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Né à Bordeaux le 8 novembre 1879, Léon-- Georges Dorignac intègre, à l'âge de treize ans, l'école municipale des Beaux--Arts de Bordeaux, où ses travaux lui valent durant six années de nombreux prix. En janvier 1899, il s'installe à Paris et entre à l'École des Beaux--Arts, dans l'atelier du peintre Léon Bonnat qu'il quitte rapidement pour passer un an en Espagne. Dès 1901, le peintre (qui signe alors Jorge Dorignac) expose aux Indépendants avec des artistes espagnols tels que Nonnel et Rogoyos et se voit rattaché à l'école espagnole.
De retour à Paris en 1902, il investit vers 1910, et jusqu'à sa mort, deux ateliers au fond du jardin de la cité d'artistes de La Ruche dans le quartier du Montparnasse. Il livre à ses débuts des peintures et aquarelles très colorées, nettement influencées par l'art impressionniste et néo-- impressionniste. Renoir, Millet ou Signac figurent parmi ses maîtres, tandis que le critique Roger Marx rapproche en 1906 sa production de celle de Berthe Morisot.
De 1912 à 1913, Dorignac abandonne la couleur et exécute une série de dessins à la sanguine ou au fusain représentant des portraits (souvent réduits à des têtes, voire des masques), des nus féminins et des figures de travailleurs champêtres ou citadins.
Les oeuvres de cette période dite noire seront exposées à la Galerie Durand--Ruel et accueillies très positivement tant par les artistes que par la critique et les collectionneurs.
Appelé au front durant la Première Guerre mondiale, Georges Dorignac est démobilisé pour raisons de santé et entreprend de nombreux projets de décoration (vitrail, tapisserie, céramique et mosaïque).
Il cesse définitivement de participer au salon des Indépendants, et rejoint le Conseil d'administration du Salon d'Automne, dont il signe le manifeste en 1922. Envoyant des oeuvres également au Salon de la Société Nationale des Beaux--Arts et aux Tuileries, il expose, en 1924, aux côtés d'Henri Manguin, de Charles Camoin ou de Georges d'Espagnat, à la galerie Marcel Bernheim qui lui consacre à la fin de l'année 1925, quelques mois avant sa disparition prématurée, une première rétrospective, suivie d'une seconde exposition personnelle, posthume, en 1926.
Participant à l'effervescence cosmopolite de l'École de Paris, tout en empruntant une voie très singulière et indépendante, Dorignac est proche des sculpteurs Lamourdedieu ou Charles Despiau, son ami de jeunesse, et bénéficie des encouragements de Modigliani ou de Soutine, son voisin à La Ruche. Il devient en outre, par le mariage de ses quatre filles, le beau--père des peintres Haïm Epstein et André Hébuterne et des sculpteurs Louis Dideron et Marcel Damboise.
Coproduite avec le musée des Beaux--Arts de Bordeaux, l'exposition présentera une cinquantaine d'oeuvres, la plupart sur papier et encore largement inédites. Elle s'appuiera sur de nombreux prêts en provenance de collections publiques et privées afin de rendre justice au talent encore largement méconnu d'un artiste redécouvert depuis 1994 et la parution de l'article fondateur de Jacques Sargos dans la revue Le Festin. Elle s'inscrit dans la suite des manifestations organisées en Italie, en Espagne et en France (à Nogent--sur--Seine en 2002 et à Évian en 2009).
Visant à mettre en avant l'art très personnel de Dorignac (proche du réalisme expressionniste pour Robert Coustet), l'exposition se concentrera sur les saisissantes feuilles monumentales « au noir » de la période de maturité qui firent sa réputation :
Monotypes ou dessins prouvent avec évidence le talent de l'artiste à jouer du fond et de la réserve, des ombres et des lumières, du contour et de la matière, afin de composer des images puissantes, servies par une science irréfutable du dessin comme du modelé, de l'anatomie comme de l'expression. La dimension proprement sculpturale des dessins noirs de Dorignac fut d'emblée perçue par les contemporains de l'artiste, constituant très tôt un leitmotiv chez les critiques qui soulignèrent la massivité des volumes, la force du trait, mais aussi les nuances des valeurs obtenues par la sanguine, le fusain, les lavis et la craie, ou enfin la dignité accordée aux figures anonymes de travailleurs. Gaston N. du Houssoy soulignait ainsi : « par l'eurythmie des sujets, la justesse des volumes et la base chantante des lumières et des ombres (...) les dessins de Dorignac ont l'aspect d'un bloc sculpté et dessiné ». Rodin déclarait quant à lui : « Dorignac sculpte ses dessins [...] Regardez ce sont des mains de sculpteur ». Louis Hautecoeur enfin appréciait ses « torses féminins musclés comme des Michel--Ange ou des antiques, (...) [ses] masques, qui semblent de bronze [et] ne sont pas sans rappeler Constantin Meunier ».
L'exposition évoquera par ailleurs la contribution de Dorignac dans le domaine des arts appliqués (avec des cartons de tapisseries, de vitraux ou de mosaïques), son exceptionnel « sentiment décoratif » et sa collaboration avec le céramiste André Metthey (pour les pots et plats duquel il livre quelques nus) ou avec le laqueur, dinandier et sculpteur Jean Dunand (à qui il fournit des projets pour des laques et des vases). Dans ces compositions proches de l'art naïf, se retrouve certainement l'influence d'une certaine tradition orientale (que certains décelaient déjà dans les masques et têtes aux « allures bouddhiques » de la période noire).
Les villes de Bordeaux et Roubaix lancent une consultation pour la fabrication et l'édition d'un catalogue commun pour cette exposition.
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