Les polars incontournables de vos vacances
Condor, c'est l'histoire d'une enquête menée à tombeau ouvert dans les vastes étendues chiliennes. Une investigation qui commence dans les bas-fonds de Santiago submergés par la pauvreté et la drogue pour s'achever dans le désert minéral de l'Atacama, avec comme arrière-plan l'exploitation illégale de sites protégés... Condor, c'est une plongée dans l'histoire du Chili. De la dictature répressive des années 1970 au retour d'une démocratie plombée par l'héritage politique et économique de Pinochet. Les démons chiliens ne semblent pas près de quitter la scène... Condor, c'est surtout une histoire d'amour entre Gabriela, jeune vidéaste mapuche habitée par la mystique de son peuple, et Esteban, avocat spécialisé dans les causes perdues, qui porte comme une croix d'être le fils d'une grande famille à la fortune controversée...
Les polars incontournables de vos vacances
Si vous les avez manqués, retrouvez ici tous nos articles du mois
Quand un lecteur passionné rencontre Caryl Férey
Plus je lis les romans de Caryl Férey, plus je suis déçue.
J'avais beaucoup aimé "Zulu", beaucoup moins "Mapuche", j'ai néanmoins poursuivi avec "Condor", parce que ce qui concerne l'Amérique latine m'intéresse, mais ce n'était pas une bonne idée. J'ai eu l'impression de lire la variante chilienne de "Mapuche" (qui se déroulait en Argentine), une sorte de copié-collé de la recette précédente avec quelques ingrédients modifiés.
Ainsi nous avons Gabriela, une jeune vidéaste d'origine mapuche (qui n'est autre que la soeur de Jana, l'héroïne de "Mapuche", c'est dire si on va chercher loin), issue d'un milieu pauvre ; et Esteban, quarantenaire de la bonne et très riche société de Santiago, avocat rebelle qui crache dans la soupière en argent massif de ses origines et met un point d'honneur à ne défendre que les causes perdues. Ces deux-là n'étaient a priori pas destinés à se rencontrer. Sauf que, dans un quartier déshérité de la capitale dans lequel vivent des amis de Gabriela, quatre gamins ont été retrouvés morts en l'espace d'une semaine, sans que la police ne daigne s'investir dans un semblant d'enquête. Devant l'injustice, Gabriela fait appel à son ex-amante et femme politique, qui la met en contact avec Esteban. Voilà nos deux héros (bientôt amoureux, évidemment), qui se lancent dans une enquête où se mêlent trafic de drogue, corruption, enjeux économiques et exploitation illégale de ressources naturelles, sur fond de relents nauséabonds de la dictature.
Comme dans "Zulu" et "Mapuche", c'est un déchaînement de violence dans lequel les vies humaines ne valent rien, et les cadavres ne tardent pas à s'amonceler.
Point positif : le contexte chilien est plutôt bien documenté : Allende, Pinochet, le coup d'Etat piloté par les USA, la torture, l'opération Condor, Victor Jara, le triste sort des populations autochtones, la crise économique et sociale, l'héritage de la dictature, le coût exorbitant des études universitaires, la victoire à la Copa América de 2015,... ça brasse large et pêle-mêle, mais si l'on n'a jamais rien lu sur le Chili, c'est instructif.
Points négatifs : si on a déjà lu "Mapuche", ça sent le réchauffé, sans compter la même accumulation de stéréotypes et l'écoeurement face à cette débauche de sang. J'ai trouvé cette histoire peu vraisemblable avec toutes ces coïncidences de tortionnaires et de torturés qui se retrouvent par hasard 40 ans après et qui en profitent pour régler leurs comptes. Je me suis souvent perdue dans les méandres de cette enquête multiple qui, à force de détours, devient ennuyeuse, en dehors de quelques épisodes plus rythmés. Et pourquoi cette histoire d'amour d'une mièvrerie de bisounours, teintée en prime de chamanisme rédempteur ? Mais en ce qui me concerne, le plus indigeste, c'est le style. Cela m'avait déjà agacée dans "Mapuche", mais décidément je n'aime pas du tout ce pseudo-lyrisme, cette "poésie" : la prose prétentieuse de Férey et ses métaphores douteuses m'ont définitivement convaincue de ne plus lire ses bouquins.
Comme à son habitude, quand Caryl Ferey situe son intrigue dans un pays, après y avoir vécu et s’en être imprégné, il nous plonge dans son histoire, ici, celle du Chili, de la dictature des années 70 sous Pinochet, avec l’opération Condor, au semblant de démocratie actuelle. Tout est très documenté, fouillé, les flash back historiques sont très pédagogiques.
