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Bonheur-Park, c'est une île merveilleuse où tout le monde est gentil, où l'eau fait invariablement 26°, où la doucette, breuvage généreusement distribué, fait oublier à chacun son stress et ses malheurs. Les "temps radieux" sont en route, avec bonheur obligatoire, programmé par "les plus hautes autorités" et rendu possible par les travaux de Pior Chomsky, créateur des anges gardiens "réalités virtuelles" chargées de veiller au bon fonctionnement de ce bonheur.
Par ailleurs, le groupe politico-esthétique "Lénine Dada" fait dans le terrorisme sanglant. Et puis les "temps radieux" ne vont pas sans quelques bavures, et Pior Chomsky n'aime pas ce qu'on a fait de ses anges.
Rodolphe boucle en virtuose sur un espoir fragile, mais espoir quand même ce thriller futuriste d'autant plus terrifiant qu'il est parfois très proche de notre présent, où sévit déjà, en plus discret, ce culte hystérique d'un bonheur vide de sens.
Le dessin de Bignon, élégant et incisif, se montre aussi efficace dans les scènes d'action que dans les atmosphères plus intimes. Quant aux dessinateurs qui ont achevé l'album, ils ont réussi à se fondre dans le sujet avec le talent qu'on leur connaît, tout en apportant leur touche personnelle. Et puis cet album nous offre, en supplément, quatre pages contenant les derniers crayonnés de Bignon et le témoignage de Rodolphe souvenir indispensable d'un grand dessinateur et ami.
Cet album a forcément quelque chose d'unique. Il est fait d'amitié et d'émotion, il est la réponse magnifique à l'une de ces vacheries que la vie vous réserve. En effet, huit planches restaient à dessiner quand Alain Bignon est mort brutalement, le 17 octobre 2003. Que faire ? Abandonner ? C'était abandonner Alain et les lecteurs. Alors, sous l'impulsion de Rodolphe et des éditions Dargaud, quelques uns des amis d'Alain Bignon, dont le graphisme pouvait s'accorder au sujet, ont achevé l'album. Le relais a donc été pris par Annie Goetzinger (page 37), Maucler (38), Leo (43), Ferrandez (44), Juillard (45), Rossi (46), Mézières (47) et Cabanes (48). Rossi a également finalisé le story-board, Tranlé a achevé la couleur et Guarnido a signé la couverture. Quant aux pages 39-40-41-42, Bignon les avait terminées les dessinateurs ne travaillent pas toujours dans l'ordre.
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