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Edith Bruck

Edith Bruck
Edith Bruck, née Steinschreiber, voit le jour le 3 mai 1931 à Tiszabercel en Hongrie. À sa déportation, elle consacre à partir de 1959 plusieurs récits et poèmes dans la langue italienne qu'elle a adoptée en choisissant de vivre à Rome, dès 1954. Journaliste, scénariste, documentariste, comédienn... Voir plus
Edith Bruck, née Steinschreiber, voit le jour le 3 mai 1931 à Tiszabercel en Hongrie. À sa déportation, elle consacre à partir de 1959 plusieurs récits et poèmes dans la langue italienne qu'elle a adoptée en choisissant de vivre à Rome, dès 1954. Journaliste, scénariste, documentariste, comédienne, cinéaste, dramaturge, elle a multiplié les activités, sans jamais renoncer à témoigner de son expérience et sans jamais recourir à la haine.

Avis sur cet auteur (10)

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    Couverture du livre « Je te laisse dormir » de Edith Bruck aux éditions Editions Du Sous Sol

    Lauryp sur Je te laisse dormir de Edith Bruck

    Ce récit conte le témoignage d’une femme au chevet de son mari italien, autrefois poète et réalisateur, désormais atteint d’Alzheimer. Ça bouleverse plus d’une vie, un tel changement. Je vous le confirme, puisqu’on le vit avec elle pendant plus de 300 pages.

    Ce livre est découpé en trois...
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    Ce récit conte le témoignage d’une femme au chevet de son mari italien, autrefois poète et réalisateur, désormais atteint d’Alzheimer. Ça bouleverse plus d’une vie, un tel changement. Je vous le confirme, puisqu’on le vit avec elle pendant plus de 300 pages.

    Ce livre est découpé en trois parties.

    L’hirondelle sur le radiateur raconte l’avant, celui où elle voit l’homme perdre ses souvenirs et ses réflexes jusqu’à sa dignité. Le couple est réduit à une relation femme-enfant, terrassé d’incompréhensions qui ressassent tous les jours la même pièce de théâtre. Nelo s’inquiète, pose des questions dont il ne comprend pas les réponses, s’énerve et s’ennuie. Edith se bat pour trouver les bonnes réponses qui apaiseront son mari, et s’inventer une tranquillité d’esprit. La lenteur de cette partie m’a assommée ; j’avais le sentiment d’être clouée au lit avec eux, et j’ai moi-même ressenti la lourdeur de ce quotidien mise en abîme.

    « […] mon amour ne peut que prolonger sa vie mais jusqu’à quand ? Quand ? C'est ce que je lui crie intérieurement. »

    Entre les deux, une courte intervention d’Edith Bruck annonce la mort de Nelo Risi.

    Je te laisse dormir raconte l’après, celui où la charge mentale s’est envolée avec les gestes d’amour qu’il restait. En lisant ces lignes, j’ai compris la nécessité de la première partie pour ressentir l’écho de la perte. Edith y ressasse des souvenirs qui accentuent le manque d’un homme qui a eu ses torts, mais qui laisse un vide immense dans sa vie de femme.

    « Enfin, je peux dire qu'il me manque, comme le pain aux affamés, et qu'il vivra en moi tant qu'il me sera donné de vivre. »

    J’ai eu beaucoup de mal à me faire un avis sur ce récit. Comment juger la réalité des sentiments d’une femme veuve et meurtrie par la guerre ?

    Malgré les longueurs, elle ne fait qu’exposer les réalités d’une maladie mais aussi d’un amour qui se prouve avant de se dire. Et pour ça, je ne regrette absolument pas d’avoir attendu près de 200 pages.

