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Gouverner et nourrir : Du pouvoir en Russie (XVIe-XXe siècles)

Couverture du livre « Gouverner et nourrir : Du pouvoir en Russie (XVIe-XXe siècles) » de Tamara Kondratieva aux éditions Belles Lettres
  • Nombre de pages : 286
  • Collection : (-)
  • Genre : Histoire
  • Thème : Histoire
  • Prix littéraire(s) : (-)
Résumé:

Si le même signifiant confond nourrir et gouverner (kormit'), la table et le trône (stol), c'est que la langue tend à l'historien un indice: une représentation du pouvoir perce à travers les temps indépendamment du régime politique. Quelle culture la soutend? Quels effets s'y mêlent?En Russie... Voir plus

Si le même signifiant confond nourrir et gouverner (kormit'), la table et le trône (stol), c'est que la langue tend à l'historien un indice: une représentation du pouvoir perce à travers les temps indépendamment du régime politique. Quelle culture la soutend? Quels effets s'y mêlent?En Russie comme en URSS, on peut observer un écart considérable entre l'émergence institutionnelle de l'Etat moderne (XVIe-XXe siècles) et les pratiques courantes de l'exercice du pouvoir.Tamara Kondratieva part de l'hypothèse que les bolcheviks ravivent l'ancienne fonction nourricière du pouvoir. Réinvestissant le Kremlin désaffecté depuis le XVIIIe siècle, ils organisent une hiérarchie de nomenklatura dont le réseau de ravitaillement rappelle le don en nourriture pratiqué aux XVIe-XVIIe siècles à la cour tsarienne. L'étude de la similarité entre deux époques éloignées illustre une rencontre capitale entre le passé et le futur contenu dans le projet révolutionnaire. L'observation de certaines pratiques telles que la rémunération des fonctionnaires, la tutelle seigneuriale ou étatique aux XVIIIe et XIXe siècles, éclaire le problème de la nature des régimes politiques en Russie tsariste et soviétique. Bien qu'ils soient incarnés par des structures d'Etat différentes, force est de constater qu'ils émanent du même type de représentations que la pensée politique qualifie de « domestiques ». Le modèle domestique fonctionne si clairement que les formules habituelles telles que «le despotisme de l'Etat autocratique » ou « l'omniprésence de l'Etat totalitaire » deviennent du coup très opaques. L'idéologie communiste n'était certainement pas seule aux commandes des conduites et des choix des dirigeants soviétiques.Tamara Kondratieva, professeur d'histoire contemporaine de l'Université de Valenciennes, est l'auteur de Bolcheviks et Jacobins. Itinéraire des analogies (1989) et de La Russie ancienne (1995).

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