"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1986, dans une ferme non loin de Pretoria. La famille Swart fait ses adieux à la matriarche, Rachel. Avant de mourir, Rachel a fait une promesse : léguer à Salome, leur domestique noire, la maison dans laquelle elle vit. Cette décision divise le clan et la solennité du deuil ne parvient pas à masquer les dissensions qui se font jour. Les langues se délient, les rancoeurs et les convoitises s'exacerbent au point de faire voler en éclats les liens qui unissent les uns et les autres. Cette promesse doit-elle être tenue et à quel prix??
Le roman suit les Swart sur trois décennies, de 1986 à 2018. Alors que l'Afrique du Sud se transforme profondément, le racisme et la violence s'infiltrent encore partout, jusque dans la vie intime de chacun. À travers le déclin d'une famille protestante, c'est toute l'histoire d'un pays que Damon Galgut dessine en filigrane dans une langue virtuose qui nous fait entendre les voix de chacun de ses personnages.
Quatre enterrements et une promesse …
L’histoire débute en 1986 en Afrique du Sud. Amor est emmenée du pensionnat par sa tante après avoir appris la triste nouvelle : sa mère, Rachel (Ma), vient de mourir des suites de son cancer.
A la ferme où habite la famille Swart, tout le monde est là quand Amor rappelle la promesse que Manie (Pa) a faite à Ma sur son lit de mort : léguer la petite maison au fond du terrain à Salome, la servante noire qui l’occupe déjà et qui se démène corps et âme pour la famille depuis des années.
Mais la promesse n’est pas honorée à la mort de Ma, avec l’excuse que les lois de l’Apartheid ne le permettent pas. De décès en décès, d’héritage en héritage, Amor, seule témoin de cette promesse, n’aura de cesse de rappeler à sa famille le vœu de leur mère devenu le sien.
C’est donc cette promesse qui va servir de fil conducteur pour raconter, sur trois décennies, l’histoire d’une famille d’Afrikaners où règne la discorde et, à travers elle, l’histoire d’un pays tout entier dont le processus de réconciliation n’a pas réussi à éradiquer le racisme, entretenu aussi par les communautés religieuses. Une promesse de réconciliation non tenue !
J’ai mis un peu de temps au début à m’habituer à la narration qui change parfois d’une ligne à l’autre tout en restant relativement fluide et finalement c’est cette même narration qui m’a fascinée tant elle utilise un rendu très juste des pensées et des idées des personnages en se permettant aussi par moment de s’adresser directement au lecteur, non sans ironie. Les protagonistes noirs tiennent peu de place dans ce roman, apparaissant seulement à de rares occasions, ce qui dépeint admirablement la conjoncture d’un pays dans lequel les noirs sont tenus à distance.
Ce roman a été récompensé par le Booker Prize 2021 à juste titre car Damon Galgut nous offre un récit puissant et engagé à une époque où la discrimination raciale est en recrudescence.
Alors que la famille devrait, dans l'idéal, être un cocon d'amour et de protection, celle des Swart est un assemblage hétéroclite d'individualités pleines de rancœurs. Seule l'étrange Amor échappe à cette catégorie.
Nous sommes en 1986 non loin de Pretoria. Rachel, la mère encore jeune, meurt des suites d'une longue maladie. Elle est enterrée selon la tradition juive. Au grand désespoir de son mari, adepte de l'Église réformée néerlandaise
Amor, la cadette de la famille, est extraite de son pensionnat par son horrible tante, sœur de son père et bigote forcenée.
Avant sa mort, Rachel a fait promettre à son époux de donner à Salome, l'employée noire des Swart, la maison qu'elle habite.
Amor a assisté à cette ultime conversation et le non-respect de ce serment va constituer le fil rouge de ce récit qui court sur trois décennies.
Et c'est elle, de retour sur les terres familiales à l'occasion d'événements tragiques, qui rappellera inlassablement, comme un mantra, la trahison originelle, trahison elle-même source de la malédiction qui pèse sur les Swart.
Avec un ton original et un humour noir féroce et parfois très cru, Delmon Galgut a composé une fresque saisissante sur son pays rongé par la violence à la fois familiale, politique et sociale où la religion offre un certificat de respectabilité à des individus dont la vie est peu conforme aux principes de vertu qu'ils revendiquent et pour lesquels l'abolition de l'apartheid en 1991 va menacer les privilèges accumulés sur le dos des plus faibles en toute impunité.
EXTRAITS
Ils ne me voyaient pas, j'étais comme une Noire, pour eux.
Vous pensez que le péché d'adultère est pire, mon père, quand il est commis avec un Noir ?
Le problème de ce pays, […] c'est que certaines personnes refusent de tirer un trait sur le passé.
Le temps passe différemment chez les exclus du monde.
Le taux de fornication a grimpé de façon spectaculaire dans tout le pays le soir de la démission de Zuma.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-la-promesse-damon-galgut-lolivier/
Ce roman, c’est celui de la famille Swart, les parents et les trois enfants dans leur ferme quelque part du côté de Pretoria en Afrique du Sud.