    « Je te donnerais tous les baisers que tu ne m'as pas donnés, et les caresses pour lesquelles tu n'avais pas le temps. »

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    Couverture du livre « Le pain perdu » de Edith Bruck aux éditions Editions Du Sous Sol

    Minouchka_books sur Le pain perdu de Edith Bruck

    Ce récit autobiographique très personnel de l'autrice raconte sa jeunesse en Hongrie, son internement dans les camps avec sa famille, la perte de ses proches, sa survie, son retour en terre natale et sa quête d'un monde meilleur en terre promise (Israël) pour finalement la trouver en Italie....
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    Ce récit autobiographique très personnel de l'autrice raconte sa jeunesse en Hongrie, son internement dans les camps avec sa famille, la perte de ses proches, sa survie, son retour en terre natale et sa quête d'un monde meilleur en terre promise (Israël) pour finalement la trouver en Italie. Avec en parallèle sa construction, son passage de jeune fille à femme et la découverte de la vie et des sentiments amoureux dans ce contexte. Sa construction s'est faite seule car après son passage dans les camps, elle s'est retrouvée orpheline de famille et de nation, ne pouvant compter que sur elle-même.

    Une lecture forte, poignante et paradoxalement assez lumineuse en dépit des évènements. On ressent la force interne de l'autrice qui va de l'avant tout en ayant vécu une vie difficile. Toute la force de caractère d'Edith Bruck est retranscrite dans ce récit. Ses propos sont à la fois factuels et très intimes mais sans jamais tomber dans le pathos. C'est ce côté qui donne un caractère doux à la lecture malgré la noirceur des faits vécus et relatés.

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    Couverture du livre « Le pain perdu » de Edith Bruck aux éditions Editions Du Sous Sol

    Chantal YVENOU sur Le pain perdu de Edith Bruck

    C’est avec une force remarquable qu’Édith Bruck nous évoque son parcours complexe, celui d’une petite fille juive, ignorant même le sens et les implications d’une telle étiquette, dans ce petit village hongrois. Il faudra peu de temps pour en comprendre les enjeux : la famille est chassée de sa...
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    C’est avec une force remarquable qu’Édith Bruck nous évoque son parcours complexe, celui d’une petite fille juive, ignorant même le sens et les implications d’une telle étiquette, dans ce petit village hongrois. Il faudra peu de temps pour en comprendre les enjeux : la famille est chassée de sa maison au cours d’une rafle et Édith est acheminée vers un camp de concentration. Elle en connaîtra met plusieurs, ballotée au hasard de décisions qui la dépassent. Sans comprendre. Elle survit malgré tout et assume le difficile retour de ceux qui ont connu le pire. Avec un appétit de vivre et de multiplier les expériences, une tentative pour effacer l’horreur des souvenirs.

    Edith Bruck ne sombre pas dans le sordide. Les faits ne sont pas occultés mais évoqués sans complaisance. Cela n’est plus nécessaire, de nombreux écrits ont clairement expliqué le vécu insoutenable des camps de la mort. C’est plutôt l’après qui prend le pas. Le retour à la vie ordinaire, les angoisses qui persistent mais aussi un formidable élan créatif, les errances inévitables pour finalement se sentir accueillie et légitime en Italie, où elle pourra s’épanouir.

    Pas de haine, pas de désignation de coupables, ni désir de vengeance, Edith Bruck conte son histoire avec un certain détachement, augmentant la puissance de ce témoignage, court et dense.

    Transmission indispensable d’un drame historique qui ne doit pas disparaitre de la mémoire collective, les écrits sur la Shoah restent indispensables génération après génération.

    167 pages Sous sol 7 janvier 2022

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    Couverture du livre « Le pain perdu » de Edith Bruck aux éditions Editions Du Sous Sol

