"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mise en bouche raffinée pour se mettre - ou comme moi, se remettre - à la BD.
Virginie Augustin m’a harponnée par sa mise en images très délicate pour un très grand nombre de grands dessins. Elle a su donner un tempo dans les dessins que j’ai apprécié. Elle navigue entre des séries de petits dessins (toujours de tailles différentes d’ailleurs) peu travaillés afin de faire avancer assez vite l’histoire, et d’autres dessins flash allant de la demie page à la page entière qu’elle a hyper travaillés. Jamais de lassitude dans le rythme du dessin, toujours un autre jeu de fond des illustrations.
L’histoire se joue au milieu du 19e siècle, dans une maison profondément aristocratique, mais qui regroupe un beau panel de domestiques hiérarchisés et largement assez intelligents pour se frotter à « Monsieur » et ses amis.
On vogue ainsi entre le monde d’Edouard l’aristo anglais et celui de Lisbeth la domestique typée de l’époque victorienne. Le premier , Monsieur » suit le mouvement général des congénères de sa classe, à savoir le changement de lieu selon les saisons et les occupations régulièrement rejouées : année après année sa classe sociale passe des saisons de chasses à courre avec leurs festivités, à celles des saisons parlementaires et de leurs bals masqués et autres spectacles maintenant la vie sociale. La seconde, Lisbeth, jeune recrue, qui va devoir apprendre ce qu’il est bon de savoir faire mais aussi bon de savoir dire ou pas. A travers elle on retrouve tous les travers de l’époque, entre naissances illégitimes, prostitution, la précocité de l’emploi de la plupart des domestiques, la densité de la population de Londres, le monde des crimes et délits, et et et l’émigration (qui faisait déjà parler d’elle).
Elle termine son livre par ce que j’ai réellement adoré, une trentaine de pages illustrées nous emportant dans un joli voyage dans le temps. Elle y relate tous les points essentiels pour comprendre l’époque, le lieu remis dans le contexte mondiale du moment, ainsi que les problèmes sociétaux afférents.
Toute la morale victorienne est ici relatée et dessinée avec cette aisance d’une dessinatrice qui a assimilé son sujet.
Pour moi zéro faute pour une BD.
Si vous connaissez “Le petit théâtre des opérations”, alors “Toujours prêtes” vous tend les bras.
Julien Hervieux alias L’odieux connard (ce n’est moi qui le dis, c’est lui !) opère depuis sa chaîne Youtube susmentionnée.
Avec énormément d’humour et de talent, il met à la portée de tous “les petites histoires de la grande Histoire”.
Ce format est également sorti en bandes dessinées avec l’intervention au dessin de Monsieur le Chien. Non pas le sien de chien, Le Chien le dessinateur. Bref, ici pour féminiser un peu le sujet, pourquoi la guerre ne serait-elle réservée qu’aux hommes, il s'est associé à Virginie Augustin pour nous brosser le portrait de sept femmes et d’une escadrille qui en avait. Ben oui, du courage, et on ne peut pas dire qu’elles en manquaient. Elles auraient même pu en revendre. Ainsi qu’une bonne dose d’inconscience en prime.
Si une de ces femmes, Marie Curie, fait partie de notre Panthéon, les autres devraient pouvoir y figurer également.
Mais qu'ont bien pu faire toutes ces femmes, de nationalités différentes, pour que des auteurs reviennent enfin sur leurs faits d’armes ?
Bien que dans le cas d’Octavie Delacour, ses charentaises, son panier en osier et ses douleurs aux genoux ne la prédestinaient pas à devenir une héroïne.
Que ce soit pendant la Première Guerre mondiale ou la Seconde, des femmes se sont engagées pour défendre leurs idéaux. Quel que soit leur camp, où elles n’étaient, pour le moins du monde, pas retranchées !
N’hésitant pas à agir, c’est plus facile quand on est armées jusqu’aux dents et ou armées de beaucoup d’intelligence, elles ont conjugué leurs exploits au féminin singulier ou pluriel et au féminisme.
Dans cet album signé Fluide Glacial, les auteurs ont retracé ces incroyables parcours en utilisant le ton et le trait de l’humour.
Mais cela ne doit pas nous faire oublier la véracité de ces engagements et le prix que certaines ont payé, au nom de leur liberté et de leurs idées.
Une très intéressante fiche documentaire accompagne chacun des récits pour mieux nous permettre d'appréhender ces incroyables parcours de vie (sans long fleuve tranquille).
Oui, les guerres sont également des histoires de femmes.
Lire la plume de Hubert sur une bio est une première, je découvre alors ce personnage explosif qu’elle soit Barbara, Tuffy ou Joe ! Une narration vive et entraînante à l’image de Joe qui mordait la vie à pleine dent et surtout de la manière dont elle le voulait.
Personnage complexe à la vie trépidante, j’imagine que la faire vivre en bulles ne dit pas chose facile.
J’ai adoré une nouvelle fois le crayon de Virginie Augustin. Un trait fin qui livre une belle galerie de personnage expressif et singulier, c’est dynamique et très beau, même sensuel aux moment opportuns. Elle offre une belle vie sur papier à Joe !
Une personnalité déroutante et quelque peu antipathique pour ma part, car si Tuffy était friandes de gourmandises frivoles à en être boulimique, son côté égoïste et tyrannique était plutôt contradictoire, et l’épisode sur l’île m’a quelque peu dérangé, mais c’est une malheureuse réalité.
Dernier point, étonnée au vue de l’époque de cette liberté dont même si l’aval n’était pas unanime, elle a pu être libre de ses choix et ne pas « être un garçon manqué, mais un garçon réussi »dans une société totalement intolérante sur les libertés sexuelles.
Au début il y eut Marion Barbara, née avec le 20e siècle. Cette espiègle et plutôt déterminée petite fille, ne répondait qu’exclusivement au surnom de Tuffy. Mais gênante pour sa mère et sa nouvelle famille, la jeune fille sera envoyée chez sa grand-mère aux Etats-Unis ou plus exactement dans une pension chic, réservée aux seules filles de sa condition, celles de bonne famille.
Ce qui aurait pu devenir une punition, va se révéler être l’entrée "d’une gourmande dans une pâtisserie" (merci Virginie pour cette jolie image). En effet, celle qui est encore Barbara va y trouver son bonheur et pouvoir affirmer son identité, celle d’aimer les femmes.
Devenue jeune femme et éprise de liberté, Marion apprend à conduire, ce qui lui permettra d’être ambulancière pendant la première guerre mondiale et de rencontrer la première de ses amours féminines.
Mais sa mère ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée de Sappho dans la vie de sa fille. Ceci marquera une rupture entre les deux femmes et la renaissance de Barbara sous le nom de Joe, une femme habillée telle une George Sand, et surtout agissant avec cette liberté, qui n’était acquise qu’aux hommes à cette époque.
Voici une vie, réelle, qui nous est relatée dans Joe la pirate, un des derniers albums scénarisés par le regretté Hubert et dessiné par Virginie Augustin.
Ma rencontre avec cette dernière m’a permis de voir prendre forme, sous mes yeux totalement conquis, une femme des plus insolites, déterminée à être libre et à pouvoir vivre sa sexualité telle qu’elle l’entendait, cela malgré une société tellement réticente.
Un parcours, qui pouvait choquer et a effectivement choqué les soi-disant bonnes mœurs, marqué par la vitesse, celle des bateaux, des avions et de la vie effrénée dont il faut profiter "parce qu’elle est trop courte pour s’ennuyer".
Un joli coup de cœur que cet album.
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