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Jour de ressac

Couverture du livre « Jour de ressac » de Maylis De Kerangal aux éditions Verticales
  • Date de parution :
  • Editeur : Verticales
  • EAN : 9782073054975
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

«Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de... Voir plus

«Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs.»

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Avis (4)

  • Ah, l’écriture de Maylis de Kérangal, ces phrases qui s’enroulent sur elles-mêmes, se tordent, se déploient … Et ces mots pleins de minéralité, de matière, de substance. Du brut, de l’organique, du primitif. Lire un texte de Maylis de Kérangal, c’est vivre une espèce de corps à corps sensuel...
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    Ah, l’écriture de Maylis de Kérangal, ces phrases qui s’enroulent sur elles-mêmes, se tordent, se déploient … Et ces mots pleins de minéralité, de matière, de substance. Du brut, de l’organique, du primitif. Lire un texte de Maylis de Kérangal, c’est vivre une espèce de corps à corps sensuel avec le monde. Tu te prends de la poussière, du vent, du béton. Bonne idée, Le Havre, pour ça ! (Tiens, un jour il faudra que je vous raconte ma visite du Havre sous la pluie avec ma fille… hein, tu t’en souviens Pauline comme tu m’avais bousillé ma journée, mon appartement Perret, moi qui rentrais dans tous les halls d’immeubles pour en admirer les boîtes aux lettres…) Elle sait rendre les lieux, Maylis, les dire, en extraire la substantifique moelle. Elle est douée aussi, pour vous balancer dans un monde inconnu : celui des transplantations cardiaques, des décors en trompe-l’oeil, des fabrications de ponts. Tu n’y connais absolument rien et tout d’un coup, ça devient ta plus grande passion. T’as juste envie de prendre tes pinceaux ou de t’inscrire au conservatoire d’art dramatique pour apprendre les techniques du doublage... Et elle t’offre tous les mots qui vont avec et qu’elle est allée chercher un par un, du plus simple au plus tordu... et tout cela nous régale et on en redemande ! Je raffole de tout ça, de tous les trucs estampillés « Kérangal », toujours les mêmes, dans chaque livre, toujours aussi délicieux...
    Pourtant là, j’ai mis du temps à comprendre ce qui ne passait pas. Il y avait un truc qui coinçait et qui faisait que non, cette fois-ci, ça ne prenait pas vraiment. Je lisais le texte « de loin » sans vraiment rentrer dedans. Il m’a fallu deux lectures pour comprendre. En fait, j’ai eu l’impression de lire une espèce de patchwork mal cousu, des textes conçus séparément et mal lissés, mal ficelés. Des morceaux disparates, un peu trop dans l’air du temps et dont à vrai dire je n’ai pas toujours bien vu l’intérêt ... Et pire que ça, j’ai senti parfois que l’on frôlait le cliché… Horreur… Ah, le départ dans la nuit de la narratrice et de son mari roulant en vélo électrique sur la piste cyclable le long du canal de la Villette… Je ne suis pas foncièrement allergique aux vélos électriques (en tout cas, nettement moins qu’aux trottinettes) mais franchement cette fin un peu bobo-parisien-les-cheveux-dans-le-vent…
    « Jour de ressac » ne m’a pas séduite. J’ai trouvé ce texte convenu et pas très original dans le fond.
    Elle tenait pourtant l’incroyable thème du doublage. Ahhhh, elle l’avait son truc ! Il aurait fallu sans aucun doute creuser de ce côté là.
    Le Havre ok, le vent, la mer, le passé, la guerre, l’amoureux oui oui…
    Mais le doublage quand même ç’aurait été tellement mieux !

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  • Je vais aller droit au but, je n'ai pas aimé ce roman et m'y suis souvent ennuyée.
    La découverte du corps d'un homme qui n'a sur lui qu'un ticket de cinéma portant son numéro de téléphone ramène la narratrice, parisienne, doubleuse de cinéma, au Havre, où elle a passé son enfance et son...
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    Je vais aller droit au but, je n'ai pas aimé ce roman et m'y suis souvent ennuyée.
    La découverte du corps d'un homme qui n'a sur lui qu'un ticket de cinéma portant son numéro de téléphone ramène la narratrice, parisienne, doubleuse de cinéma, au Havre, où elle a passé son enfance et son adolescence, qu'elle a quitté vingt ans auparavant et où elle n'est revenue qu'une fois, en coup de vent, pour une cérémonie.
    Ce roman débute comme un polar mais le meurtre n'est qu'un alibi pour une déambulation dans la ville du Havre. D'ailleurs, aucune avancée, aucune réponse sur qui est cet homme. le personnage principal de ce roman, c'est Le Havre; chaque lieu, chaque bar est l'occasion pour la narratrice de faire affleurer ses souvenirs : exposé sur la destruction de la ville en 1944, son premier amour... C'est aussi l'occasion pour évoquer la ville telle qu'elle est actuellement avec son port, porte d'entrée de la cocaïne en Europe, trafics de drogue..
    Je n'ai ressenti aucune émotion face à des faits racontés sans fil conducteur, d'autres dont on interroge la pertinence comme le périple des deux Ukrainiennes vers le Royaume-Uni, le script d'un film que le personnage principal double, l'autopsie d'un suicidé par arme à feu. Nous faisons face à une juxtaposition de souvenirs ou d'évènements, comme un catalogue sans grand intérêt.
    Quant à la fin, elle m'a laissée totalement sur ma faim ce que je goûte peu dans les romans.
    Néanmoins, j'ai lu ce livre jusqu'au bout pour l'écriture et pour l'attachement à la ville et une certaine mélancolie qu'elle exprime, celle qu'on peut ressentir quand on retrouve des lieux quittés depuis longtemps et que remontent moult souvenirs, moult regrets, moult sensations.

