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Inutile de cacher que l'idée de ce numéro date de juillet 2017, suite à la démission du chef d'état-major des armées (CEMA). Le sujet n'est pas de revenir sur le fond de l'affaire, encore moins sur sa conclusion : cedant arma togae. Il porte sur la capacité du militaire, a priori de haut rang, à « pouvoir dire » à ceux qui nous gouvernent et à nos concitoyens. Pouvoir dire : on imagine aisément l'intérêt du comité de rédaction pour un thème qui n'est ni plus ni moins que le principe fondateur de cette revue, créée en 2005, inscrit dans son sous-titre : Inflexions. Civils et militaires : pouvoir dire. De prime abord, ce « pouvoir dire » amène assez naturellement à s'interroger sur la liberté d'expression, d'ailleurs immédiatement opposée à l'obligation de réserve. Mais si l'obligation de réserve impose un ton, une retenue ou une tribune particulière, elle n'impose pas de se taire : « La liberté d'expression ne s'use que quand on ne s'en sert pas » pourrait-on dire en pastichant un célèbre journal satirique. Si l'autorisation préalable du ministre n'est plus obligatoire depuis le statut de 2005, la faible production de fond en termes géopolitiques, stratégiques, doctrinaux ou encore capacitaires, au-delà des nombreux et glorieux récits de campagne autobiographiques, indique que le militaire s'abrite encore trop souvent derrière ce confortable devoir de réserve, quand il ne pratique pas lui-même une forme d'autocensure de peur de déplaire aux princes qui nous gouvernent. À sa décharge, la jurisprudence lui est défavorable et les exemples de sanction rappelés dans quelques articles sont suffisamment explicites pour admettre qu'au-delà d'un cadre juridique somme toute très libéral, l'appréciation portée sur l'expression militaire relève finalement de l'arbitraire du politique et des hauts responsables militaires. Ces derniers ne sont d'ailleurs pas en reste pour sanctionner durement leurs pairs avec un zèle allant parfois bien au-delà des contingences partisanes que l'on pourrait reprocher au politique. Dépassant ce thème de « liberté d'expression et obligation de réserve » si souvent débattu, la revue aborde ensuite l'intimité du Dire dans le dialogue politico-militaire. Un domaine moins connu, aussi discret que confidentiel, mais essentiel.
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