Kiyémis rend un très bel hommage aux femmes qui se battent contre le déterminisme social...
Kiyémis rend un très bel hommage aux femmes qui se battent contre le déterminisme social...
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Liens du sang, quête de soi ou des origines, oppression et émancipation : des romans puissants venus du monde entier
Pourquoi fuir ses origines ? Pourquoi rêver d'une vie meilleure ? Ces questions, certaines femmes africaines se les posent. Certaines osent et d'autres s'en remettent à la fatalité de leur culture. La femme doit obéir à l'homme, à son père, à son mari. Se soumettre et n'être que l'ombre. Quand une femme rayonne, sa volonté la pousse à tenter sa chance. Exister. Bien souvent, une génération est sacrifiée et les enfants bénéficient de l'expérience de leurs parents. Mais c'est une victoire. Pour ceux qui se sont sacrifiés. Ce livre est une leçon de vie pour ceux qui se lèvent dans la facilité dès leur enfance. La femme africaine est une femme solide, forte, qui porte, qui gère mais qui est étouffée par l'homme.
Ce roman est celui de la vie romancée de la grand-mère de l'autrice. Andoun est une jeune fille qui sait, dès son plus jeune âge qu'elle mérite mieux et aspire à une vie meilleure que celle qui lui est offerte dans la campagne camerounaise. A 15 ans, elle commence à se révolter à sa manière et refuse le travail dans les champs d'arachides car son avenir (radieux) et ailleurs. Surtout, elle veut étudier mais son environnement ne lui permet pas de s'émanciper. Elle entrevoit un espoir lorsqu'on l'envoie à Douala, dans la famille de sa sœur ainée.
A Douala, elle passe de l'euphorie aux désillusions. Au lieu d'être scolarisée comme prévu, elle se retrouve bonne à tout faire et élève les enfants de sa sœur. Sa situation va changer lorsqu'elle se lie d'amitié avec une jeune fille de la haute bourgeoisie et qu'elle finit enceinte d'un militaire, qui refuse de reconnaître cet enfant. C'est d'ailleurs ce bébé qui va pousser Andoun à se rebeller, à affronter seule son destin et à s'affranchir de toutes les contraintes pour enfin s'émanciper et toucher du doigt sa liberté.
Cette histoire est celle d'une jeune femme extrêmement forte et obstinée, qui fait preuve de courage et de résilience pour mener à bien sa vie. Elle affronte une société qui voudrait la mettre en cage et, surtout, la soumettre au joug d'un mari. De son village à Douala, puis à Paris, elle va faire preuve d'obstination pour élever sa fille, s'élever elle-même et essayer de garder courage, même dans les situations les plus compliquées. Andoun a toujours son objectif en tête et avec du travail et sa farouche volonté, elle avance à petits pas vers ses objectifs de vie.
Les « non » coûtent très cher
Andoun, petite fille préférée de son papa, qui la trouve particulière, a toujours rêvé d’autre chose, d’un ailleurs loin du Cameroun.
Madeleine sa sœur aînée, est mariée à André et ils habitent à Douala. Andoun y sera envoyée par le père avec la promesse qu’elle ira à l’école.
Mais la vie à Douala n’est pas facile et Madeleine se sert de sa sœur pour les travaux ménagers et pour s’occuper des enfants , ainsi pas de salaire à verser et pas d’école, inutile pour les filles qui doivent se marier et procréer.
Andoun s’accommode mal de la non-réalisation de ses rêves. Elle grandit et avec son teint clair, sa beauté attire les convoitises.
À quinze ans, lors d’une fête, elle rencontre un militaire qui a tout du prince charmant à ses yeux. Mais voilà, elle est enceinte et il ne veut ni d’elle ni de l’enfant.
Elle rentre chez ses parents, qui malgré leur colère et leur chagrin , cherche la meilleure solution pour qu’elle ne soit pas mise au ban de la communauté.
Sa petite Freya naîtra à l’aube de l’année 1968.
