Récompensée cette année pour "L'Ami du Prince", la romancière vous confie 10 lectures indispensables
Joyce Carol Oates Blonde « Alors, en début de soirée, ce 3 août 1962, vint la Mort, index sur la sonnette du 12305 Fifth Helena Drive. La Mort qui essuyait la sueur de son front avec sa casquette de base-ball. La Mort qui mastiquait vite, impatiente, un chewing-gum. Pas un bruit à l'intérieur. La Mort ne peut pas le laisser sur le pas de la porte, ce foutu paquet, il lui faut une signature. Elle n'entend que les vibrations ronronnantes de l'air conditionné. Ou bien... est-ce qu'elle entend une radio là ? La maison est de type espagnol, c'est une « hacienda » de plain-pied ; murs en fausses briques, toiture en tuiles orange luisantes, fenêtres aux stores tirés. On la croirait presque recouverte d'une poussière grise. Compacte et miniature comme une maison de poupée, rien de grandiose pour Brentwood. La Mort sonna à deux reprises, appuya fort la seconde. Cette fois, on ouvrit la porte.
De la main de la Mort, j'acceptais ce cadeau. Je savais ce que c'était, je crois. Et de la part de qui c'était. En voyant le nom et l'adresse, j'ai ri et j'ai signé sans hésiter. »
Récompensée cette année pour "L'Ami du Prince", la romancière vous confie 10 lectures indispensables
Emblématiques d'une époque, frondeuses, révoltées, sulfureuses ou imaginatives mais surtout libres, les femmes écrivains ont su imposer une légitimité dans un contexte qui ne leur a pas troujours été favorable. Certaines sont devenues des références dans un genre littéraire spécifique comme le roman (Françoise Sagan), le carnet de voyage (Ella Maillart, le thriller (Mo Hayder ou Fred Vargas) ou l'essai (Elisabeth Badinter), il vous vient spontanément un nom à l'esprit. Par Hassina Mimoune
Il y a l'icône. Et il y a la femme, l'habitante esseulée du 12305, Fifth Elena Drive. Pour Norma Jean, par fascination pour la fille derrière l'actrice Monroe, Joyce Carol Oates a écrit un pavé de mille pages. Lourd, puissant et guerrier. Peu importe finalement que ça ressemble ou non à la « vraie vie ». D'ailleurs, que peut-on en savoir, d'une vie, si on n'a pas approché le sujet ?
Ce livre m'a accompagné pendant 14 jours, c'est assez rare, normalement, je mets à peu près 3 jours bons il y a quand même 1110 pages, c'est sur on ne peut pas raconter la vie de cette personnalité en 300 ou 500 pages.
L'autrice explique distinctement que ce n'est pas une bibliographie, mais une synecdoque (elle prend les faits réels et brode autour) mais elle cite aussi tous les livres ou elle a fait des recherches.
Cela était pour moi la découverte de cette autrice que je ne connaissais pas, et j'ai beaucoup apprécié son écriture qui nous emmène dans la vie de cette icône qui est Marylin Monroe, elle nous raconte sa petite enfance, cette relation très particulière avec sa mère qui va durer tout au long de sa vie, les principaux films et les hommes qui l'ont accompagné intimement.
Je pense avoir pris ses trois axes est très habilement choisis, car ce sont les choses importantes dans sa vie, et cela m'a permis de mieux appréhender la personnalité de cette star, et de percevoir ses failles, ses doutes.
J'ai adoré ce livre, c'est captivant, immersif, je n'oublierais pas ce livre, trois jours après l'avoir refermé, j'y pense encore, j'ai envie maintenant de voir ces films, de voir des reportages sur sa vie, sûrement, je vais lire d'autres livres sur elle.
Elle nous démontre comment l'univers cinématographique l'a façonné, faire de quelqu'un qu'elle n'était pas, mais elle devait être toujours la fille sexy que les spectateurs pouvaient la voir sur le grand écran - j'ai appris beaucoup de choses sur cette star, d'abord sur ses films, la manière qu'elle avait à aborder chaque rôle, j'ai trouvé cela tellement édifiant.
