Il fait nuit et seule la piste est éclairée. Les filles dansent et les hommes viennent se faire essorer le porte-monnaie. Au bar, Alexandre a les yeux fatigués. Il ne dort pas mais n'en voit pas assez. Alors bien sûr, le drame rode derrière les rideaux du club, bien sûr on ne sort pas entier de la nuit. On le sait mais ça n'empêche pas de s'y frotter encore. La Pute et l'Insomniaque est d'abord une chronique vacillante, un récit au bord du vide, nourri de honte, de peurs et de colères. Il conte la confrontation de ceux qui savent et de ceux qui ne savent pas jouer. L'écriture de Michaël Perruchoud est à la fois ciselée et inventive. Aux phrases sèches, succèdent des formules qui sonnent si bien en bouche que l'on se surprend à les souligner ou à les noter, pour ne pas les oublier. Ne nous y trompons pas. La Pute et l'Insomniaque est un vrai roman noir. Les magouilles pullulent en coulisse, mais Alexandre en naïf idéal est bien loin de se douter des tragédies qui se trament. Mais la mécanique du récit n'est finalement qu'un prétexte pour nous promener dans une petite cour des miracles, le quotidien d'une boîte minable où le champagne est frelaté et le coït incertain. Michaël Perruchoud signe son sixième roman. Feuilletoniste, chansonnier, écrivain, il poursuit une oeuvre forte et originale qui n'a que peu d'équivalent dans la littérature contemporaine.
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