"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une immersion journalistique de cinq semaines dans la vie des Africains de Moscou. Première étape, l'Université de l'Amitié des Peuples, également connue sous le nom de l'Université Patrice Lumumba. Chaque matin, des bus déversent des centaines d'élèves dans cet immense complexe situé au Sud Ouest de Moscou, capitale de la Fédération de Russie. L'endroit est connu par tous les étudiants africains ayant posé pied en Russie. Près de 150 nationalités s'y côtoient. Dès sa création le 5 janvier 1960, cette université est présentée comme l'instrument de lutte contre l'impérialisme de l'Occident dans le monde. Son objectif : former les futurs élites du tiers-monde et diffuser l'influence communiste. À l'époque, tout était offert : visa, billet d'avion, logement, frais de scolarité et même dépenses de loisirs. L'éclatement de l'U.R.S.S. a eu des répercussions tragiques : du jour au lendemain, les bourses ont cessé d'être versées. Certains vivent avec seulement 15 euros par mois, pour payer la scolarité, se loyer, se nourrir et couvrir les dépenses annexes . Sans possibilité de travail sur place, une seule alternative : le ministère de la débrouille. Du coup, le maître mot pour tous les résidents, c'est la solidarité. Une précarité qui ne dissuade nullement les nouveaux arrivants. Nombreux sont les jeunes qui viennent là parce qu'ils n'ont pas de moyens d'aller en Europe ou en Amérique. Le niveau scolaire est certes élevé mais, paradoxalement, les diplômes russes ne sont pas reconnus dans de nombreux pays occidentaux, y compris africains. Tous les Africains rencontrés en Russie, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, expriment les mêmes craintes du fascisme à la russe. La haine de l'étranger. Une haine née et entretenue par les nationalistes et les ultranationalistes, l'équivalent de l'extrême-droite. En cas d'agression, inutile de compter sur les autorités...
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