« Édouard, sortez de chez vous, allez marcher ! »
Édouard s'arrête, le souffle court. Ses jambes flageolent, son buste vacille, il va perdre l'équilibre. Pourtant, juré, il n'a pas bu une gorgée ce matin. Seulement une rasade hier au soir pour faire passer la pilule - l'anxiolytique, et la recommandation de son médecin. Marcher ? Pour quoi faire ? Pour aller où ? Affalé sur un banc après cent mètres d'effort, il n'en voit pas le sens. À quoi bon continuer ? Tout son corps lui fait mal.
En réalité, c'est à l'âme qu'il a mal, Édouard ; il n'habite plus son corps depuis longtemps, il l'a abandonné aux affres de la dépression, cette vague qui a tout emporté sur son passage et qui l'a cloué au fond.
Pourtant, déterminé à refaire surface, Édouard apprend à nager. Ou plutôt, à marcher. Pas à pas, il entreprend ainsi un long voyage qui le mène sur les chemins de Compostelle, de Rome, d'Assise et même de Shikoku.
Ce ne sont pas les kilomètres qu'il accumule ; non, ce sont ces petits cailloux blancs ramassés au bord de la route, ces sourires, ces rencontres, ces mains tendues qui le mettent sur la voie. Celle de la paix intérieure.
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