Sa mort reste un mystère, et ce livre n'y réponds pas, l'autrice choisis un cadre, c'est probablement une énigme où on aura aucune réponse, j'avoue cela m'intrigue, j'ai très envie d'en savoir plus.
Mais c'est un grand livre ou l'autrice nous livre ses talents de conteuse et va me pousser à aller plus loin dans cette histoire.
Elle va au-delà du mythe, elle nous montre l'envers du décor, ce qui as derrière le sex-symbol qu'elle était, et cela était un voyage livresque étonnant et que j'ai du mal à refermer, j'ai l'impression d'être toujours dans ce livre
Blonde est la réinvention du destin de Marilyn Monroe dont la vie et la mort restent un mystère.
C'est un roman long, très long avec une écriture exigeante.
On y découvre le parcours d'une petite fille qui n'arrive pas à grandir, qui cherche en vain l'amour de sa mère.
Née de père inconnu, elle verra dans tous les hommes la figure paternelle ; elle en consommera des hommes dans cette quête impossible.
Nous subissons, dans ce récit, la descente aux enfers, la consommation de drogues, d'amphétamine, de tranquillisants, d'alcool et la manipulation des hommes qui profitent de cette naïveté.
Que Marilyn est vulnérable, attachante et sensuelle.
Il est question d'un besoin absolu de se faire aimer, respecter et admirer.
C'est sombre, déprimant mais le style poétique de Madame Oates est fascinant.
A quand le Prix Nobel ?
Très loin de l'image frivole que nous avons tous de Marilyn Monroe, pur produit hollywoodien, Oates nous immerge dans les méandres de l'esprit complexe de Norma Jean Baker.
Studieuse, sensible, douée d'imagination, Marilyn Monroe est bien trop souvent passée pour une poupée écervelée, victime de la société follement misogyne dans laquelle elle évoluait.
Oates nous ravit toujours autant avec sa plume si particulière et nous embarque.
Monumental.
JC Oates a travaillé comme une petite fourmi sur cette semi autobiographie-fiction de Marylin Monroe et c’est une magnifique réussite ! Bien sûr il ne faut pas perdre de vue que - même si basée sur des faits réels à l’origine - l’auteure a laissé voguer son imagination quant aux détails, dialogues et sentiments profonds de Norma Jeane (qui cachait au maximum sa terrible enfance et ses origines nébuleuses et ne permettait donc que l’extrapolation …)
Mais alors quel livre ! Combien elle a su nous rendre bouleversante la profonde souffrance d’une petite fille, puis d’une adolescente qui ne rêvait que d’amour ! D’une jeune femme qui confondait l’image d’un père idéal avec celle de l’homme de sa vie !
J’ai dévoré ce (très long) roman en occultant plus ou moins volontairement ce qui était imaginaire ou pas. Bon, je reconnais que certains épisodes de la vie de la Star m’ont moins intéressée que d’autres. Toutefois l’ensemble est une pure merveille qui m’a sincèrement donné l’impression de l’avoir connue. Une écriture émouvante sur un destin tragique qui ne peut laisser quiconque indifférent !
Moi qui ne suis pas d'un tempérament groupie et qui jusqu'à ce roman, ne savais de Marilyn Monroe que l'essentiel (à savoir que c'était une starlette devenue star, qu'elle avait éventuellement couché avec JFK et qu'elle ne s'était peut-être pas suicidée…), j'ai été totalement envoûtée par ce roman. Pendant les 10 jours où il m'a accompagnée (976 pages tout de même), j'ai vécu avec Norma Jeane Baker. Il m'est même arrivé de m'endormir en pensant à elle.
Au tout début du livre, il est précisé : « Blonde est une oeuvre de fiction. Si la plupart des personnages de ce livre présentent quelques ressemblances avec les proches et les contemporains de Marilyn, leur description et les évènements rapportés sont entièrement le fruit de l'imagination de l'auteur. Il faut donc lire Blonde comme un roman et non comme une biographie de Marilyn Monroe. ».
