Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
En novembre 1924, un vent de colère a submergé Douarnenez. Trois mille ouvrières des sardineries ont décidé de refuser les cadences infernales, les salaires de misère, le travail des enfants, et ont initié ce qui restera la première et l'une des plus importantes grèves féminines du XX? siècle. Écrasées sous le poids des traditions religieuses et sociales, ces femmes ont pourtant eu le courage de se révolter. Mieux encore, emportées par ce tsunami libérateur, deux d'entre elles ont même osé s'aimer. Mais que restera-t-il de ce moment extraordinaire quand, une fois les revendications satisfaites, le combat prendra fin ? Avec force et délicatesse, Sophie Brocas retrace le destin de ces deux surprenantes héroïnes.
Douarnenez, fin 1924, le port breton de la sardine, de la pêche au conditionnement. Louise, jeune veuve de 24 ans, républicaine, communiste participe activement à la grève des sardinières (penn sardin) du 21 novembre 1924 au 6 janvier 1925; elle rencontre, Rose, jeune paysanne catholique de 17 ans, obligée de travailler à l'usine après la mort en couches de sa mère.
Sur fond historique de lutte sociale, de revendications du droit de vote pour les femmes, d'ébullition artistique à Paris, nous suivons le destin croisé de ces deux femmes si différentes qui vont s'aimer et se séparer, Rose se sentant coupable de vivre dans le péché et aspirant à devenir mère, une fois l'euphorie du combat pour de meilleures conditions de travail retombée.
Elles représentent deux conceptions de la vie des femmes de cette époque : celle dont la vie, le corps, les pensées appartiennent à leur mari, qui ne se conçoivent que dans le rôle de mère et d'épouse et l'autre qui réclame la liberté de choix, la reconnaissance pleine et entière de la citoyenneté qui passe par le vote.
Janvier 2025 marque le 100ème anniversaire de la fin de la révolte des sardinières de Douarnenez et la victoire qu'elles ont obtenue après cinq semaines de grève, qui fait encore la fierté des bretons. Après l'excellente BD "Le choeur des sardinières", découverte il y a quelques jours, je me suis tournée vers ce roman d'une auteure que j'apprécie puisque c'est le quatrième d'elle que je lis. Même si je suis consciente que nous sommes face à une fiction, je trouve que Sophie Brocas a pris quand même pas mal de libertés avec L Histoire qui auraient pu être évitées sans que le roman perde ni de sa force, ni de son intérêt; quelques exemples : la grève débute dans l'usine qui fabrique les boîtes de sardine et non dans une sardinerie, le maire s'appelle Le Flanchec et non le Flandez, c'est la veuve Quero, patronne de sardinerie qui accède la première aux revendications des sardinières et non la veuve Querradec et surtout le chant de ralliement des sardinières "Saluez, riches heureux" a été écrit par le poète roubaisien Henri Simoens (1841-1907) et non par Louise. Je trouve que ces travestissements sont une sorte de manque de respect pour ceux qui ont vécu ces évènements.
Enfin, la couverture un peu kitsch, elle aussi, aurait pu être plus fidèle à la réalité : les sardinières étaient en sabots et certainement pas en talons hauts, elle ne portaient pas la coiffe bigoudène mais un foulard dans lequel elles emprisonnaient le cheveux et, même si elles étaient soutenues par le syndicat communiste CGTU, à ma connaissance, elles ne brandissaient pas le drapeau rouge.
Mis à part, ces quelques points, le roman est très agréable à lire grâce à un style fluide et vivant et nous nous attachons à Rose et à Louise. Il rend hommage à toutes ces femmes qui ont dû lutter pour des droits qui nous semblent évidents maintenant et à la force de la sororité.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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