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Le dépôt de vaisselles de bronze d'Évans (Jura) a été découvert fortuitement en juin 1998 dans une doline proche de la vallée du Doubs. Ce lot exceptionnel de quarante-neuf récipients au moins représente à l'échelle européenne l'ensemble le plus important de vaisselles métalliques du Bronze final par le nombre et par la variété des récipients qui le composent. À côté de formes classiques comme les coupes et tasses de Kirkendrup-Jeniovice, de Fuchstadt et le chaudron, cet assortiment comprend en outre des récipients uniques, comme la jarre biconique, ou jusqu'ici connus en quelques unités seulement comme les bouteilles, les passoires et les puisoirs. Il constitue ainsi un référentiel typologique étoffé de cette catégorie de biens de prestige. Sa position géographique dans le contexte de la culture Rhin-Suisse-France orientale, très excentrée vers l'Ouest par rapport aux autres grands dépôts européens de vaisselles métalliques, constitue une nouveauté. Un bilan des vaisselles métalliques contemporaines représentées en France et dans le domaine lacustre suisse permet d'évoquer, à l'échelle de l'Europe, la complexité des pratiques de dépôt et de leur dynamique évolutive tant du point de vue de la chronologie que de la géographie. Le dépôt d'Évans offre l'opportunité de revisiter plusieurs questions, souvent débattues, quant à la fabrication, la diffusion et la symbolique de ces ustensiles particuliers dont la maîtrise technologique et les savoir-faire mis en oeuvre font ici l'objet d'un développement approfondi. Parmi les questions posées, celle de l'origine des vaisselles est primordiale pour la lecture et la compréhension d'un tel ensemble. Déjà illustrée par le dépôt de Blanot, la distinction entre une production « orientale » et une production « occidentale », ne vient pas ici à l'encontre des hypothèses déjà émises, bien que l'approche du cheminement de ces produits à l'échelle de l'Europe, ainsi que celle des modèles et des copies et des transferts de technologie, restent encore largement ouvertes. À cet égard, les différents modèles de coupes et tasses de Kirkendrup-Jeniovice, qui représentent ici les deux-tiers de l'ensemble, constituent une base d'analyse privilégiée. Le dépôt d'Évans nous invite aussi à nous interroger sur l'aspect social des dépôts de vaisselles de prestige. Offrandes aux divinités, services d'apparat ou liturgiques pour les uns, récipients « désacralisés » incorporés par fragments dans des dépôts de recyclage pour les autres, ces assemblages non aléatoires sont au centre de plusieurs pistes d'interprétations et d'interrogations qui peuvent refléter tout à la fois des aspects fonctionnels et symboliques, et se distinguer par la diversité du choix et de la disposition des objets qui les composent. Dans une logique d'appropriation et de sacralisation des territoires, la position du dépôt d'Évans, sur deux axes majeurs de franchissement du Jura central et de circulation entre Rhône et Danube, nous conduit enfin à replacer cet ensemble hors norme dans son contexte territorial et culturel, au contact des différentes zones d'influence des groupes de la culture Rhin-Suisse-France orientale aux XIIe-Xe siècles avant notre ère.
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