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Marseille est donc un des derniers lieus de vie de Walter Benjamin avant sa mort en 1940. Elle est aussi la ville où (dés 1928) il vécut des expériences diverses ; et notamment sa ballade sous Haschich.
Objectivement l’intérêt de ce témoignage est d’un intérêt limité ; mais si on connait (un peu ou beaucoup) Marseille cette déambulation prend une dimension plus proche, plus sensible.
Hannah Arendt disait de lui «Cet homme n'avait appris à nager ni avec le courant ni contre le courant. »
Traducteur de Proust, Baudelaire, Saint-John Perse …, le but qu'il s'était proposé était d'être considéré comme le premier critique de la littérature allemande.
Ni poète, ni philosophe, iI "pensait poétiquement".
Une figure centrale de sa pensée : le flâneur.
"Au flâneur qui erre sans but au milieu des foules des grandes villes dans une attitude fortement opposée à leur affairement utilitaire, les choses se révèlent dans leur signification secrète. L'image vraie du passé est fugitive et le flâneur seul reçoit le message dans son errance nonchalante."
Il se définissait comme un pêcheur de perles qui n'avait de cesse de collectionner les citations.
Récits d'Ibiza comprend 4 grandes parties :
- Histoires du capitaine V. et textes voisins
- Ibiza, Terre de rencontres
- Autour du haschich
- Chroniques et réflexions
Derniers moments de bonheur à Ibiza.
Walter Benjamin nous livrera les récits des différents personnages qu'il a croisés à Ibiza ou sur le bateau qui l'y a mené.
Et c'est un formidable conteur !
Poèmes, extraits de lettres, de journal intime viendront compléter ces récits.
Il nous parlera de ses rencontres, de son coup de foudre pour Toet, livrera ses pensées sur les mots et le langage, la distorsion du temps et de l'espace (Autour du haschich), tout au long de ses longues promenades, de ses flâneries sans oublier de très justes descriptions d'Ibiza ou de Marseille.
Une belle invitation au voyage ...
En annexe les souvenirs de Jean Selz, son voisin sur l'ile ainsi que les propos de Pierre Bayart quant au concept du narrateur chez Walter Benjamin nous apportent des éclaircissements sur sa pensée.
Il y a des livres qui vous retournent les émotions, qui laissent une empreinte sur votre vie et qu’une fois la dernière page tournée, vous ne pouvez oublier. Ce livre « J’ai vu la mort en face » en fait partie pour moi. J’ai été autant touchée par l’histoire de Walter Benjamin - mais aussi et surtout - par son écriture. Plusieurs fois, j’ai été fortement émue par ce qu’il a traversé (l’attentat à proprement parlé) mais également par le parcours du combat qui s’en est suivi : l’hospitalisation, le dur et long combat vers la guérison, l’apprentissage de nouvelles habitudes, la reprise d’une vie « normale »,…. J’ai connu plusieurs épisodes où les yeux me piquaient, tant je n’ai pu rester insensible à ce vécu.
Depuis les attentats de Charlie Hebdo, nous avons modifié notre vision de l’Homme et découvert que la menace terroriste était sur le pas de notre porte. Alors qu’avant ce funeste mois de janvier 2015, nous regardions les images sur nos télévisions en tant que spectateurs, la menace terroriste est venue frapper chez nous (même si des années plus tôt nous avions connus les attentats de Madrid et de Londres).
J’ai été agréablement surprise par le soutien qu’il a reçu de certaines personnes comme le Roi et la Reine mais aussi par Hassan, une des premières personnes venues à son secours peu après les explosions dans le hall des départs de l’aéroport de Bruxelles devenu ensuite un ami, par Oussama et des adolescents issus de Molenbeek. Par contre, le manque d’empathie dont a fait preuve le monde politique est tout simplement honteux.
Par un discours empreint de tolérance et de non-violence, Walter Benjamin décrit dans ce court livre mais intense, son réveil à l’hôpital, la revalidation, ses premières sorties de l’hôpital de longs mois après le 22 mars, son retour chez lui,… On ne peut rester insensible à la lecture de ce livre, tant le courage de son auteur est tout simplement inouï. C’est le genre d’individu que j’aimerais rencontrer, tant son courage et sa non-résilience en font de lui, une belle personne.
Chaque fois que je me rends à l’aéroport de Bruxelles, je ne peux qu'avoir une pensée pour les victimes et leurs familles après cet acte abject. Plus de deux ans après, leurs combats sont loin d’être terminés. Même si les projecteurs se sont éteints autour d’eux, ils devront vivre avec les terribles souvenirs et souffrances tant physiques que morales, de ce jour qui restera marqué dans le cœur de tous les belges, abandonnés par les assurances et le monde politique notamment.
Chronique sur le blog : https://musemaniasbooks.blogspot.com/2018/10/jai-vu-la-mort-en-face-de-walter.html
Au préalable, je remercie les éditions du Rocher de m'avoir permis, en échange d'une critique, de découvrir ce témoignage bien avant sa parution officielle.
Je saisis l'occasion pour exprimer ma gratitude à Babelio pour la tenue de ce concours des plus sympathiques.
Ainsi que le disait, si justement, Victor Hugo : « Lire c'est voyager : voyager, c'est lire ».
Bibliophile depuis toujours, je lis pour étancher ma soif de connaissances mais aussi pour m'évader.
Que j'aurais aimé ne pas avoir à entreprendre ce voyage à travers « J'ai vu la mort en face : Une vie après l'attentat » de Walter Benjamin, pareillement à ceux que j'ai fait avec Antoine Leiris et « Vous n'aurez pas ma haine » ou « Nos 14 novembre » de Aurélie Silvestre.
