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Parti de Vichy pour Lyon puis Paris, Albert Londres voulait être poète. Il le restera toute sa vie, à sa manière. Chroniqueur au Palais-Bourbon, il est aux Dardanelles en 1915 et ne cessera dès lors de parcourir et le monde, et les «mondes» : ceux des bagnes, des asiles, des cyclistes «forçats de la route». Dès 1924, ce grand reporter devient aussi redresseur de torts, quand il commence de dénoncer ce qui le scandalise, de «porter le fer dans la plaie et de juger la chose jugée». Don Quichotte entêté, journaliste ambitieux sous un masque d'indolence, Albert Londres est aussi l'homme d'une seule femme, le père attendri de Florise, le spectateur ému de La ronde de nuit de Rembrandt. Il meurt le 16 mai 1932 dans l'incendie du Georges-Philippar qui le ramenait de Chine, où il était parti pour une enquête ou une mission dont l'objet restera à jamais mystérieux.
Avec une écriture dynamique, Pierre Assouline nous livre une biographie passionnante du célèbre journaliste Albert Londres qui a laissé son nom au prix prestigieux créé après sa mort par sa fille Florise en 1933, décerné au meilleur jeune reporter francophone de l’année.
En écrivant la vie d’Albert Londres, Pierre Assouline entraine forcément le lecteur dans le tourbillon de l’histoire du monde, des guerres, de la politique, et bien entendu celle des journaux et du journalisme.
Londres va savoir se démarquer de ses collègues car non seulement il se rend sur place au cœur de l’action mais fais vivre les situations par le biais de rencontres, des personnages qu’il va faire vivre épisode après épisode avec une écriture romanesque qui passionnera les lecteurs de journaux mais aussi il va s’impliquer en donnant son propre opinion.
Londres, hormis d’être un habitué du Palais-Bourbon, est un correspondant de guerre aventurier qui n’hésite pas à se déplacer sur les terrains de conflits qu’ils soient en Europe, en Chine, au Japon, en Inde, en Palestine ou en Russie mais il va aussi prospecter des sujets qui lui tiennent à cœur tel un reportage choc sur le bagne de Cayenne livré comme une enquête par des articles quotidiens et qui atteindront le plus haut sommet de l’État. Un an après le récit d’A. Londres édité en livre, témoignant de l’horreur de ce lieu, le gouvernement dut procéder à l’abolition de ces travaux forcés.
Fort de ce résultat, A. Londres se rendra compte de la puissance que peut avoir une plume de journaliste et deviendra une sorte de bouteille à la mer pour nombre de désespérés, sensibilisant les lecteurs en traitant des sujets de société tels Biribi, la réhabilitation d’innocents condamnés suite à des jugements bâclés, le Tour de France et ses abus faits aux cyclistes, le colonialisme et son exploitation en Afrique, l’antisémitisme, la prostitution et traite des Blanches en Argentine, les asiles de fous, le mécanisme du terrorisme en allant aux Balkans, puis le voilà reparti en Asie du Sud Est couvrir la guerre sino-japonaise tout en décidant que ce serait son dernier reportage et qu’ensuite, il reviendrait dans sa maison natale sise à Vichy avec sa mère et sa fille, pour réaliser ce qu’il avait toujours eu envie d’être, un écrivain à part entière.
Malheureusement, au retour, alors qu’Albert Londres dit à ses amis de voyage être en possession d’un reportage explosif, il ne reviendra pas au pays, trouvant la mort dans l’incendie du paquebot le Georges Philippar et nul ne saura le contenu exact de cette dernière enquête puisque les amis Lang-Willar (l’étaient-ils vraiment in fine ?), confidents d’Albert Londres et rescapés du naufrage trouvèrent eux aussi la mort dans le vol privé Brindisi-Paris pourtant conduit par deux pilotes émérites.
De façon détaillée, Pierre Assouline va faire une recherche érudite de l’état de la Chine en 1932, théâtre de conflits volcaniques entre la guerre japonaise en Mandchourie, et les guerres intestines du Kuomintang et de la poussée secrète de la révolution maoïste tout cela mélangé aux pouvoirs colonialistes.
On découvre qu’en Chine, Albert Londres a faussé compagnie à tous pendant 49 jours. On a quelques traces par des cartes postales envoyées à sa fille Florise de Moukden, Tianjin et Pékin. De bien maigres informations.
Concernant la mort d’Albert Londres, le conditionnel est de rigueur… et le « si »… a fait et continue de faire couler beaucoup d’encre…
Une biographie dynamique, érudite, vivante, absolument captivante et brillante.
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