    Jean-Paul Degache sur Le pain perdu de Edith Bruck

    Le Pain perdu est l’histoire d’une vie, celle d’Edith Bruck, racontée par elle-même, de façon simple, mais toujours terriblement émouvante.
    La petite Edith, surnommée Ditke, a vu le jour dans un village hongrois. Elle a six frères et sœurs dont certains, plus âgés, ont déjà quitté leur famille...
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    Le Pain perdu est l’histoire d’une vie, celle d’Edith Bruck, racontée par elle-même, de façon simple, mais toujours terriblement émouvante.
    La petite Edith, surnommée Ditke, a vu le jour dans un village hongrois. Elle a six frères et sœurs dont certains, plus âgés, ont déjà quitté leur famille juive dont la mère est très croyante, affirmant que c’est Dieu qui lui a donné ses enfants. Ainsi, elle néglige le rôle du père, Stein Schreiber, qui, en 1942, est exclu de l’armée parce que juif. Ce gagne-misère, comme Ditke le qualifie, sent venir la pire des catastrophes confirmée par la présence de seulement trois personnes à l’enterrement de la grand-mère de ses enfants.
    Dans la vie du village, la mise à l’écart des Juifs ne suffit pas. Lorsque Ditke, première de sa classe, croise le maître d’école, celui-ci lance un « Heil Hitler ! » qui en dit long sur ce qui se prépare.
    Vexations, humiliations, interdictions, petites agressions, cela n’est pas le fait de militaires ou de policiers faisant la promotion du nazisme mais tout simplement d’habitants du village avec lesquels la communauté juive vivait en parfaite harmonie, jusque-là.
    Ditke vient d’avoir 13 ans quand les gendarmes brisent la porte d’entrée de leur modeste maison pour expulser toute la famille. Justement, ce matin-là, sa maman avait préparé des miches de pain. Il ne lui restait plus qu’à les enfourner quand le malheur est arrivé.
    Quand toute la famille se retrouve embarquée dans un train avec beaucoup d’autres juifs, la mère de Ditke ne parle que de son pain perdu abandonné à la maison.
    Le ghetto, les insultes, le pillage de tous leurs objets précieux, l’engrenage infernal est enclenché. Birkenau, Auschwitz, les chiens, la séparation et ces vies qui partent en fumée, la négation de toute humanité : l’extermination d’un peuple.
    Edith Bruck raconte l’enfer qu’elle a vécu, donne des nouvelles de ses frères et sœurs, détaille les souffrances endurées. Il faut marcher, subir les maltraitances infligées par les kapos, assister au suicide de ses amies, constater l’égoïsme des fermiers refusant toute nourriture à ces femmes, à ces enfants et à ces hommes déplacés d’un camp à l’autre et affamés.
    Tout cela, je l’ai lu déjà mais le récit d’Edith Bruck est poignant, terriblement émouvant, extraordinairement précis. Il ne faut pas l’oublier, jamais le passer sous silence malgré le temps qui s’écoule inexorablement. Le récit, le témoignage de cette jeune fille frôlant souvent la mort, est fondamental.
    Bien sûr, arrivent les soldats US, la libération des camps. Comme les Hongrois ont été déportés en dernier, ils sont rapatriés les derniers. Edith Bruck, alors, constate que leur retour n’est pas très apprécié, que Sara, sa sœur, l’accueille froidement, que dans son village d’origine on la regarde comme une ennemie.
    Ditke adore écrire. Judit, sa sœur, fait partie d’un groupe sioniste et veut absolument rejoindre la Palestine. Si Ditke fuit en Slovaquie, elle est dépucelée à 16 ans, à Bratislava. S’ensuit un récit comme une épopée qui emmène notre autrice en Israël, puis en Grèce, en Turquie et enfin à Naples puis à Rome car elle a eu la chance d’intégrer une compagnie de ballet.
    Il faut vraiment lire Le Pain perdu pour découvrir toutes les étapes d’une vie marquée à jamais par ces années de cauchemar, moments horribles, atroces, programmés et infligés sans le moindre état d’âme à plusieurs millions de personnes dont la plupart ne sont jamais revenues.
    Quand Edith Bruck découvre Herculanum et Pompéi, elle imagine avec horreur ce que vécurent leurs habitants foudroyés par une éruption volcanique en l’an 79 de notre ère.
    Si Ditke est devenue Edith Bruck, c’est grâce à un extraordinaire courage et une admirable volonté de témoigner.
    Pour finir, elle s’adresse directement à Dieu, le tutoie et lui reproche de n’avoir jamais rien donné à sa mère qui, pourtant, l’invoquait, le suppliait plusieurs fois par jour. Elle se pose des questions existentielles, essentielles, mettant en cause une croyance à laquelle sa mère était viscéralement attachée.
    Edith Bruck, star en Italie mais inconnue en France, fut très amie avec Primo Levi dont le suicide la bouleversa. Elle s’est consacrée au journalisme, à la télévision, au roman, à la poésie mais surtout à son témoignage sur l’holocauste des Juifs, la Shoah dont Le Pain perdu est un élément essentiel.

    Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/