Sur une trentaine d’années nous allons les suivre dans ce pays marqué par l’Apartheid. Ce roman mélange une multitude de thèmes : la famille, le racisme, la religion, la propriété terrienne ou encore la mort. Ou quand l’histoire rencontre l’Histoire.
La construction du roman est bâtie sur chacun des membres de cette famille, à tour de rôle. Seule Amor, la petite dernière, foudroyée lorsqu’elle était jeune, traverse le roman en apesanteur, œuvrant tout du long pour que la promesse soit tenue.
Tout s’emmêle et tourne autour de cette dernière, entraînant dans son sillage des personnages secondaires singuliers (le prêtre, le personnel de maison …).
Il y a du rythme dans ce roman étonnant où les tensions sont palpables, les secrets pesants et les calculs pas toujours bons. Une certaine nostalgie aussi me semble -t-il. Non pas celle de l’Apartheid, mais celle d’un pays qui, en 1991, réussit à abolir le régime ségrégationniste pour finalement sombrer dans un régime corrompu. Comme celle de la famille Swart, propriétaire aide d’une femme florissante qui périclita au fil des ans. Jolie métaphore !
L’écriture pourra en dérouter certains. Moi elle m’a charmée par sa maitrise, son exigence, parfois drôle mais toujours grave et tout en finesse.
Quel roman passionnant et original.
En 4 longs chapitres, chacun centré autour de la mort d’un des membres de la famille Swart, nous découvrons l’Afrique du sud à 4 dates importantes.
Dans chaque chapitre, nous entendons tour à tour les voix des personnages et celle du narrateur dans un imbroglio maitrisé.
J’ai aimé les personnages récurrents autour de la famille : Tannie Marina et son mari Ockie que l’on voit vieillir ; le père Alwyn Simmers qui profite de la crédulité de Pa pour lui soutirer de la terre.
Et Salome, la bonne noire sans chaussure qui a élevée les enfants et qui vit dans une maison délabrée à la lisière de la propriété.
J’ai aimé Amor, la dernière de la fratrie, qui a été frappée par la foudre en haut de la butte, qui a depuis les plantes des pieds brûlées et à qui il manque un doigt de pied. Amor qui dans sa vie professionnelle prend soin des corps.
J’ai souri à chaque nouveau chapitre, car le mort dudit chapitre veut être enterré selon un rite bien précis.
Un roman qui parle de tant d’autres choses encore et dont j’ai aimé les changements intempestifs de focalisation.
L’image que je retiendrai :
Celle du pays devenu La nation arc-en-ciel au fil des années.
https://alexmotamots.fr/la-promesse-damon-galgut/
Les quatre décennies qui rythment ce roman riment aussi avec les retrouvailles ponctuelles d’une famille autour des cercueils de leurs proches. Quatre saisons, quatre enterrements. La mère, le père, une soeur, puis un frère disparaissent, tandis qu’Amor, la dernière survivante s’accroche à la promesse fait par sa mère sur son lit d’agonie, de léguer la maison familiale à Salome, leur domestique. Même si de longues années ont passé, que la maison s’est dégradée, et que le cadeau est sans doute empoisonné, Amor aura en tête tout au long de sa vie de respecter les dernières paroles de sa mère.
Cette histoire familiale assez bancale s’inscrit dans le cadre de l’histoire mouvementée de l’Afrique du Sud. On perçoit l’évolution des lois que suit à distance l’évolution des moeurs. Les statuts changent mais en pratique, chacun reste à sa place…
Évocation du temps qui passe et accomplit son oeuvre de destruction, sur les coeurs et les âmes, alors que s’accrochent en vain les racines d’un pouvoir vain.
C’est l’intérêt de ce roman, plus que le sort de cette famille disparate qui ne présente que peu d’originalité.
Lu sans déplaisir mais pas inoubliable. Certaines formules intriguent :
"La déception de la femme est presque palpable, comme un pet lâché à la dérobée !"
L’analogie est obscure…
A l’occasion du premier book-club du groupe Instagram du Prix Bookstagram, la lecture commune consistait au livre « La promesse » de l’auteur sud-africain, Damon Galgut, paru aux Editions de L’Olivier. Novice en matière de littérature sud-africaine, je me suis dit que c’était l’occasion d’étoffer mes connaissances et ce livre m’a fait littéralement voyager.
Cette saga familiale se déroule sur plusieurs décennies à partir de 1986. Tout commence avec le décès de la mère de la famille Swart, dans une ferme près de la ville de Pretoria. Alors que Rachel était de confession juive, son veuf, protestant calviniste, va devoir reprendre seul l’exploitation familiale et élever ses trois enfants. Une lancinante question de donation d’un bâtiment sur leur domaine va empoisonner la vie de cette famille durant de nombreuses années.