L’intrigue se situe donc dans les bas fonds de Santiago ou règnent la pauvreté et la drogue. Plusieurs cadavres d’adolescents y sont retrouvés la même semaine. Quand c’est Enrique, 14 ans, fils d’un ami de Gabriela jeune vidéaste, qui est retrouvé mort, elle demande l’aide d’Estéban, avocat des causes perdues, fils rebelle d’une grande famille fortunée. Leur enquête va les ramener vers le pire épisode de l’histoire du Chili, sous Pinochet et déterrer l’opération Condor.
Trafic de drogue, flics corrompus et anciens hommes de main de Pinochet, tout cela va se télescoper dans cette course poursuite sanglante avec en trame l’histoire d’amour entre Gabriela et Estéban.
Dans le quartier de La Victoria, un des bas-fonds de Santiago du Chili, quatre enfants meurent d'une overdose. Gabriela, une jeune vidéaste mapuche, sollicite Esteban, fils de grands bourgeois et avocat des causes perdues, pour aider les familles à faire éclater la vérité. Dans le même temps, Edwards, l'associé d'Esteban dont le père a été tué sous la dictature, identifie un ancien tortionnaire, devenu proche de sa belle-famille. Dans les deux affaires, des tueurs puissamment armés et très bien renseignés interviennent pour effacer toutes les traces. Les meurtres s'accumulent, souvent précédés de tortures. C'est tout le passé du Chili, et particulièrement la période Pinochet et ses exactions, qui remonte à la surface...
Un Caryl Férey dans la lignée de Zulu, Utu, Haka ou Mapuche : l'auteur organise une chasse à l'homme dans les paysages grandioses d'un pays, ici le Chili, tout en visitant son histoire plus ou moins récente. Les ingrédients sont souvent les mêmes, et dans le cas de Condor : un couple d'enquêteurs plus ou moins traumatisés par leur histoire personnelle et leurs racines, entouré de quelques amis fiables ; des méchants très violents, guidés par l'infini appât du gain ; beaucoup d'hémoglobine !
La plume de Caryl Férey est rapide et sèche pour donner de la vitesse au récit. L'auteur multiplie les changements de séquences pour encore accélérer le rythme. C'est presque un film qui se déroule sous les yeux du lecteur.
Les personnages ne sont pas réalistes : ce sont des concentrés de traumatismes historiques et d'émotions. Globalement, l'intrigue est beaucoup plus crédible. C'est cette rencontre entre des individus dont les traits de caractères sont très exagérés et des événements qui pourraient tout à fait découler du passé récent du pays, dans des lieux, bas-fonds ou terres sauvages, qu'il donne envie de découvrir, qui fait la marque de l'auteur.
Une plongée dans le noir passé chilien et une ballade des bas-fonds urbains jusque dans les grands espaces du nord et du sud du pays.
Voilà, c'est bien dit, sauf que je n'y crois pas. Entre stéréotypes voire caricatures, et entrées en grand nombre de protagonistes dont au bout d'un moment je ne sais plus qui ils sont ni ce qu'ils font là, je ne parviens pas à m'intéresser à cette histoire. J'apprends des trucs sur l'histoire du Chili et de l'Amérique du sud, mais ça ne suffit pas à me faire tenir le coup toutes les pages. Le reste est convenu, déjà-lu. Rien de bien affolant. Ni l'histoire d'amour très Roméo et Juliette, ni l'intrigue.
Ma première lecture de Caryl Ferey, j'aurais peut-être dû commencer par un autre titre...
Condor
14 mars 2018
Condor de Caryl Férey
Avec Caryl Férey, le polar français prend l'air ! Après la Nouvelle-Zélande ( Haka ), l'Afrique du Sud ( Zulu ) et l'Argentine ( Mapuche ), il prend ici le pouls du Chili, encore terriblement marqué par la dictature Pinochet et les exactions de la junte militaire fachiste, et désormais vendu à l'ultralibéralisme et aux multinationales qui pillent les richesses nationales jusque dans les zones sensibles du désert de l'Aracama.
Si l'écriture est simple, c'est pour mieux s'effacer devant une intrigue brillante que Férey maitrise avec une science réelle de la narration et du rebondissement.
Tout part de la mort par overdose de plusieurs jeunes du quartier déshérité de la Victoria dans des circonstances étranges, des morts qui n'intéressent personne mais alertent Gabriela, jeune vidéaste mapuche rebelle et intrépide, qui se lance à corps perdu dans la découverte de la vérité. Les personnages sont un poil caricaturaux ( les méchants très méchants et les gentils vraiment héroïques ) mais on s'y attache terriblement. J'ai adoré celui d'Esteban, avocat à la fois chic et désespéré, tourmenté par le poids d'une famille richissime et le souvenir du musicien Victor Jara assassiné par la junte militaire. Très beau personnage également que le vieux projectionniste Stefano, ancien militant d'extrême-gauche, survivant de la torture post coup d'Etat contre Allende, prêt à reprendre les armes si besoin.
