisant ainsi une hypercollusion entre le monde des affaires et les gouvernements. C'était la première fois dans l'histoire que des chefs d'État et de gouvernement consentaient, par contrat, à partager le pouvoir avec de puissants intérêts économiques. C'était la première fois qu'une telle collusion s'institutionnalisait ainsi dans des traités et devenait transmissible d'un gouvernement à l'autre, d'une génération à l'autre. Paradoxalement, à la tête du mouvement qui a rendu possible la mise en oeuvre de ces accords pionniers - l'ALE et l'ALENA - se trouvaient d'éminents souverainistes, qui ont ainsi contribué à affaiblir politiquement et socialement l'État du Québec qu'ils voulaient souverain, croyant que ce néolibre-échange allait servir leur cause. Sur le mode du récit et de l'analyse, Jacques B. Gélinas raconte la genèse du néolibre-échange, en définit la nature et montre la nette différence entre les accords de néolibre-échange d'aujourd'hui et ceux de première génération qui ont régi le commerce international pendant 40 ans, soit de 1948 à 1988. Mais devant le bilan désastreux du néolibre-échange pour l'environnement, la démocratie, la vie en société et la nature perverse du système économique qu'il a engendré, Jacques B. Gélinas ne sombre pas pour autant dans le pessimisme. En deuxième partie d'ouvrage, il explore ainsi les contours d'un modèle alternatif qui s'enracine déjà dans les interstices du système capitaliste en vigueur : le coopérativisme.
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