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  • Le « je » de la narratrice envahit toutes les pages du roman de Maylis de Kerangal, Jour de ressac. Omniprésence d’une voix qui dissèque et analyse toutes les composantes de l’épreuve vécue. Il y a eu un avant et il y aura un après. Avec son style très travaillé, Maylis de Kerangal décrit le...
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    Le « je » de la narratrice envahit toutes les pages du roman de Maylis de Kerangal, Jour de ressac. Omniprésence d’une voix qui dissèque et analyse toutes les composantes de l’épreuve vécue. Il y a eu un avant et il y aura un après. Avec son style très travaillé, Maylis de Kerangal décrit le malaise en le malaxant dans tous les sens.

    À 14 h, un jour, elle est prévenue qu’on l’attend au commissariat du Havre, sa ville natale. Le corps d’un homme avait été retrouvé mort sur la voie publique. Le policier voulait l’entendre sur « Une affaire vous concernant« . Plus rien n’existe pour la narratrice que de comprendre pourquoi le lien s’est établi entre l’homme trouvé mort et elle.

    Maylis de Kerangal dissèque la vie d’une journée. Elle met en mot non seulement l’introspection mais aussi les émotions et les sensations, des odeurs au toucher, toutes exacerbées par l’hypervigilance développée par cette situation étonnante.

    Magistral !
    Maylis de Kerangal immerge le lecteur dans cet espace-temps, devenue parenthèse au monde,
    Tout un passé havrais revient en mémoire. Toute une déliquescence du présent qui ne va qu’être tendu vers l’homme défiguré présenté sur les photographies judiciaires.

    Les phrases s’allongent, comme s’étire le temps. Le style ressasse comme fait le cerveau autour d’une idée qui l’obsède. Extraordinaire exercice littéraire parfaitement réussi. Lorsqu’enfin l’autre, par l’intermédiaire d’une serveuse, réussit à suspendre légèrement ce ressassement, la sortie de cet univers asphyxié est bienvenue.

    Alors, la ville du Havre devient de plus en plus présente. La comparaison entre la destruction de la ville du Havre et les villes actuelles touchées par les guerres est saisissante. Évidemment, le lien va resurgir des souvenirs pour qu’enfin, la narratrice puisse comprendre pourquoi sa mémoire lui a fait soudain défaut.

    L’écriture est magistrale, comme à son habitude. Le sujet se prête parfaitement à cette analyse fouillée qui place le lecteur dans la sensation de vivre au cœur de cette obsession. Jour de ressac de Maylis de Kerangal devrait être un des romans phare de cette rentrée littéraire !

    Chronique entière et illustrée ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2024/08/24/maylis-de-kerangal-jour-de-ressac/

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  • Le Havre d’hier et d’aujourd’hui

    « Vue d’en bas, la digue était autoritaire et massive, son enrochement phénoménal soutenait une maçonnerie de moellons haute d’environ cinq mètres semblable à un mur de fortification – le genre d’ouvrage capable de casser des houles formées sous des vents...
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    Le Havre d’hier et d’aujourd’hui

    « Vue d’en bas, la digue était autoritaire et massive, son enrochement phénoménal soutenait une maçonnerie de moellons haute d’environ cinq mètres semblable à un mur de fortification – le genre d’ouvrage capable de casser des houles formées sous des vents atteignant cent kilomètre-heure. Elle assombrissait les lieux bien qu’une mousse d’algues d’un vert émeraude, quasi fluorescent, recouvrît sa paroi jusqu’à mi-corps, suivant la hauteur de la ligne de marnage. »

    Jour de ressac démarre à la suite d’un appel d’un officier de police judiciaire sur le téléphone de la narratrice. Un homme inconnu a été retrouvé mort sur une plage près de la digue Nord avec son numéro de téléphone inscrit sur un ticket de cinéma.

    Convoquée pour une affaire la concernant, elle retourne donc des années après au Havre, la ville de son enfance, la ville de Craven, la ville qui la « fait vriller ». Le Havre, son problème.

    « Sans doute que nous voyons en cet instant notre ville comme nous ne l’avons encore jamais vue : l’architecture nous dit quelque chose qui n’est la Reconstruction, ni la Renaissance, la Réparation, tout ce qui commence par re pour que reviennent les rêves perdus, non, elle est la trace matérielle de ce qui a disparu, elle nous rappelle que notre ville est gantée : il y avait une autre ville avant, voilà ce qu’elle nous raconte. »

    L’enquête, fil rouge de la journée, n’est qu’un prétexte. Toute situation ce jour-là est l’opportunité d’un souvenir d’enfance, de retrouvailles avec tel ou tel lieu, d’une réflexion face aux dérives du monde actuel : trafic de drogues, plage souillée par le pétrole, guerre et exil.

    Le récit est plutôt lent, décousu, sans chronologie tant les va-et-vient sont nombreux et sans logique apparente. A l’image du ressac…

    Néanmoins, nous retrouvons dès les premières lignes l’écriture si caractéristique de Maylis de Kerangal : ces longues phrases, avec des descriptions extrêmement détaillées, riches, à tel point que le lecteur sature par moments ; cette poésie omniprésente et ces nombreuses métaphores. C’est profond et c’est tout simplement beau.

    « Blaise risquant au bout d’une courte distance un « alors » face auquel je suis restée silencieuse, impressionnée par cette question en forme d’estuaire, cette question si vaste, qui appelait un récit qu’il était encore trop tôt pour moi de lui faire, et je n’ai pu répondre autre chose que : je te raconterai. »

    Laissez le temps au temps, laissez infuser, laissez les souvenirs pénétrer votre esprit… Savourez cette écriture si singulière, si riche et poétique.

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