Un beau polar dense, complexe, ambitieux, militant et profondément humaniste.
Après "Mapuche", paru en 2012, Caryl Férey est passé de l’autre côté des Andes, quittant l’Argentine pour le Chili afin de continuer à explorer la vie des Indiens Mapuche mais aussi à nous remettre en mémoire les ravages causés par une autre dictature tout aussi sanglante.
Il lui a fallu quatre ans de travail, de lectures et de recherches pour documenter un thriller qui va bien au-delà de ce qu’on attend d’un livre classé série noire. Ici, c’est Gabriela, jeune femme mapuche qui conduit l’histoire emmenant le lecteur de Santiago jusqu’au désert d’Atacama en passant par l’Araucanie, le Wallmapu, territoire mapuche, et Valparaiso, dans ce pays qui s’étire tout en longueur le long de l’océan Pacifique.
C’est justement dans ce désert d’Atacama, à plus de 5000 m d’altitude que se concentrent toutes les convoitises afin d’exploiter les métaux rares comme le lithium en détruisant sans vergogne les nappes phréatiques présentes sous des déserts de sel appelés salars.
L’intrigue se noue dans la capitale d’un pays où les immenses blessures causées par la dictature de Pinochet sont loin d’être cicatrisées. S’ajoute à cela l’extrême pauvreté de certains quartiers comme celui de La Victoria et un trafic de drogue qui prospère dans ce pays qui, dès 1974, est devenu la première économie néolibérale du monde : « Ils avaient privatisé la santé, l’éducation, les retraites, les transports, les communications, l’eau, l’électricité, les mines et puis ils avaient privatisé la Concertation. »
Révoltée par la mort du jeune Enrique (14 ans), Gabriela veut connaître la vérité et trouve de l’aide auprès de Stefano, de retour d’exil depuis 1990, et de « l’avocat des causes perdues » : Esteban.
Régulièrement, l’auteur fait le point sur l’après dictature et sur les dégâts causés par le Plan Condor qui visait à « l’extermination d’opposants politiques sans jugement ni procès. » Huit cents enquêtes ont été lancées contre ces criminels mais seulement soixante-et-une ont été menées jusqu’au bout. Ce Plan Condor voulu par Pinochet avec la CIA et mené au Chili, en Uruguay, au Brésil, en Argentine, au Paraguay, en Bolivie et dans le monde entier a causé la mort de 60 000 personnes !
Au cours du récit, nous découvrons le poème épique écrit par Esteban en hommage à Victor Jara, Colosse aux mains brisées, et Catalina Ester Gallardo Moreno, une des nombreuses victimes des tortures les plus ignobles perpétrées après la mort de Salvador Allende. Ce texte, Condor live, Bertrand Cantat, avec ManuSound et Marc Sens, le fait vivre de manière époustouflante sur scène.
Après une plongée en territoire mapuche qui permet de découvrir les croyances de ce peuple au travers du voyage mystique de Gabriela, le récit devient de plus en plus palpitant et renversant avec des scènes superbement écrites.
Dans "Condor", Caryl Férey réussit à nous faire vivre dans ce pays, dans ces paysages lointains si différents des nôtres et tient en haleine son lecteur jusqu’au bout dans « un pays de gueux dressés à coups de trique » où « Amitié, poésie, tendresse, désir, peur, amour » bouleversent Gabriela qui peut enfin lire la chanson de Catalina pour son Colosse.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J'avais déjà lu "Mapuche" de Caryl Férey, un livre qui m'avait enthousiasmée. Après avoir rencontré l'auteur aux Correspondances de Manosque 2016 et assisté au Concert littéraire "Condor live", j'étais impatiente de découvrir le roman. Je n'ai pas été déçue.
Tenue en haleine de la première à la dernière ligne, "Condor" est un thriller remarquable et surtout, il se déroule dans un Chili encore fortement marqué par la dictature sanglante du général Pinochet dont les stigmates sont encore bien présents.
Comme à son habitude, l'auteur parle en connaissant bien le terrain pour y avoir vécu et il sait nous faire entrer dans la peau de ses personnages. "Condor", un roman remarquable, à lire sans faute !
gagné sur lecteurs, quelle chance
de l'action, du suspense, la peinture d’une société … un polar comme je les aime
à lire absolument !
merci lecteurs
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !