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L'Hirondelle sur le radiateur et Je te laisse dormir sont les deux livres qu'Edith Bruck.
A écrits pendant les derniers mois de la vie de son mari Nelo Risi, poète et cinéaste, frère de Dino Risi, et après sa mort, survenue en 2015. Nous les rassemblons ici dans un seul ouvrage sous le titre : Je te laisse dormir.
Ce livre est le témoignage bouleversant d'une histoire d'amour, à travers lequel Edith Bruck évoque sa dévotion poignante à l'égard de son mari Nelo Risi, atteint de la maladie d'Alzheimer. Rédigé à la fois comme un journal et comme une autobiographie - car l'auteure se remémore leur vie commune ainsi que sa propre jeunesse hongroise, sa déportation et son retour -, elle y raconte la façon dont elle le maintient en vie, tente de préserver sa dignité, avec Olga, son aide à domicile, une jeune grand-mère ukrainienne, elle-même immigrée en Italie. Edith Bruck décrit minutieusement la vie quotidienne de leur trio, et en même temps reconstitue le passé de Nelo Risi, son oeuvre, ses poèmes et ses lettres qu'elle cite, les tournages auxquels elle a participé.
Ce récit conte le témoignage d’une femme au chevet de son mari italien, autrefois poète et réalisateur, désormais atteint d’Alzheimer. Ça bouleverse plus d’une vie, un tel changement. Je vous le confirme, puisqu’on le vit avec elle pendant plus de 300 pages.
Ce livre est découpé en trois parties.
L’hirondelle sur le radiateur raconte l’avant, celui où elle voit l’homme perdre ses souvenirs et ses réflexes jusqu’à sa dignité. Le couple est réduit à une relation femme-enfant, terrassé d’incompréhensions qui ressassent tous les jours la même pièce de théâtre. Nelo s’inquiète, pose des questions dont il ne comprend pas les réponses, s’énerve et s’ennuie. Edith se bat pour trouver les bonnes réponses qui apaiseront son mari, et s’inventer une tranquillité d’esprit. La lenteur de cette partie m’a assommée ; j’avais le sentiment d’être clouée au lit avec eux, et j’ai moi-même ressenti la lourdeur de ce quotidien mise en abîme.
« […] mon amour ne peut que prolonger sa vie mais jusqu’à quand ? Quand ? C'est ce que je lui crie intérieurement. »
Entre les deux, une courte intervention d’Edith Bruck annonce la mort de Nelo Risi.
Je te laisse dormir raconte l’après, celui où la charge mentale s’est envolée avec les gestes d’amour qu’il restait. En lisant ces lignes, j’ai compris la nécessité de la première partie pour ressentir l’écho de la perte. Edith y ressasse des souvenirs qui accentuent le manque d’un homme qui a eu ses torts, mais qui laisse un vide immense dans sa vie de femme.
« Enfin, je peux dire qu'il me manque, comme le pain aux affamés, et qu'il vivra en moi tant qu'il me sera donné de vivre. »
J’ai eu beaucoup de mal à me faire un avis sur ce récit. Comment juger la réalité des sentiments d’une femme veuve et meurtrie par la guerre ?
Malgré les longueurs, elle ne fait qu’exposer les réalités d’une maladie mais aussi d’un amour qui se prouve avant de se dire. Et pour ça, je ne regrette absolument pas d’avoir attendu près de 200 pages.
« Je te donnerais tous les baisers que tu ne m'as pas donnés, et les caresses pour lesquelles tu n'avais pas le temps. »
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