Kiyémis rend un très bel hommage aux femmes qui se battent contre le déterminisme social...
Un premier roman qui rend hommage aux rêves déraisonnables, au courage d'une héroïne quittant le Cameroun pour s'accomplir en France.
Née dans le village camerounais de Nyokon, Andoun est entourée du bruit des houes retournant la terre des cultures d'arachides. Mais ses rêves sont plus grands que cette vie dans les champs. À chaque instant, elle souhaite casser la routine dans laquelle son village entend l'installer. Entre une volonté d'étudier contrariée, une grossesse imprévue et une indépendance arrachée, chaque pas vers son destin produira une onde de choc, transformant définitivement la jeune femme, ses proches et tous ceux qui croiseront son chemin.
De Nyokon à Paris, en passant par Douala, Andoun devra affronter la résistance de sa famille très conservatrice. Tiraillée entre son envie d'appartenance et ses désirs de flamboyance, elle tentera de dépasser les préjugés des mondes traversés.
Avec ce premier roman inspiré de l'histoire de sa grand-mère, la poétesse Kiyémis rend hommage aux rêves déraisonnables, à la témérité, à la capacité de renaître de celles qui choisissent de suivre leur destinée hors des sentiers tracés.
Kiyémis rend un très bel hommage aux femmes qui se battent contre le déterminisme social...
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Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
Liens du sang, quête de soi ou des origines, oppression et émancipation : des romans puissants venus du monde entier
Pourquoi fuir ses origines ? Pourquoi rêver d'une vie meilleure ? Ces questions, certaines femmes africaines se les posent. Certaines osent et d'autres s'en remettent à la fatalité de leur culture. La femme doit obéir à l'homme, à son père, à son mari. Se soumettre et n'être que l'ombre. Quand une femme rayonne, sa volonté la pousse à tenter sa chance. Exister. Bien souvent, une génération est sacrifiée et les enfants bénéficient de l'expérience de leurs parents. Mais c'est une victoire. Pour ceux qui se sont sacrifiés. Ce livre est une leçon de vie pour ceux qui se lèvent dans la facilité dès leur enfance. La femme africaine est une femme solide, forte, qui porte, qui gère mais qui est étouffée par l'homme.
Ce roman est celui de la vie romancée de la grand-mère de l'autrice. Andoun est une jeune fille qui sait, dès son plus jeune âge qu'elle mérite mieux et aspire à une vie meilleure que celle qui lui est offerte dans la campagne camerounaise. A 15 ans, elle commence à se révolter à sa manière et refuse le travail dans les champs d'arachides car son avenir (radieux) et ailleurs. Surtout, elle veut étudier mais son environnement ne lui permet pas de s'émanciper. Elle entrevoit un espoir lorsqu'on l'envoie à Douala, dans la famille de sa sœur ainée.
A Douala, elle passe de l'euphorie aux désillusions. Au lieu d'être scolarisée comme prévu, elle se retrouve bonne à tout faire et élève les enfants de sa sœur. Sa situation va changer lorsqu'elle se lie d'amitié avec une jeune fille de la haute bourgeoisie et qu'elle finit enceinte d'un militaire, qui refuse de reconnaître cet enfant. C'est d'ailleurs ce bébé qui va pousser Andoun à se rebeller, à affronter seule son destin et à s'affranchir de toutes les contraintes pour enfin s'émanciper et toucher du doigt sa liberté.
Cette histoire est celle d'une jeune femme extrêmement forte et obstinée, qui fait preuve de courage et de résilience pour mener à bien sa vie. Elle affronte une société qui voudrait la mettre en cage et, surtout, la soumettre au joug d'un mari. De son village à Douala, puis à Paris, elle va faire preuve d'obstination pour élever sa fille, s'élever elle-même et essayer de garder courage, même dans les situations les plus compliquées. Andoun a toujours son objectif en tête et avec du travail et sa farouche volonté, elle avance à petits pas vers ses objectifs de vie.
Les « non » coûtent très cher
Andoun, petite fille préférée de son papa, qui la trouve particulière, a toujours rêvé d’autre chose, d’un ailleurs loin du Cameroun.