Et c'est bien ainsi que je l'ai pris, comme un roman, brodé autour et à partir de faits réels et avérés, et extrêmement bien servi par la plume talentueuse de Joyce Carol Oates que j'admire de plus en plus.
D'ailleurs, cette dernière ne nomme que très rarement les personnages secondaires de son roman. du moins, à partir du moment où ils présentent une importance dans la vie de Norma Jeane, ils sont désignés par leur qualité première : Norma Jeane est la plupart du temps « l'Actrice blonde », et traversent sa vie « le Dramaturge », « l'Ex-Sportif » ou encore « le Président »… Tout cela contribue à une ambiance un peu vaporeuse, comme dans un rêve de cinéma.
Norma Jeane, telle qu'elle nous est présentée ici, est terriblement attachante, à la fois fragile et déterminée, cantonnée à des rôles de poupée blonde mais nourrissant des ambitions de théâtre et écrivant des poèmes.
Marilyn Monroe n'est pas seulement le nom de scène de Norma Jeane Baker, c'est aussi et surtout le personnage créé par le Studio et dont raffole le public. « Marilyn Monroe était un robot créé par le Studio. Fichtrement dommage qu'on n'ait pas pu le breveter. »
Et ce personnage, ajouté à une évidente fragilité psychologique dès le début de sa vie, finira par la tuer.
« Je connaitrais mon existence et la valeur de cette existence par les yeux des autres »
« L'actrice Blonde » ne joue pas ses rôles, elle les incarne. « Car jouer, c'est résoudre une succession d'énigmes dont aucune ne peut élucider les autres. Car l'acteur est une succession de moi maintenus ensemble par la promesse que sur scène toute perte peut être réparée. » Et une fois ancrés en elle, ces différents personnages prennent le pas sur sa véritable personnalité.
Norma Jeane souffrira toute sa vie de ne pas être reconnue pour ce qu'elle était vraiment mais que seule « la bombe sexuelle Marilyn » soit connue. « Souvent l'étrange sens de l'humour de Norma Jeane étonnait les hommes, ils ne s'y attendaient pas de la part de « Marilyn » , une adorable idiote ayant l'intelligence d'une enfant de onze ans moyennement précoce. C'était en effet un sens de l'humour ressemblant au leur. Caustique et dissonant, comme de mordre dans un chou à la crème et d'y découvrir du verre pilé. »
On se sent forcément en empathie avec cette femme malheureuse, qui n'a jamais trouvé sa place ni dans le domaine professionnel à cause de son image de blonde écervelée -qui lui a valu ses premiers succès mais dont elle n'a jamais pu se défaire- ni dans le domaine amoureux car les hommes ne voient pas la vraie Norma Jeane. de plus, ayant grandi à l'orphelinat puis en famille d'accueil, elle n'a pas de famille proche ou d'amis la connaissant bien et auprès desquels elles pourrait chercher du soutien. Elle est définitivement seule et perdue malgré sa gloire et sa notoriété.
J'ai adoré découvrir cette femme charismatique accompagnée de la plume de Joyce Carol Oates et si vous n'avez pas peur des pavés, je vous recommande chaudement ce roman.
« Cette femme sur l'affiche n'est pas moi. Mais elle est ce que j'ai créé. Je mérite mon bonheur. »
2017 : En fait je pense que ce roman mériterait une relecture plus attentive de ma part. En effet à la première lecture, il en ressort un avis plus que mitigé. Je n'incrimine pas le style de la romancière mais seulement la forme. Bon, c'est sûr, je ne vais pas me faire « que des ami(e)s » car à la lecture des critiques, je m'aperçois que ce livre a globalement été encensé.
2001 : Alors, autant le dire tout de suite, je suis une fervente admiratrice de Marilyn Monroe (eh oui, je ne pense pas que c'était seulement la « gourde » de service, la blondasse « bombasse » défoncée et stupide comme les multiples biographies de Marilyn voudraient nous le faire supposer. Je pense au contraire que c'était quelqu'un d'hyper sensible, une écorchée-vive perfectionniste en quête de reconnaissance, en perpétuelle recherche d'identité et surtout quelqu'un d'hyper-manipulée). Une chimère ? Peut-être, mais c'est ma vision des choses. Alors évidemment, sans surprise, j'ai été profondément déçue par l'interprétation que Carol Joyce OATES fait de l'histoire de la comédienne. Certes, Marilyn ça ne devait pas être « de la tarte » et sa vie surement moins « dorée » que ce que l'on a bien voulu nous faire croire (en réalité : la misère sous les paillettes), mais cette histoire-là ne m'a pas emballée et ne m'a pas plu. Je ne sais pas, un malaise, une inadéquation avec l'histoire, ce livre m'a dérangé et laissé un gout amer. Peut-être était-ce vraiment ça la vie de la Star ? Mais je n'avais pas, à ce moment-là, envie de la lire ainsi. Je n'avais pas envie de lire toute cette noirceur, pas envie de partager cette vision sordide de l'histoire, qui est peut-être la vérité d'ailleurs… allez savoir ? En effet, ce n'est pas une biographie fidèle de la vie de Marilyn mais une version « romancée » et imaginée pour une grande partie alors on peut imaginer ce qu'on veut…
2017 : A la lecture donc, des critiques dithyrambiques publiées, j'ai bien envie d'en reprendre la lecture car je me dis que je suis peut-être passée « à côté » de quelque chose que je n'ai pas su saisir il y a seize ans ! A redécouvrir donc.
Plus d'avis sur mon blog: https://christinehoussin1.wixsite.com/bouquinista
Ma page Facebook: https://www.facebook.com/bouquinista/
A propos de Windows on the world, roman qui a valu à Frédéric Beigbeder le prix Interallié, l’écrivain français écrit : « Le seul moyen de savoir ce qui s’est passé dans le restaurant situé au 107ème étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c’est de l’inventer. »
Peut-être aussi que le seul moyen de savoir qui était Marilyn Monroe, c’est d’en faire un personnage de roman. C’est le défi que relève Joyce Carol Oates dans Blonde, un livre absolument étincelant, qui n’est pas une biographie romancée mais une fiction centrée sur l’actrice hollywoodienne. Un pavé, certes, mais un pavé à facettes, subtil, raffiné, façonné par une prose absolument magistrale, une syntaxe ciselée qui entraîne le lecteur au plus proche de la protagoniste. Il est absolument impossible de décrire le ton du roman puisque celui-ci nous enchaîne à Marylin et nous plonge avec elle dans tous les états émotionnels qui peuvent traverser la vie d’un être humain : la confrontation au vide, au manque d’amour, le sacrifice de soi au regard des autres mais aussi la spontanéité, l’émerveillement, le perfectionnisme et plus de lucidité qu’on ne se serait attendu à en trouver. J’ai trouvé particulièrement bien vue les interventions, dans le dernier tiers du récit, de point de vue autres personnages, membres d’équipe de tournage et autres anonymes entourant le mythe Monroe, dont le regard permettait à Marilyn de survivre encore un peu alors que Norma Jeane Baker avait déjà disparu. Touchante, attachante que cette fille (je ne peux écrire femme) dissimulée derrière l’icône peroxydée.
Un livre époustouflant.
une plongée imaginaire, mais fortement teintée de vérité, dans les méandres de l'esprit torturé de la plus célèbre blonde du monde...je pense, pour avoir beaucoup lu sur Marilyn Monroe, y compris ces propres écrits, que peu d'auteur ont approché la vérité de se personnage si complexe et pourtant si familier! formidablement écrit
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Nostalgique, nomade ou plutôt romantique ? Trouvez le livre de la rentrée qui vous correspond !
La littérature est une question de goût. Il m'arrive aussi de ne pas apprécier un livre porté aux nues ou inversement, de beaucoup aimer un livre descendu par la critique. Heureusement d'ailleurs, sans quoi, plus de découverte, de belles ou de mauvaises surprises... J'ai hâte de le lire prochainement pour voir de quel côté je me rangerai.