Il y a des livres qui n'auraient jamais dû exister et ceux-là en font partie. Il y a des drames dévastateurs qui font sortir de l'anonymat des personnes qui s'en seraient bien passées. Nos auteurs sont trois d'entre-elles.
Pourquoi avoir, alors, sélectionné avec d'autres oeuvres mises en jeu lors de la masse critique, cette lecture qui ne s'annonçait pas comme un périple des plus joyeux ?
Tout simplement, pour rendre hommage à Monsieur Benjamin en particulier et à toutes les victimes de ces barbaries en général. Je n'étais pas habitée par du voyeurisme mais plutôt par un profond respect à son égard.
Une dizaine de jours plus tard, elle m'attendait dans la boite aux lettres…
Je dois admettre, que venant de la poser définitivement, j'en ressors avec un sentiment mitigé. J'ai passé un bon moment certes. C'est court (deux cent trente-trois pages), rapide et facile à lire. Mais pour le reste, je suis plus circonspecte.
Par cette chronique, je vais tenter de vous exposer les raisons qui font que j'en suis arrivée à cette conclusion.
Il est 7 heures 58 minutes le 22 mars 2016, quand deux kamikazes déclenchent leurs charges explosives dans le hall des départs de l'aéroport international de Bruxelles situé à Zaventem dans la province du Brabant flamand. Bilan des explosions : seize morts et au moins quatre-vingt-douze blessés. Walter Benjamin est l'un d'entre eux. A partir de cet instant, sa vie bascule. Elle ne sera plus jamais la même…
En ce mardi matin, ce belge, âgé de quarante-neuf ans, de confession juive, attend de monter dans l'avion qui doit le conduire auprès de sa fille en Israël. Soudainement, un terroriste se fait exploser à trois mètres de lui. Vivant mais gravement atteint, il devra être amputé de la jambe droite.
Nous rentrons de manière fulgurante dans ce récit puisque, dès l'entame, nous plongeons au coeur du drame. L'auteur raconte avec force détails la première puis la seconde déflagration. Il décrit avec justesse, réalisme, sans rien cacher le moment où il a vu la mort en face. Nous sommes, ainsi, confrontés à l'horreur, l'insoutenable, l'abîme.
Qu'elles ont-été ces secondes durant lesquelles son existence a chaviré ? qu'a-t-il vu ? A quoi a-t-il été confronté ? Lui a-t-on porté assistance ? Comment et dans quel laps de temps a-t-il été évacué ?
La suite de l'ouvrage, échelonnée sur une assez longue période, est consacrée à sa reconstruction physique et psychologique.
Comment s'est-elle passée ? Y a-t-il eu de l'accablement, du renoncement ou au contraire une volonté d'aller de l'avant, de vivre tout simplement ? de quoi sera fait l'avenir ? Prenez votre courage à deux mains pour vous lancer, vous saurez !
Du jour J au 22 mars 2017, le narrateur nous embarque dans le quotidien qui est, malheureusement, le sien désormais. C'est en quelque sorte un journal de bord de sa vie durant un an. Douze mois de combats, de douleurs, de peines, de colères, d'espoirs, de doutes, d'envies, de rencontres, de projets.
Jour après jours, semaines après semaines, nous suivons la difficile bataille qu'il doit livrer pour espérer recouvrer le maximum de ses capacités physiques. Nous l'accompagnons dans le dur apprentissage du handicap et de ses contraintes. Il dépeint parfaitement les périodes opératoires, les séances harassantes de rééducation. Croyez-moi, par expérience personnelle, je sais de quoi je parle. Nous partageons ses victoires, ses échecs, ses attentes, son amertume.
Cet écrit est également un condensé d'humilité, de tolérance, d'absence de haine. Notre rescapé dénonce le déni des autorités belges face aux attentats, il parle d'abandon et du manque de considération des membres de son gouvernement durant cette tragédie mais, en parallèle, il appel à une non stigmatisation de la communauté musulmane, milite pour un rapprochement en rencontrant des jeunes issus de Molenbeek et propose des solutions pour une meilleure intégration, un mieux-vivre ensemble.
Les fanatiques de Zaventem avaient des bombes comme armes : lui, n'en a aucune. Il ne possède que sa plume pour nous expliquer pourquoi la vie vaut malgré tout de continuer.
La retranscription sur papier de cette ignominie est le moyen qu'il a trouvé pour s'exprimer, évacuer, ne pas tomber dans la dépression.
Certains passages évoquent ses relations amoureuses. Vu le contexte, c'est, selon moi, assez troublant.
Style et canevas simples. J'ai aimé mais en même temps il m'a manqué de la profondeur, un peu de chaleur, de l'émotion. Je n'ai pas été oppressée ni tourmentée comme ce a quoi je m'attendais. Il me reste un sentiment d'inachevé. Cet avis reste subjectif. Il n'est en aucun cas le seul à prendre en compte.
Pour conclure, je vous confirme que cet opus est effectivement intéressant à découvrir, poignant, mais il ne m'a pas émue, bouleversée comme a pu le faire celui de Monsieur Leiris. J'avais alors été plus sensible à son histoire, à sa façon de la mettre en scène. Sa prose m'était apparue plus élaborée, plus finie.
Vous avez, toutefois, ma plus grande considération Walter Benjamin ! J'ai admiré votre courage, votre abnégation et votre capacité de résilience. Je ne peux imaginer ce que ça peut-être de se retrouver dans cette situation. Tous mes voeux vous accompagnent.
A entreprendre ? Pour une fois, je vous laisse seul juge. Je ne peux me prononcer. Je précise seulement que ce livre-témoignage est destiné à celles ou ceux qui aiment les histoires vraies.
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