Madeleine sa sœur aînée, est mariée à André et ils habitent à Douala. Andoun y sera envoyée par le père avec la promesse qu’elle ira à l’école.
Mais la vie à Douala n’est pas facile et Madeleine se sert de sa sœur pour les travaux ménagers et pour s’occuper des enfants , ainsi pas de salaire à verser et pas d’école, inutile pour les filles qui doivent se marier et procréer.
Andoun s’accommode mal de la non-réalisation de ses rêves. Elle grandit et avec son teint clair, sa beauté attire les convoitises.
À quinze ans, lors d’une fête, elle rencontre un militaire qui a tout du prince charmant à ses yeux. Mais voilà, elle est enceinte et il ne veut ni d’elle ni de l’enfant.
Elle rentre chez ses parents, qui malgré leur colère et leur chagrin , cherche la meilleure solution pour qu’elle ne soit pas mise au ban de la communauté.
Sa petite Freya naîtra à l’aube de l’année 1968.
« La jeune fille savait qu’elle n’y trouverait pas son bonheur. Elle ne pourrait jamais être la femme obéissante, soumise et disciplinée que la vie du village exigeait. […]Elle y croyait encore. Au fond d’elle, une certitude demeurait : sa vie n’était pas ici. »
Andoun va faire face avec courage, détermination pour que sa fille réalise ses rêves, elle ira à l’école sera instruite et libre.
Lorsque sa sœur Madeleine deviendra veuve, il faut qu’Andoun lui vienne en aide, mais leurs relations se dégradent. Madeleine est aigrie, elle ne peut faire fi des coutumes et elle n’a plus qu’une obsession faire plier Andoun.
Mais cela fera l’effet inverse, en 1974 Andoun obtiendra le sésame pour sa fille et elle, un permis de séjour à Paris pour obtenir son diplôme d’esthéticienne.
Elle vivra chez son frère, là aussi elle n’a pas besoin de se chercher des ennemis ils sont au sein de la fratrie.
« Se lamenter est un luxe réservé à ceux qui ont le temps de voir venir. »
C’est un premier roman dont le sujet a déjà été traité souvent ; l’écriture est poétique, beaucoup de poèmes insérés entre les chapitres donnent une musicalité particulière à l’ensemble, comme des sas de décompression.
Kiyémis nous raconte le parcours de sa grand-mère, et j’aime l’idée de laisser une trace écrite en hommage.
Cependant lorsque j’ai refermé ce livre j’ai ressenti une gêne sans pouvoir l’identifier.
J’ai laissé le temps faire son œuvre et décanter l’histoire et j’ai compris d’où venait ce malaise.
Sur un demi-siècle de vie en France, quelques voyages au Cameroun , où Andoun a décidé de ne pas retourner vivre, il n’y a jamais d’interactions positives et bienveillantes avec les autochtones.
Je sais le racisme, couleur de peau mais aussi le mépris pour les petites gens, cette cohorte d’invisibles qui œuvres au bien-être général.
Mais n’y a-t-il pas eu de relations établies entre Andoun et les parents des amis de Freya à l’école ? Une petite fille qui a fait la fierté de sa maman par ses résultats scolaires s’intègre et se fait des amis, il y a les fêtes de fin d’année, etc. Pas une relation positive ? Cela m’étonne et me heurte.
Merci Lecteurs.com pour cette proposition de lecture, roman qui était en lice pour le Prix Orange 2024.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/07/15/et-refleurir/
De son village natal Nyokon à Douala la ville où elle a rejoint sa sœur et son beau-frère avec l’espoir d’aller à l’école, Andoun s’échappe souvent au milieu des fleurs jaunes qui alimentent ses rêves. Hélas son désir d’apprendre se mue dans l’obligation de seconder sa sœur dans les tâches ménagères. Puis vient sa première sortie. Le fruit de celle-ci sera la naissance d’un bébé dont le père, beau militaire, ne tarde pas à s’éclipser après l’annonce de la grossesse. En rester là, il n’en est pas question pour celle qui ne faiblit jamais. S’élever au-dessus des regards et des interventions malsaines de sa famille, s’extraire des traditions, se faire une place dans la société en essayant de s’établir à Paris, se former et travailler dans un salon de beauté pour que les mains de cette jeune à la peau noire embellissent toujours plus celle de riches femmes blanches. Et constater que l’eden attendu n’est qu’enfer.