Le livre est subdivisé en quatre grandes parties, chacune consacrée à l’un des quatre personnages restants entre le père, ses deux filles et son fils. A côté de ses protagonistes principaux, le reste de la famille n’est pas en reste. En plus d’être consacrés à ces derniers, des sauts dans le temps sont effectués entre ces subdivisions, permettant de vivre différents moments de leurs existences.
Une écriture très singulière vous atteindra dès les premières pages. En plus d’une narration à la première personne du singulier pour les différents personnages, une tierce voix à la troisième personne du singulier ponctue les chapitres, offrant une singularité encore jamais trouvée au travers de mes lectures. Cela nécessite beaucoup d’attention mais une fois habituée, j’ai pu mieux m’intégrer au sein de l’histoire.
Lauréat du prestigieux prix Booker Prize 2021, ce livre m’a fait découvrir le quotidien de cette famille afrikaner d’abord en plein durant l’Apartheid et m’a fait évoluer en leur sein, au même titre que la société sud-africaine a elle-aussi connu des changements radicaux.
Je tiens à saluer l’excellent travail de traduction effectué par Hélène Papot, permettant une lecture fluide et agréable.
Le dernier roman de l'un des plus importants écrivains sud-africains raconte le destin tragique d'une famille de Blancs, au coeur du veld près de Pretoria.
Quand le récit commence, nous sommes en 1986, et Amor, la plus jeune des 3 enfants Swart, revient à la ferme familiale pour assister à l'enterrement de sa mère, Rachel. Quelques semaines avant de mourir, celle-ci a demandé à son mari de lui faire une promesse, qui va chambouler le destin de la famille Swart.
On assiste ainsi au délitement de cette famille sur 3 décennies, autour de quatre enterrements et de cette promesse. Racisme, cupidité, cynisme, solitude, désillusion...les maux des Swart s'enchaînent pendant qu'en arrière-plan émerge le rêve d'une Afrique du Sud arc-en-ciel qui, elle non plus, ne tiendra pas forcément ses promesses.
Au-delà de la galerie de personnages forts et de la construction maîtrisée, la réussite la plus éclatante du roman, c'est la narration : en effet le narrateur, tantôt interne tantôt externe, pénètre dans l'intimité de chacun des personnages, dans une alternance continue de points de vue. Par ailleurs, l'humour du narrateur, sa manie d'interpeller les personnages ou le lecteur, font s'effondrer le quatrième mur, qui n'entretient plus l'illusion de la fiction, amuse et surprend continuellement. C'est décalé et totalement génial alors même que Galgut dit l'angoisse de la mort que chaque enterrement matérialise, la faiblesse de nos corps, les égarements de la religion. Un vrai coup de coeur !
Dans le genre portrait d'une tragédie familiale et narration virtuose, j'ai beaucoup pensé à deux chefs-d'oeuvres de littérature US : "Le bruit et le fureur" de l'immense Faulkner et "Et quelques fois j'ai comme une grande idée" du génial Kesey.
Dans la lignée de ces deux grands auteurs, Galgut est décidément un romancier à suivre.
Afrique du Sud. C’est dans une ferme perdue au milieu de nulle part, entre herbes sèches et butte dominant le veld, que vivent les Swart. Ils sont 5 : Rachel et Manie, les parents, Anton, Astrid et Amor les enfants. Cette famille, aux liens fragiles, se retrouve quand un membre disparaît. Chargés en émotions, ces rendez-vous sont souvent manqués. Chacun enfermé dans sa douleur, dans ses silences, dans ses colères, ils se heurtent aux absents…
Le roman de Damon Galgut est impressionnant de maitrise. C’est avant tout l’écriture qui frappe dès les premières pages. On est tout à tour spectateur, confident, protecteur… L’ambiance, distillée par petites touches, nous plonge au cœur d’un drame familial. Entre vies et morts, on suit les Swart dans leur chute, leurs chagrins, leurs difficultés à trouver la place, le rôle, qui leur permettrait d’être simplement heureux…
Les 4 grands chapitres qui façonnent le roman ont tous cette promesse qui les lie. Quelques mots soufflés au chevet d’un corps qui se meurt, quelques mots insignifiants qui disparaissent dans le silence.
Pour la cadette, Amor, l’invisibilité est une seconde peau. C’est pourtant elle qui cherchera à ce que cette promesse prenne vie.
Cette famille, fragilisée par les absences, les mensonges, les silences, aura beaucoup de mal à s’entendre, s’écouter, se soutenir. On assiste, impuissant, à leur déchirure.
Si j’ai été subjuguée par l’écriture de l’auteur, si j’ai été touchée par Amor et sa solitude, si j’ai apprécié les grands espaces et les épisodes tourmentés de l’histoire de l’Afrique du Sud, je regrette tout de même un manque de profondeur. J’aurai aimé creuser les personnages, leurs liens invisibles, combler les blancs de toutes les années non évoquées…
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