80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
Le conquistador sans conquête de Charles Quint vit sa dernière année dans une modeste demeure sévillane. Sous couvert de lui faire vérifier des cartes du Nouveau Monde, une bibliothécaire charmeuse sollicite le vieillard sentimental, lui offrant du papier filigrané à ses armes. C'est qu'elle espère le récit des années escamotées dans ses Naufrages. Et le chimérique gouverneur du rio de La Plata de libérer sa mémoire pour des révélations qui bien souvent mettent à mal l'histoire officielle de la Conquête. C'est ce manuscrit imaginaire qui nous est rendu. L'infatigable voyageur qui a parcouru, pieds nus, 8 000 kilomètres, lutté contre l'inceste et la polygamie, aboli l'esclavage, avoue l'inavouable osmose avec la culture indigène. Nature matricielle, magie, fusion avec le cosmos, plaisir des sens, contre barbarie espagnole, fièvre de l'or, croix inquisitrice et épée tolédane. Par amour, il a jeté un pont entre deux terres aux antipodes l'une de l'autre et qui ne devaient simplement pas se rencontrer. Son nom restera dans l'histoire. A-t-il à lui seul, comme le pensait Henry Miller, racheté tous les crimes des conquistadors ? Une seule évidence : l'hidalgo andalou, né riche et heureux, est mort pauvre et seul, mais probablement amoureux.
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