L’écriture poétique de Kiyémis ne devrait pas m’autoriser pas à commenter les multiples et difficiles étapes de la vie de sa grand-mère par l’adjectif « combattante ». Et pourtant, il me paraît bien approprié, tant le courage de cette femme montre la hauteur des murs à franchir pour espérer une place dans la société, être respectée, accomplir ses rêves -déraisonnables ?
Toutefois, les nombreuses étapes fastidieuses qui se soldaient par un bilan négatif ont eu raison de ma patience et induit une certaine monotonie, et ce malgré l’élégance de l’écriture.
Andoun a toujours poursuivi le même but dans sa vie : sortir du destin tout tracé que sa famille et les traditions ont écrit pour elle. Le chemin n’est cependant pas simple. Ses rêves d’école sont rapidement évacués, car son oncle qui l’héberge à Douala préfère l’utiliser pour seconder son épouse. Séduite par un homme qui l’ignorera dès qu’elle lui annoncera sa grossesse, c’est l’exil qui semble lui offrir le plus de chances de s’en sortir. Mais l’arrivée à Paris avec sa fille sera encore synonyme de désillusion.
Des années cinquante à nos jours, itinéraire courageux et déterminé d’une femme à la recherche de son destin, guidée par des rêves étranges, sur fond de fleurs jaunes. On y croit avec elle, et on rêve de voir ses projets se réaliser, de même que l’on souffre de ses échecs, qui malgré tout, ne la font jamais abandonner.
Ce roman qui rend hommage à la grand-mère de l’autrice est servi par une belle écriture, et les chapitres sont amorcés par des poèmes en vers libres qui illustrent avec grâce le propos.
382 pages Philippe Rey 1 février 2024
Finaliste Prix Orange du livre 2024
Il est presque minuit, j'espère que tout le monde a voté pour la merveilleuse Kiyémis et son magnifique premier roman qui mérite un prix et dix mille autres.
Ce premier roman débute au Cameroun en 1958. Andoun vit dans un village à la campagne. Elle se sent différente des autres. Elle ne veut pas travailler dans les champs toute sa vie et suivre le destin immuable des femmes décidé par les hommes. Son rêve est d’aller à l’école. Son père décide de l’envoyer à la ville, chez sa sœur qui a fait un beau mariage. Elle l’aidera à s’occuper de ses enfants et de sa maison et, en contrepartie, elle pourra étudier. Mais la vie à Douala s’avère toute autre. Andoun, nommée Anne-Marie à la ville, n’ira jamais à l’école. Un événement inattendu change sa vie mais elle est déterminée à réaliser son rêve et à réussir. Elle redouble d’énergie, s’affirme, s’émancipe. Elle choisit sa vie et non celle imposée par les hommes et sa famille.
On la suit du Cameroun à Paris, de désillusion en désillusion mais toujours avec une force de caractère et une capacité à rebondir. Elle avance vers son rêve malgré les obstacles et le racisme.
Il y a de nombreux thèmes abordés dans ce roman féministe : le patriarcat, la maternité, la transmission, l’exil, la famille, les traditions, la condition sociale, le racisme, le mensonge, etc. C’est surtout un très beau portrait de femme libre. Andoun/Anne-Marie est attachante. Kiyémis s’est inspiré de la vie de sa grand-mère et la rend immortelle à travers ce livre. Il y a aussi de magnifiques poèmes insérés entre les chapitres. L’écriture de Kiyémis m’a beaucoup plu. Vous serez traversés par les odeurs de cuisine mais aussi par d’autres moins agréables, comme Andoun.
Ce très beau roman vous fera voyager. Il fait partie des 5 finalistes du Prix Orange du Livre 2024 et il a déjà obtenu le Prix Régine Deforges 2024.
L’histoire, le style, la narration, magnifique premier roman!! Une pépite! Bravo Kiyémis ☀️❤️
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