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Un jeune homme travaille aux côtés de son père dans l'exploitation familiale située au nord de la Norvège. Orphelin de mère, Hans a grandi au coeur de ce paysage d'une beauté inouïe, où l'on répète les gestes de ses ancêtres dans le respect des traditions et des saisons, mais aussi plein de mystères : jadis, on exposait les têtes de sorcières supposées sur la minuscule île à l'extrémité de la propriété. Lorsque son père meurt, Hans se retrouve seul face à un monde qu'il croyait immuable mais qui s'avère en pleine mutation. Les épicéas apportés artificiellement ici s'infiltrent partout, la sécheresse s'abat sur la région et devient le nouveau fléau du monde paysan, s'ajoutant à celui de la solitude.
Un jour, sa ferme est inspectée par une jeune femme de l'Agence nationale de sécurité alimentaire, Sylvi. Ils tombent amoureux et font face ensemble aux bouleversements de cette terre qu'ils chérissent. Le manque d'eau et les coupures d'électricité deviennent la norme en été, Hans se retrouve en difficulté pour nourrir ses vaches laitières. Et puis Sylvi tombe malade...
En seulement deux générations, La nouvelle saison donne à voir un monde dont la beauté et la survie se trouvent menacées. À la fois grand roman écologique et magnifique histoire d'amour, sept ans après Vous n'êtes pas venus au monde pour rester seuls, Evjemo offre une nouvelle et bouleversante variation sur le thème de la solitude contemporaine aux confins septentrionaux de l'Europe.
Traduit du norvégien par Terje Sinding
« La nouvelle saison » aurait pu également s’intituler « La nouvelle génération », Eivind Hofstad Evjemo nous sensibilise, à travers ce roman, sur le délitement des conditions climatiques et par répercussion sur celui des conditions de vie de la nouvelle vague des travailleurs du monde agricole.
Hans Junior se retrouve seul à exploiter le leg familial. Après le décès de sa maman il y a bien longtemps, il vient de perdre son papa, Hans Senior, qui gérait la ferme selon son idée, un peu à l’ancienne sans trop d’innovations. Il a, peut-être, attendu trop longtemps pour passer le flambeau. Seul, Hans Junior a la nostalgie du passé, il est désabusé, désœuvré. Pourtant il aime son métier et ce cadre idyllique où il s’active, un paradis, ses pâturages surplombent un magnifique fjord parsemé de petites iles dans le nord de la Norvège.
Déboule Sylvi, une intruse, une inspectrice, il ne manquait plus que cela. Elle note quelques dysfonctionnements qu’il faudra corriger, mais surtout l’abattement de l’exploitant qui, toutefois, semble de bonne volonté. Lors de la visite de contrôle, quelle surprise ! toutes les anomalies ont été résolues. Cela touche notre enquêtrice au cœur tendre. Elle a reçu une formation de vétérinaire et est très attachée au bien-être du monde animal. L’affection que porte Hans Junior à ses bêtes autant que sa gaucherie ne tardent pas à l’émouvoir, c’est l’étincelle, l’amour est dans le pré !
Sylvi ne tarde pas à s’installer à la ferme, guidée par son attachement pour Hans, mais aussi pour fuir la lassitude de son métier actuel auquel s’ajoutent des interventions vétérinaires, parfois bénévoles, car elle ne sait pas refuser quand il faut guérir ou sauver une bête. Le moral de nos tourtereaux est au beau fixe, des idées de tourisme vert naissent dans leur tête et la pétulante Sylvi s’évertue à transformer les lieux pour les rendre accueillants et gommer les vestiges du passé.
La fatigue ne quitte plus Sylvi, sa rencontre avec Siriporn apparait comme une bouée de sauvetage. Siriporn est Thaïlandaise, une voisine, l’amie de Johan, le cousin d’Hans, avec qui il n’a plus trop de relation depuis un drame survenu dans leur jeunesse. Les massages de l’asiatique sont un bienfait et ce lien social coupe l’isolement toujours pesant en ces contrées peu peuplées.
Mais voilà, la nouvelle saison arrive, catastrophique, une chaleur écrasante. Les camions-citernes ne viennent plus récolter le lait mais apportent de l’eau pour abreuver le bétail. Les récoltes sont dérisoires. Les illusions se perdent et dans la tête de Hans c’est tout son monde qui vacille.
J’ai particulièrement aimé la proximité avec la nature, on se croirait transporté dans ce cadre somptueux. On ressent beaucoup d’empathie pour nos deux héros Hans et Sylvi et leur sensibilité à la biodiversité. La seconde partie du roman, beaucoup plus sombre, nous alerte sur l’usure physique et psychologique des travailleurs de la terre.
Remerciements aux Editions Grasset
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