« La jeune fille savait qu’elle n’y trouverait pas son bonheur. Elle ne pourrait jamais être la femme obéissante, soumise et disciplinée que la vie du village exigeait. […]Elle y croyait encore. Au fond d’elle, une certitude demeurait : sa vie n’était pas ici. »
Andoun va faire face avec courage, détermination pour que sa fille réalise ses rêves, elle ira à l’école sera instruite et libre.
Lorsque sa sœur Madeleine deviendra veuve, il faut qu’Andoun lui vienne en aide, mais leurs relations se dégradent. Madeleine est aigrie, elle ne peut faire fi des coutumes et elle n’a plus qu’une obsession faire plier Andoun.
Mais cela fera l’effet inverse, en 1974 Andoun obtiendra le sésame pour sa fille et elle, un permis de séjour à Paris pour obtenir son diplôme d’esthéticienne.
Elle vivra chez son frère, là aussi elle n’a pas besoin de se chercher des ennemis ils sont au sein de la fratrie.
« Se lamenter est un luxe réservé à ceux qui ont le temps de voir venir. »
C’est un premier roman dont le sujet a déjà été traité souvent ; l’écriture est poétique, beaucoup de poèmes insérés entre les chapitres donnent une musicalité particulière à l’ensemble, comme des sas de décompression.
Kiyémis nous raconte le parcours de sa grand-mère, et j’aime l’idée de laisser une trace écrite en hommage.
Cependant lorsque j’ai refermé ce livre j’ai ressenti une gêne sans pouvoir l’identifier.
J’ai laissé le temps faire son œuvre et décanter l’histoire et j’ai compris d’où venait ce malaise.
Sur un demi-siècle de vie en France, quelques voyages au Cameroun , où Andoun a décidé de ne pas retourner vivre, il n’y a jamais d’interactions positives et bienveillantes avec les autochtones.
Je sais le racisme, couleur de peau mais aussi le mépris pour les petites gens, cette cohorte d’invisibles qui œuvres au bien-être général.
Mais n’y a-t-il pas eu de relations établies entre Andoun et les parents des amis de Freya à l’école ? Une petite fille qui a fait la fierté de sa maman par ses résultats scolaires s’intègre et se fait des amis, il y a les fêtes de fin d’année, etc. Pas une relation positive ? Cela m’étonne et me heurte.
Merci Lecteurs.com pour cette proposition de lecture, roman qui était en lice pour le Prix Orange 2024.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/07/15/et-refleurir/
De son village natal Nyokon à Douala la ville où elle a rejoint sa sœur et son beau-frère avec l’espoir d’aller à l’école, Andoun s’échappe souvent au milieu des fleurs jaunes qui alimentent ses rêves. Hélas son désir d’apprendre se mue dans l’obligation de seconder sa sœur dans les tâches ménagères. Puis vient sa première sortie. Le fruit de celle-ci sera la naissance d’un bébé dont le père, beau militaire, ne tarde pas à s’éclipser après l’annonce de la grossesse. En rester là, il n’en est pas question pour celle qui ne faiblit jamais. S’élever au-dessus des regards et des interventions malsaines de sa famille, s’extraire des traditions, se faire une place dans la société en essayant de s’établir à Paris, se former et travailler dans un salon de beauté pour que les mains de cette jeune à la peau noire embellissent toujours plus celle de riches femmes blanches. Et constater que l’eden attendu n’est qu’enfer.
L’écriture poétique de Kiyémis ne devrait pas m’autoriser pas à commenter les multiples et difficiles étapes de la vie de sa grand-mère par l’adjectif « combattante ». Et pourtant, il me paraît bien approprié, tant le courage de cette femme montre la hauteur des murs à franchir pour espérer une place dans la société, être respectée, accomplir ses rêves -déraisonnables ?
Toutefois, les nombreuses étapes fastidieuses qui se soldaient par un bilan négatif ont eu raison de ma patience et induit une certaine monotonie, et ce malgré l’élégance de l’écriture.
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